mercredi 31 décembre 2014
La TRANSE DU CHAT POÈTE du poète haïtien Bobby PAUL.
le chat poète entré en transe flotte
il vit la lumière qui rêve
à cheval vont les mystères
au milieu des secrets des fleurs
la main du temps s'ouvre
le souffle des senteurs répand la vie
et se libère du tiroir l'ombre de nos silences
Bobby
PAUL
Encore de l'ART MURAL parisien !
DANS LA GALERIE MARCHANDE UNDERGROUND DES HALLES
(FORUM DES HALLES)
le 20/10/2014
AVENUE JEAN- JAURES
(XIXe arrondissement de Paris)
le 22/10/2014
SUR CE , BONNES FÊTES DE FIN D’ANNÉE !
Photographies : Patricia Laranco
(Tous droits réservés/All rights reserved)
mardi 30 décembre 2014
Un texte très émouvant d'Umar TIMOL, sur les yeux de sa fille.
LES YEUX DE
MAARIYA.
J’ai beau prétendre être
auteur mais je n’ai pas, Maariya, les mots pour parler de tes yeux. Je sais,
certes, les autres mots, ceux fantasques ou éblouis, ceux que je manipule et
triture pour en faire des poèmes mais ces mots sont aujourd’hui superflus, inutiles.
Ces mots ne peuvent dire
l’essentiel.
Je veux, Maariya, ce
matin, parler de tes yeux mais j’en suis incapable. Il y a en moi le silence,
le plus vaste silence qui soit.
Je ne peux donc parler de
tes yeux.
Sauf pour te dire qu’ils
enracinent mon cœur dans les enclaves, toujours lumineuses, de la beauté et du
sens.
Je ne peux donc parler de
tes yeux.
Sauf pour te dire que
leur innocence est ce sacrement qui dénoue toutes les nuits.
Je ne peux donc parler de
tes yeux.
Sauf pour te dire que
l’amour qui en émane viendra, un jour, à bout de l’absence.
Je ne peux, Maariya,
parler de tes yeux.
Umar TIMOL
Les ÉPINES de Sylvaine DIET (France)
Autant d'épines
au sapin
Que d'années passées à sourire
A rire et mourir de chagrin
Apprendre à penser et à vivre
Les amours amitiés d'un jour
Sur les allées de la méprise
La tendresse du mot toujours
Les décisions trop vite prises
Les rides en chemin d'angoisse
Les matins légers de soleil
Tous ces sentiments que l'on froisse
Après l'amour ou au réveil
Des nuits privées de la douceur
Qui s'est enfuie on ne sait où
Un soir d'oubli des maux du cœur
Un soir à en devenir fou
A rire et mourir de chagrin
Apprendre à penser et à vivre
Les amours amitiés d'un jour
Sur les allées de la méprise
La tendresse du mot toujours
Les décisions trop vite prises
Les rides en chemin d'angoisse
Les matins légers de soleil
Tous ces sentiments que l'on froisse
Après l'amour ou au réveil
Des nuits privées de la douceur
Qui s'est enfuie on ne sait où
Un soir d'oubli des maux du cœur
Un soir à en devenir fou
Autant d'épines
au chagrin
Autant d'épines au matin
Autant d'épines au sapin
Autant d'épines au sapin
Sylvaine DIET
dimanche 28 décembre 2014
Quelques considérations...
La vie d’un être humain, c’est celle d’un funambule somnambule.
Il dort, pour ne surtout pas voir qu’il suit la ligne tendue et
quasiment sans épaisseur d’un fil que, seuls, les gouffres cernent.
Il dort pour que l’équilibre précaire de son corps ne lui soit
point révélé.
Il esquive ainsi le vertige et conserve, donc, toute son
assurance.
Il avance, mettant toute sa foi en ses pieds, ainsi qu’en le
long balancier perpendiculaire qu’il serre au creux de ses paumes.
Surtout, ne criez pas : vous risqueriez de briser toute
cette fragile magie !
