dimanche 24 septembre 2023

Sylvestre LE BON (Moris).

 

 







GRISAILLE.

 

 

 

 

Épargnez-moi la grisaille

Elle ne s’accommode pas aux reliefs

Imprécis qui ponctuent la clameur des vagues

Et aiguisent les chants des cormorans 

 

 

Cette terre

Murée dans le treillis

Des vents lointains

A le tempérament en feu

Elle ne s’accommode que du bleu pur

De l'azur qui pelote les reliefs des monts

Et confond le bruissement des palmes



Elle a la passivité, cette terre

De cette vierge qui palpite de désir

Au souffle chaud de la nuit

Sa frimousse est un éventaire

Où s'accouplent les refrains lascifs

Du jour



Car sur cette terre

La grisaille est toujours menaçante

Elle est dans l'urgence de la colère

Bleu du ciel qui se fond en giboulée

Dans les rigoles du malheur

Et le vent qui s'abat

Est ivre du chant paresseux

Des tourterelles



Non, elle n'a pas, cette grisaille

La volupté passive des filles nubiles

Sa robe ne relie pas la rose des vents

Et le ponant ne tisse

Dans son immobilité la literie

Où errent les astres songeurs

De la nuit

 

 

 Épargnez-moi la grisaille

Car sur cette terre, la mienne

Des cocotiers et des flamboyants

Se disputent le ciel

Et sur l'humus suivant

Les pluies tropicales

Le paysage qui glisse a le sourire

D'une vierge assouvie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sylvestre LE BON. 

In Le rôdeur de l'exil, Les impliqués éditeur, 2023. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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