vendredi 11 juillet 2025

Un texte de Patricia LARANCO, L' EQUARISSEMENT DE TOUT UN CIEL.

 




Lignes nettes sous la lumière bucolique. Ici, tout semble doublé, rehaussé d'une espèce d'aura verte ; aussi paisible et aussi lisse que la surface d'un étang calme. Quand on vient de la ville, on est étonné par la fluidité, la douceur de cet éclat.

Partout, même à l'intérieur de bâtiments publics sans âme comme les établissements scolaires, il glisse sur chaque surface, caresse chaque volume et sa vue apaise les rétines et le coeur. Serait-ce ici qu'on retrouverait l'abri, l'abri fondamental ? Serait-ce ici que l'on renouerait avec les couleurs de l'innocence première, basique ? Avec cette sorte de paix foetale, limpide, immobile, radieuse qui sous-tend et précède tout ?


*


L'innocence des forêts.

L'épée de la lumière.

L'écoulement de la lumière, en douces larmes un peu charnues.

Et puis l'élargissement...l'élargissement si vaste !

L'élargissement, l'équarissement de tout un ciel. L'épée de la lumière, posée sur l'épaule du Temps. Sur la respiration des brins d'herbe qui soufflent, sifflent.

La lumière et l'air, réunis en un seul souffle.

Les espoirs, fabriqués avec la main du vent. Contenus, en perles d'ambre, dans la lumière.

Tout commence là, à rase-pentes, le long de l'orée des bois. Sur le tapis volant de cette orée herbue. Sur ce seuil. Qui pourrait aussi être promesse.

L'ouverture est également un engouffrement. L'un ne va pas sans l'autre.

Tout devient - forcément - immensément léger.

Les nuages blancs en forme de cocottes en papier se ruent. On les jette et, heureux, ils embrochent tout ce qu'ils trouvent. Telles des éclaboussures, ils se jettent en piqué, tout bec pointu dehors, sur les corps qui, en bas, vaquent entre chants d'anges et trouées de bleu perçant.


*


Par les routes et par les chemins, j'entends un murmure grandir.

Corps et ombres ont scrupule à être. Alors, ça chuchote. A tout-va.

L'espace court se perdre au fin fond de la baie. Le bleu cisaille la montagne-à-bouche-ouverte.

Jamais les nuages n'ont eu un tel tranchant. Jamais le murmure ne fut aussi mousseux.

Il frétille, grésille ainsi qu'écume sur sable. Ensuite, il entonne une espèce de gargouillis. Les rêves ont haut levés leurs mégalithes bruts.

Plus rien n'arrête la faïence du ciel.


*


L'âpre profondeur de l'espace efface tout. Dans un unique et incandescent trait de gomme. Le regard laisse le lointain à ses secrets. Il ne fait pas le poids devant cette béance. Marine, mais en même temps tellement peu marine. Solaire mais en même temps au-delà du soleil. Effacée mais, en même temps, si obsédante.

L'horizon est ligne qui confine à l'abstrait.

Et voilà que tous les points s'enfournent en elle.


*


Tous les points participent à la même ruée. Qui les enferme en la même ligne de fuite. Qui les aspire pour les rendre à l'horizon. A l'incertaine et immense confusion floue.

Laquelle les régénèrera. Sans crier gare.









Patricia Laranco.

2024.
















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