Les
gens aiment les préjugés : ceux-ci ont la vertu de simplifier leur vision
du monde.
En
conséquence, c’est bec et ongles qu’ils s’y accrochent.
Les gens n’aiment pas réfléchir – parce que réfléchir leur fait
peur. Ils préfèrent, de beaucoup, adhérer et s’accrocher à des certitudes
toutes faites – même (souvent) rocambolesques plutôt que de regarder en pleine
face tout ce qui les gêne en le modèle et surtout, en eux.
Ils ont besoin d’espoir aveugle, de certitudes, de
prêt-à-penser, de talismans. Se convaincre –jusqu’à la moelle – de ce qui les
arrange n’est-il pas leur principal souci ?
En un sens, nous ne sommes tous qu’un troupeau de moutons fous
mais, bien sûr, à multiples délires.
Le
Temps est un concept qui rend compte du changement, de l’évolution que
subissent les choses. Toutes éclosent, pour, plus ou moins progressivement, se
dégrader, s’user, avancer vers leur propre autodestruction. Cela a-t-il un sens ?
Est-il
logique d’accéder à l’existence non pour suivre le chemin de la progression,
mais celui du fléchissement, et de l’amoindrissement, de la perte, jusqu’à ce
que disparition s’ensuive ?
Une
plaque de rouille, une poutre de bois vermoulue, une rose qui se flétrit, des
fissures qui apparaissent en plein milieu d’un pourtant solide mur, des pavés
boursouflés, disjoints ou des marches d’escalier creusées en leur centre et, le
long de leurs bord, gauchies…Des rides qui se mettent à sillonner le modelé
autrefois ferme, parfait d’un visage, des cheveux épais, bien fournis qui
dégarnissent pourtant des crânes au profit de misérables croissants dotés d’une
teinte de neige sale.
Nous
avons choisi d’appeler cela le Temps, mais ce n’est jamais là qu’un mot.
Non,
j’ose le dire, à mon très humble avis, le Temps ne passe pas. Ce sont les
choses, les êtres qui changent, se dégradent, trahissent, s’auto-trahissent ;
le Temps ne passe pas ; c’est le Chaos, plutôt, qui sape, qui met toujours
en échec la volonté d’ordre, d’équilibre, d’harmonie.
Le
« tissu » de l’espace cosmique est lui-même tiré, animé par un
mouvement d’expansion qui fait qu’à sa surface, tout bouge. Quoi d’étonnant,
donc, à ce que « le Temps » en fasse partie intégrante ?
La plupart des faits humains se résument à deux mots :
dominance, pouvoir.
L’éphémère
est peut-être dû à une indécision des choses. Les émaner pour les modifier
et/ou les annuler – en si peu de temps…N’est-ce pas, en quelque sorte, une
façon de les maintenir à l’état d’esquisse ; de les remettre en cause sans
répit, sous l’effet de quelque hésitation, de quelque doute ?
De
nous les faire apparaître pour ce qu’elles pourraient bien être, en dernier
ressort : de la poudre aux yeux ?
Certains êtres résident à l’intérieur de coques ou de carapaces :
les noix, les tortues, par exemple. Mais nous-autres sommes également équipés d’enveloppes.
Le matériau de nos coques et de nos carapaces à nous, parfaitement
transparent, parfaitement invisible à l’œil nu, c’est notre solitude.
La
lucidité est-elle une tentation – voire une tentative – de transpercer les
choses ?
N’essaierait-elle
pas, d’une certaine façon, de suppléer à la position de recul, à l’implacable distanciation
qu’instaure parmi nous l’intrusion de la conscience humaine ?
La
conscience, émanation de notre cerveau, produit et résultat de notre capacité à
réfléchir et à se réfléchir est, ne l’oublions pas, une forme de séparation,
une perte d’intimité avec les choses qui nous baignent (nous-mêmes compris) ;
en ce sens, elle aurait presque de quoi faire penser à une forme d’exil.
