Ce n'est pas dans cette lumière que je trouverai les mots. Elle est
paresseuse et peine à dénuder les ombres; elle n'apporte aucune nuance à ce
paysage trop familier et l'intime ne permet pas l'imaginaire et l'écrit.
Tu le sais: il faut l'inconnu et le mystère pour faire le récit du jour.
Et, dans ce jardin frappé par le soleil et le silence, je connais la moindre
fleur, éclose ou fanée, la moindre feuille morte tournoyant sur elle-même, la
moindre tige, nue et impudique, comme pour choquer
les bigotes et les bonnes mœurs, et aussi, le moindre caillou, la moindre
poussière et même le moins que rien.
Alors, il est inutile d'avoir, ce soir, la tentation de l'écrit. Et ces
mots ne sont pas les miens. C'est la mort qui me les glisse sur l'échine de
l'esprit; c'est la fin du monde qui est advenue qui m'en a fait le don; c'est
le temps à l'agonie qui me les livre à même la page blanche pour m'amener à sa
lisière et me dire que tu n'es plus là.
Oui, tu n'es plus là.
Au fond, il ne s'agit que de cela. Il importe peu la lumière, le jardin ou
la mort. Et je ne cherche plus vraiment les mots. À quoi bon.
Je t'aime, et tu n'es plus là.
Gillian GENEVIÈVE.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire