vendredi 2 août 2019

Des considérations en vrac...



Les penseurs ne doivent jamais oublier que leur pensée est relative, partielle, provisoire par essence. Qu’elle n’est, au grand maximum, qu’un tâtonnement dans la nuit. Que, seule, l’incertitude paie.






C’est notre mémoire qui « fabrique » le passé. C’est notre faculté d’anticipation qui « fabrique » l’avenir.
Les objets des sens se meuvent au milieu des sens. (*)


(*) Paraphrase de la Baghavad-Gitâ :
« Les sens se meuvent au milieu
des objets des sens ».








Nous vivons dans un sas. Qu’on nomme le présent. Un sas précaire et éternel, qui fait la jonction entre le passé et ce qui vient.





On n’est jamais qu’un incomplet, à qui il manque son avenir. Rien qu’une version temporaire.






Quelle sorte d’animal est l’Homme ?
Pas assez lucide pour, véritablement, penser, ce qui s’appelle « penser ». Pas assez aveugle pour n’obéir, à l’instar de ses ancêtres, qu’à son instinct, seul susceptible de lui imposer des limites.
A mi-chemin entre l’animal, le vivant et une condition autre, peut-être nouvelle.
Soumis, en quelque sorte, aux impératifs d’un « décollage » grandement incomplet.
Raté de l’animalité. Raté du supra-animal.
Être intermédiaire, risquant de faire voler en éclats la planète.
Être aspirant, de toute son âme, à s’extraire de ses limites, mais ne le pouvant point.





L’insécurité des femmes, la difficulté qu’elles ont à se défendre toutes seules en cas d’agression physique (liée à leur moindre force musculaire, ainsi qu’à la vulnérabilité de leur progéniture, du moins dans ses premières années) est à la racine du mépris que leur vouent plus ou moins consciemment et explicitement, les garçons et les hommes.
L’inégalité sociétale entre les deux « moitiés du monde » est intimement liée à la violence – peut-être plus intimement  encore qu’elle ne l’est à la sexualité.
Le jour où, selon le souhait de Gandhi, l’espèce humaine se délivrera mentalement de son fameux « monde de brutes », on pourra vraiment prétendre qu’elle aura quelque peu évolué, qu’elle se sera quelque peu « spiritualisée ».





Etant donné que la perfection morale n’existe, chez l’Homme, pas davantage que la perfection physique, nous prêterons toujours le flanc à la critique, quoi que nous fassions et quelque soit notre façon d’être, notre « complexion » mentale. Pour quelles raisons ne sommes-nous pas capables, même à l’âge adulte, de renoncer au besoin d’idéalisation naïve d’autres êtres humains ?
Enfants, nous avons intensément idéalisé nos parents (mère d’abord, puis père ensuite). Nous refusions de prendre en compte, d’intégrer – de voir, même – qu’ils étaient des êtres incomplets et faillibles (et quoi de plus normal ?). C’est donc à se demander si nous devenons jamais adultes.





Entretenir les gens dans l’idée, dans la conviction qu’ils sont « égaux » et qu’ils  peuvent tous prétendre aux mêmes réalisations et objectifs ne va pas sans effet pervers : tout don, toute aptitude précoce, tout talent « spontané » quelconque ayant l’audace de se distinguer, de « sortir du rang » peut, dans un tel cas,  apparaître comme illicite et donc, devenir (presque légitimement) la cible de fixations jalouses incandescentes, dénonciatrices, persécutrices dans certains cas. Au nom de l’ « égalité » mais aussi au nom de l’individualisme nombriliste, tout le monde se doit de rester « moyen » et les classes dominantes elles-mêmes, sachant qu’elles ne peuvent étaler leurs « fastes » sans courir le risque de se mettre bon nombre de personnes à dos, prennent bien soin de maintenir, avec les masses « mainstream » qu’elles gouvernent, une distance en nombre de points comparable à celle qui existait dans les vieilles sociétés de castes (ce qui est pour le moins paradoxal). Dans ces sociétés à vocation égalitaire ou pseudo-telles, la mimésis fonctionne à plein et, en conséquence,  les tensions interindividuelles sont nombreuses, à vif.





Pendant longtemps, maints comportements humains (chez moi y compris) me décevaient, me perturbaient, me mettaient en colère, voire me plongeaient dans un état de nette désolation.
A l’heure qu’il est, parvenue où j’en suis, ils me font plutôt éclater de rire.
Est-ce cela, la « philosophie » ?





Tu dis : « à mon âge », « au point où j’en suis », ou encore « parvenu(e) où j’en suis ». Mais où en es-tu, dans les faits ? Toujours au milieu de nulle part.
Où tu ne t’es qu’à peine trouvé(e).





Le pourvoir et le prestige grisent l’Homme, car ils répondent à ses besoins mégalomaniaques. Lesquels sont eux-mêmes le résultat de sa PEUR et de son sentiment (profond et inavouable) de fragilité.
Quel pharaon ou quel César, quel puissant « pater familias » n’a pas été un jour un jeune enfant dépendant en tous points de l’assistance des autres, un être confronté à l’immensité d’une nuit d’été fourmillante d’étoiles ou un individu tourmenté par sa propre finitude par la présence du Temps et de l’entropie ?





Cendres de gloire ou cendres-riens, ce ne sont jamais que…des cendres.





Tout n’existe jamais qu’en nous.





Nous sommes les otages, les esclaves de nos perceptions. Nous projetons sans cesse nos propres ressentis sur les choses du monde.





C’est drôle, les jaloux me font penser à des taons, ou à des moustiques. Tout ce qu’ils/elles savent, c’est harceler.
Et qu’on ne vienne pas me parler de « pervers narcissiques ». L’envie, le dépit, l’ « amour-propre » ne sont pas des maladies. Ils existent, chez l’Homme, que je sache, depuis son apparition. Les médecins et les psys, de nos jours, pathologisent tout ; c’est la marotte du siècle. Outre que cela sert, à l’évidence, leurs intérêts d’ordre financier, cela leur donne de l’importance, cela les rend omniprésents, incontournables (ce qui, en termes de prestige, n’est pas rien).





Si l’Homme doit disparaître, je crois qu’il le fera par le fait de l’une des rares choses qu’il ne semble pas être en mesure de contrôler, de vaincre : son égoïsme.





Je n’ai aucune solution.
Je n’ai aucune « théorie ».
Comment le pourrais-je quand le monde ne cesse de m’étonner et quand je ne cesse de m’étonner (si ce n’est de m’émerveiller) de mon propre non-savoir ?
Si je couche ici et là des mots, ils ne sont rien que des ébauches, de timides esquisses, des tentatives éparses. Des questions plus ou moins informes.
De toutes façons, je trouve que toute certitude ancrée est bien présomptueuse.





Qu’est-ce qu’une démocratie qui repose sur le pouvoir de l’argent ?
Affranchit-elle vraiment l’humanité de la loi du plus fort ? Et, surtout, donne-t-elle la prospérité (ou, à tout le moins, le minimum vital)  à l’ensemble du genre humain ?
Comme moi, vous savez la réponse.






De bonnes âmes disent, répètent : « la colère, ce n’est pas beau ; c’est une émotion négative, potentiellement destructrice, et encore plus si elle s’exprime ». Mais ils oublient que la colère est aussi une réaction. Une réaction qui survient lorsque les êtres sont poussés à bout.
Il y a toujours (si j’ose dire) quelque(s) raison(s) à la colère. Il est très rare que cette dernière surgisse de but en blanc, de nulle part, de rien. Aussi condamner la colère pour ce qu’elle est, pour sa simple nature me paraît un peu court. La colère n’est jamais que le symptôme d’un ressenti de mal-être, d’injustice criante, de blocage.
Beaucoup ont intérêt à se focaliser – et à focaliser les autres – sur la colère et ses manifestations, afin de mieux les stigmatiser. En passant soigneusement (par inconscience ? Par mauvaise foi ? Par astuce ?) ses causes, ses origines sous silence.
Oui, la colère et ses effets spontanés, classiques « agressent », et c’est tout ce que ces gens-là en retiennent. C’est une émotion forte, qui suscite, en face d’elle, d’autres émotions fortes.
Cependant, que dire lorsqu’on l’accule à être le dernier recours ?...Quand elle en vient à devenir l’expression ultime autant que désespérée ? Quand seuls ses cris peuvent se trouver en mesure d’atteindre, de lacérer un tant soit peu la surdité, le silence, l’ampleur de l’indifférence égoïste ?





La confrontation à l’autre est toujours une forme de surprise, la source d’une certaine remise en cause de soi. C’est, d’ailleurs, ce qui explique que les humains aiment se regrouper « par affinités ». Dans le « miroir » que leur tend n’importe lequel de leurs congénères, de leurs « semblables-autres » dès le moment où se fait la rencontre, ils sont rassurés s’ils peuvent entrevoir quelque chose de leur propre reflet.
Pourtant, à côté de cela, ils peuvent également apprécier les marques de différence. Par effet de contraste, elles leur apprennent, « en creux », ce qu’ils sont et ce qu’ils ne sont pas ; ce qu’ils « ont » et ce qu’ils n’ « auront » jamais. Ils vivent, ainsi, l’altérité dans un mélange d’agacement et de sensation d’y voir légèrement plus clair sur eux-mêmes.





Le besoin de donner aux autres et de recevoir d’eux de l’amour est, en un certain sens, le grand drame des femmes.
Par conditionnement social et sans doute également en raison d’un fond lié à leur constitution biologique (il semblerait, par exemple, qu’elles se trouvent dotées de davantage de neurones-miroirs que les hommes, ce qui les prédisposerait à une empathie légèrement plus développée), elles ont une telle peur de déplaire et de s’aliéner la possibilité de créer et de maintenir des liens sociaux forts, intenses qu’elles s’autocensurent et, bon gré, mal gré, bien souvent sans même s’en rendre compte, endossent les stéréotypes que la société leur réserve et y collent au plus près : manières douces, patience, réserve, esprit de conciliation, coquetterie, esprit de rivalité avec leurs consœurs, moindre ambition, désir d’enfant, et tutti quanti.





Une société qui, avec raison, reconnait les droits de l’individu (et, en premier lieu, son droit à être pleinement lui-même) doit-elle, pour autant, automatiquement et impérativement déboucher sur un auto-centrisme et sur un narcissisme aussi poussés, aussi exagérés que ceux qui touchent, en ce moment même, les sociétés qui ont la « modernité » pour mode de vie ?





Rares ceux/celles qui se posent la question « vaux-je la peine d’être vécu(e) ? » sans prendre le risque de se voir catalogué(e)s comme « dépressif », voire atteint d’une quelconque maladie mentale. Et pourtant…Et si cette question était, de toutes celles qu’on peut se poser, en fait l’une des plus importantes ?





Les élites ont toujours été persuadées de tirer le reste de leur société « vers le haut » et d’être les représentantes des modes de vie les meilleurs, les plus souhaitables qu’il soit possible. Ce sont elles qui imposent les modèles, les idéaux de vie, en dépit de leur nombre très minoritaire.
Comme elles détiennent le pouvoir, l’opulence maximale et tout ce qui peut aller avec, elles convainquent aisément ceux qu’elles dirigent et dominent de les imiter (du moins, dans les sociétés « ouvertes », fondées sur les principes (les supercheries ?) de liberté et d’égalité des chances entre tous).
L’ « intégration », au fond, c’est, toujours, un « truc » qui se fait par le haut.
Et rien, en définitive, n’étonne plus les gens des élites que de s’entendre dire « moi ? Je n’ai aucune envie de vous ressembler. ».
Pour eux, missions dominatrice et civilisatrice vont de pair.





Un phénomène ou un état de fait n’est jamais là de but en blanc. Même quand il semble « surgir de nulle part », il est le résultat d’un processus. Pour le comprendre (ou, au moins, essayer), il faut toujours remonter à sa (ou ses) source(s). Même si nous sommes, d’un certain point de vue, enfermés dans le présent, dans l’ « éternel présent », celui-ci bouge.





Je ne veux pas paraître cruelle, mais il est parfois franchement amusant de voir à quel point, lorsqu’on bouscule un tant soit peu leurs idées reçues et les stéréotypes qu’ils ont intériorisés du fait de leur éducation, les gens peuvent sembler ébranlés, abasourdis et incrédules. Même lorsqu’ils sont « cultivés », a priori capable de prendre du recul.





A l’image des individus, TOUTES les cultures humaines possèdent leur part d’ombre et de lumière. Elles baignent dans le clair-obscur et sont capables du meilleur comme du pire.





Avec l’âge et sans doute aussi du fait de cette sorte de « boulimie » d’apprendre et de comprendre autant que je le peux dont je souffre et ais de tout temps plus ou moins souffert, j’ai vu et appris et réalisé (ne serait-ce que partiellement) tant de choses que je ne comprends plus rien à rien et que, donc, plus rien ne m’étonne, surtout pour ce qui est des affaires humaines.















P. Laranco.



















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