Car
elle – et elle seule – en arrive à se demander – à demander : « qu’est-ce
qu’ÊTRE ? » et, par conséquent, à essayer de sonder l’opacité repue,
perdue.
Être peut, semble-t-il, parfaitement se passer du sentiment d’être,
de ce qu’on nomme encore la conscience. Le contraire, en revanche, me parait
nettement moins envisageable.
Le
monde n’est, peut-être, qu’une gigantesque inconscience à laquelle nous
essayons de tendre un étrange et micro miroir.
Ressentirait-il
un besoin confus de dépasser le stade de l’être et de l’agir bruts, pour, en
quelque sorte, « s’auto-vérifier » ? Sait-il qu’il est ou, à
tout le moins, le sait-il de façon suffisante ?
La
réalité serait elle, d’un certain point de vue, en proie à une « crise »
de doute, d’incertitude ?
C’est notre cerveau – cet assemblage compliqué de neurones, d’axones,
de synapses, de glie, de circulations électrochimiques et tutti quanti – qui cherche
et fabrique du SENS.
Méfions-nous… méfions-nous, même de la logique…et des
mathématiques !
Méfions-nous même de l’ordinateur, qui n’est qu’une réplique
(incomplète et utilitaire) de notre bloc cérébral !
Car chercher et bâtir du sens à tout prix sont-il une démarche
indispensable, une démarche qui va de soi, à un niveau autre que celui de l’Homme ?
Une démarche vraiment indépendante de celle que suit notre fonctionnement
cérébral stricto sensu ?
Pour
savoir, pour s’assurer de façon certaine (hors de tout doute, pour autant que
cela s’avère possible) que nos découvertes, que nos questions, que nos modes de
réflexion sont réellement ceux qu’il faut suivre, sans doute nous faudrait-il
avoir la possibilité de les confronter avec ceux de civilisations « intelligentes »
mais non humaines. Car, depuis les découvertes d’Albert Einstein, nous savons
que tout obéit à la relativité.
Qu’attendent
(s’ils existent ou s’ils ne sont pas trop loin de nous) les extraterrestres ou
les extragalactiques pour se manifester ?
Nous
avons tellement besoin d’eux !
Pour le croyant, le fait d’être là relève de la volonté divine.
Pour le non-croyant, cela relève plutôt de l’aléatoire, du
hasard.
Pour l’adepte du multivers, notre présence ne fait que s’inscrire
dans l’une des indénombrables versions des possibles, des choses qui sont
réalisables.
Je ne me risquerai pas à prendre parti, ni à trancher. Qui et
que suis-je pour le faire ?
Si
tu prends conscience de ton caractère dérisoire ; de la dimension
inimaginablement parcellaire et limitée
qui est la tienne, tu te verras vraiment tel(le) que tu es : une
nanoparticule de l’immensité, de l’infini. Qui n’a guère plus d’importance que
tout le reste, que tout ce qui t’entoure (que tu le « comprennes » -
peut-être faussement et tout à fait partiellement ou que tu l’ignores).
Tu
« penses » ; tu as conscience de certaines réalités ; et
alors ?
Qu’est-ce,
à l’échelle totalement hors de ta portée du multivers ?
Tu
peux faire péter une planète (en l’occurrence, celle que tu habites), et alors ?
La
Voie lactée n’en a que faire.
Andromède
et les milliards de milliards de galaxies que tes télescopes te montrent (jusqu’aux
confins de l’horizon cosmique qui est le tien) s’en balancent complètement.
Et
tu oses penser, fantasmer on ne peut plus prétentieusement, que ton intelligence
aurait à voir avec celle de Dieu ?
Qui
t’autorise à disserter, à juger du rationnel et de l’irrationnel ? Hormis
toi-même ?
Aucune religion humaine ne s’approche d’assez près de ce qu’est
véritablement Dieu. Les façons de penser, de sentir, de « décréter »
Dieu ne sont et ne resteront jamais qu’affaire d’Homme.
