mardi 7 mai 2024

Cinéma indien : Un article du journaliste mauricien Sedley ASSONNE au sujet de la cinéaste Kiran RAO.

 



Kiran RAO, cinéaste de génie.






Kiran Rao n’a réalisé que deux films, Dhobi Ghat et Laapataa Ladies. Et déjà, elle laisse une empreinte incroyable sur la pellicule du cinéma indien. Qu’on se dise qu’il s’est passé douze ans entre Dhobi ghat et Laapataa ladies, et pourtant le temps n’a en rien entamé le talent de cette cinéaste, aux origines télougous.
Séparée d’Aamir Khan, qu’elle avait rencontré sur le tournage de Lagaan , où elle faisait ses premiers pas derrière la caméra comme assistante de Ashutosh Gowariker, Kiran construit peu à peu son univers cinématographique. Avec un vrai penchant pour les petites gens. Et à mesure qu’elle tisse son canevas cinématographique, nous avons trouvé des « fils » qui relient ses deux films.
Dans Dhobi Ghat et Laapataa ladies, il y a un chat dans le décor. Dans l’appartement où habite le personnage incarné par Aamir Khan, il y a un chat dans le couloir. Tout comme il y en a un autre chez la marchande qui recueille Phool dans Laapataa ladies. Kiran Rao aime donc les chats ? Sûrement. Car, autrement cet animal n’aurait pas figuré dans ses deux films.
Elle aime aussi les petites gens. Ceux qui viennent de cette Inde dont on ne parle jamais. Dans Dhobi ghat, elle s’attardait justement sur les dhobis, qui lavent les vêtements des riches. Et avait donné un fort beau rôle à Prateik Patil, le fils de l’illustre Smita Patil. Dans Laapataa ladies, elle fait encore appel à des acteurs inconnus, dont le jeu innocent irradie le film.
Elle met toujours la condition féminine au centre de ses films. Et donne la chance aux femmes, comme aux jeunes filles, de parler de leur détresse, de leur solitude, de leurs envies. Dans Dhobi Ghat, c’est une plasticienne et une photographe qui sont en quête d’amour. Alors que dans Laapataa ladies, deux jeunes filles veulent enlever le voile qui bloque leur vue du monde. Et si on l’oublie, c’est bien celle qui ne parle pas, et qui sait dessiner, qui permet à Phool de retrouver son Deepak.
Kiran Rao fait, en fait, un cinéma qui ne correspond pas aux critères Bollywoodiens. Ses personnages lui ressemblent. Pas de glamour, mais un naturel confondant qui séduit. Son travail continue ce qui se faisait au temps de gloire du « parallel cinema », dont les têtes d’affiche étaient Smita Patil, Shabana Azmi, Aparna Sen, Nasseerudin Shah, Om Puri, et les créateurs Govind Nihalani, Shyam Benegal, Satyajit Ray, entre autres.
Et elle a la chance d’être soutenue par Aamir Khan. Et bien que séparés, ils montrent toujours la même harmonie dans leurs relations. Au nom de Azad Rao Khan, leur fils. Déjà dans sa vie maritale, elle prend à contre-pied cette Inde nationaliste qui veut gommer sa part musulmane. Femme moderne à tous points de vue, Kiran Rao apporte indéniablement une bouffée d’air frais au cinéma indien. Elle sait prendre son temps pour mettre en place son univers. Et les douze ans qui se sont écoulés entre Dhobi Ghat et Laapataa ladies démontrent qu'elle sait utiliser ses méninges à bon escient.
Karan Johar fut le premier à exhorter tout Bollywood à aller voir Laapataa ladies. Voici ce qu’il écrivit : "I can say with complete assurance that at the end of 2024 when we look back at the year this gem of a gorgeous film will be hailed as one of the best films of the year. Kiran Rao directs this soulful and stirring satire with the ease of a bonafide veteran. Addressing potent issues with humour, oodles of charm and superlative performances Laapataa Ladies made me smile, laugh, tear up and then applaud the mastery of the filmmaker and writers of the film !!! Drop everything you're doing this weekend and watch this ovation worthy film ! Congratulations to the entire ensemble of actors... the solid technicians... The brilliant writing team and Kiran Rao for giving us a gift of a film ! and props to Aamir Khan Productions for always raising the cinematic bar with excellence."
Dans le monde machiste de Bollywood, la présence et la filmographie de Kiran Rao réconfortent !








