mardi 7 novembre 2023

Un poème engagé de Richard TAILLEFER (France).

 

 

 

Mon cœur est un bazar sans index

 

Sur leur lit de fatigue ils guettent le chant du coq

Insondable la profondeur des âmes

Mais mon cœur n'est ni de bois ni de pierre

 

Sur chaque bourg

S’estompent de lentes fumées

Et les chiens vont jappant dans les rues désertes

 

Encore un jour qui se lève

 

Je pense à ceux que j'aime

Et à tous ceux qui ont perdu

L’essence même d'exister

 

Si dur est le sort des gens

Dont les noms ne sont plus

Que de simples numéros de détresse

Sur des registres anonymes

 

On a fait lever le mendiant de son banc square des Abbesses

On a battu l'enfant abandonné dans un bidonville de Kolkata

 

L’orage tombera sur un monde indifférent au monde

 

Oh cruelles douleurs

Où tout et tous se dérobent

On déplore le voleur de grand chemin

Le corsaire des mers abordant le passant

Sur les anciennes routes des voies de la soie

Le pickpocket du métro Barbès – Rochechouart

 

On baisse les yeux

Sur les lèvres de toutes les prostituées

 

Mais qui sont les monstres ?

 

Mon cœur n'est plus

Qu’une immense blessure insondable

Le verdict détourné d'un absurde tribunal de pacotille

 

Dans mon lupanar des illusions perdues

Ne trouveront jamais place :

Vos salles boursières

Vos comptoirs de banques masqués

Vos guichets incongrus

Vos ventes aux enchères de la misère

 

Mon cœur est un bazar sans index

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Richard TAILLEFER.

In Les invisibles  (inédit).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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