Pour
moi, Dieu n’est pas amour.
Il
est bien plutôt une entité créative et créatrice d’univers (univers-bulles), en
fonction de tous les possibles. Peut-être, une fois chaque univers-bulle créé,
se repose-t-il, dans une large mesure, sur les jeux du hasard ? Peut-être,
au stade de chaque univers-bulle, « expérimente »-t-il, s’amuse-t-il ?
Il est fou.
Mais parfois, il dit la vérité.
Je
crois en la question.
Et
je crois dans le doute.
Connaitre quelqu’un…il n’est rien de plus malaisé.
Alors, quelle prétention, quels tombereaux d’arrogance que ceux
qui mènent à juger, d’une manière en général abrupte, le caractère des gens !
Même si cela, au fond, n’a pour toute fonction que celle de rassurer.
On
a du mal à parvenir à se connaitre vraiment soi-même, et à côté de ça, on
prétend comprendre la manière dont fonctionnent les autres. On les juge – et en
général de façon assez expéditive, superficielle sinon sévère alors même que l’on
est soi-même hautement incapable de s’étudier, de voir ce qui cloche chez nous.
Est-ce juste ?
Dès lors qu’ils « flairent », chez d’autres êtres, une
certaine part, un certain degré de vulnérabilité et/ou de détresse, un nombre
assez considérable d’individus se sentent autorisés à les agresser, à s’acharner
dessus à essayer de les détruire psychologiquement, à les harceler – que sais-je
encore, en bref à leur mener la vie dure. Ils ont trouvé là une beaucoup trop
tentante occasion de se défouler, de démontrer qu’ils se situent bien dans le
camp des « dominants », qu’ils sont des « forts ».
Non seulement c’est méprisable, lâche, dégueulasse, mais
profondément animal, digne en tout et pour tout d’une troupe de chimpanzés ou
de babouins.
P.
Laranco.
samedi 27 décembre 2014
A DRAWING from Patricia LARANCO : THE PEACOCK (in 2 versions).
LE PAON.
Dessin au stylo-bille noir, au stylo-bille à 4 couleurs
et aux crayons de couleur
sur papier à petits carreaux.
Dessin originel et photographies : Patricia Laranco
(Tous droits réservés/All rights reserved)
jeudi 25 décembre 2014
Alain MINOD (France).
LA
FÉE QUI MENT ET LA MUSE QUI RAISONNE
Largement
démusé par la fée sans raison
Je
l'empage au musée cette femme sans âge
Elle
traîne en fiction qui n'est plus de saison
Ma
bien pauvre passion et je rougis de rage
Si
tant est qu'en sommeil mon désir de vertu
Brandit
rose en éveil –qui est fleur qui travaille
A
me tenir debout avec mes vers qui tuent
Tout
ce qui met à bout Misère qui saille ?
Est
tout ressentiment : triste fée qui ne lie
Tant
de pauvres amants qu'avec les mots qui mentent
Elle
qui les salit tous les plaisirs des songes
Et
la plonge en la lie cette jouissance au lit
Mais
je serai passeur menant langue qui chante
Avec
muse-sœur contre les maux qui rongent
La
grâce avec raison associe pauvreté
A un
grand horizon pour celui qui se lève
Au
souffle du vent remuant la beauté
Même
avec mots d'avant tenant d'arbre la sève
Toujours
elle fleurit l'âme de nos chansons
Elle
peut avoir ri dessous notre fontaine …
Oui !
Notre sécession d'avec nos vieilles chaînes
Ira
faire scansion de ses pures leçons
Coulez
ô Grandes eaux au travers l'insomnie !
Lavez
les si vieux os de tant de nos poèmes
En
pénétrant leur chair en un verbe résistant
Si
vraiment nous sont chers nos rêves en nos nids
D'une
vraie muse armée nous ferons que s'essaime
En
musiques aimées la paix contre barbares temps
Alain MINOD.
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