Sedley ASSONNE.









































Crédit : Sedley ASSONNE.




























Et nous accueillons aujourd'hui un nouveau venu sur LARENCORE, l'excellent poète français Patrick BERTA FORGAS.

 









Nos âmes se retrouveront
au cercle du bel esprit.



Celui qui couronne
le monde des fragiles
périphéries.



Abandonnées mais solidaires
qui nourrissaient le nid
pourtant
d'une humaine convention.



L'idéal s'est dilué
au sein des cités mangeuses
de rêves.






















Patrick BERTA FORGAS.
Mai 2024.

















































©











Le triste constat de François TEYSSANDIER (France).

 











Tu as écrit tant de mots
Pour quelques cris presque inaudibles



Qui n'ont troublé qu'un bref instant
Le silence des puits et des étoiles



Avec des livres d'argile et de pierre
Tu as cru façonner un monde nouveau



Mais l'herbe sous tes pas se recouvre
Sans cesse de sang et de cendres.











































François TEYSSANDIER.



























lundi 6 mai 2024

Christian PRESENT (Martinique).

 









Un peu de flamme
Un peu de flegme
Un peu d'amour
Et on barricade la frontière.
Je t'aime petite folie
Je hais notre lie
Nuages sur piédestal
Le temps d'un récital
Être heureux n'a rien de vénal.
Je vis et j'ai vécu
Le diable au corps
Le paradis dans sa gueule
On s'enivre et on se tait.
Silence d'une femme aimante
Trébuchante pensée insatiable
Le temps défile pour un rien
Je ne suis plus son larbin.
Oh femme de mes nuits !
Hante notre destin qui n'existe pas !
Poète avant l'aube
J'ai fauché la rime boiteuse
Prose du crépuscule
J'affronte la foule qui bouscule.












Texte & œuvre picturale : Christian PRESENT.



















L'injonction d'ascension de Patricia LARANCO (Moris/France).

 









Promène-toi dans les mots
comme en des nuages...
grimpe leurs escaliers
jusqu'aux voûtes du ciel,
jusqu'à un oppidum
aux créneaux ouateux
où ta chair deviendra
le mirage
qu'elle est;
ne regarde plus des intrus dans tes miroirs,
des étrangers qui, à l'infini, se répliquent,
monte les marches aux airs de chaussées de géants
qui n'ont d'autre substance que
leur propre rêve...
et tant pis si elles sont en colimaçon,
elles te conduiront
là où battra ton cœur.























Patricia Laranco.



















dimanche 5 mai 2024

Poésie malgache : le HAINTENY, vu et expliqué par le poète tananarivien Rufin RANDRIANARIVELO.

 



Le hainteny : c'est un genre de poésie typiquement malagasy. Les séquences d'images fermées et/ou ouvertes y sont bien fignolées artistiquement de façon à transmettre tel ou tel message. Ce genre de poésie n'est ni tellement du symbolisme ni tellement du surréalisme.
On conçoit bien les séquences d'images mais ce qui est derrière elles demeure parfois caché. C'est comme un noix de coco. Il faut le casser en deux pour pouvoir savourer son vrai goût.
Parfois lorsque les séquences d'images différentes les unes des autres défilent devant les "yeux du cœur", le mystère merveilleux du caché s'offre à vos yeux.



A titre d'illustration, voici un hainteny.
Mesures 2/4/7
Notons encore que la poésie y est à la fois musique du verbe et peinture avec des mots.


Fais comme l'arbre
Planté au cœur
Du Village-de-confiance :
Ses fruits
Sont les fruits de la patience
Ses feuilles sont
Les belles feuilles
Flexibles
De la haute tolérance.


Ainsi, aie de la patience
Face au mal que
Les autres t'infligeront.


Et sache aussi
Attendre
Les biens qui te reviendront.
Et sache aussi
Te retourner dans le lit
Si tu te sens épuisé.
Mets-toi debout
Si tes deux jambes
Se sont aussi engourdies.


Et va te mettre à l'abri
Si la pluie te surprend.
Réchauffe - toi
Bien au soleil
Si tu es transi de froid.


Seulement sache
Que seule la natte peut
Se plier sans se casser.






RANDRIANARIVELO Rufin.