samedi 11 décembre 2021

Lecture (littérature mauricienne) : Jeanne GERVAL AROUFF, "EN CONFINEMENT", autoédition, 2021.

 

 

 

 



 


 

Étonnante Jeanne GERVAL AROUFF !

Le deuxième recueil de textes et d’œuvres d’art plastique qu’elle vient de sortir cette année, en autoédition, nous fait vivre la version d’un confinement sanitaire tel que peut l’expérimenter une artiste pluridisciplinaire, infiniment créative, mue, à l’évidence, par la passion de créer, qui veut entremêler toutes les formes de vécu et d’expérience artistiques.

Mais tout espace créatif n’est-il pas espace de confinement – et aussi, de confins ? – où l’on cherche à exorciser le mal en en appelant aux signes et symboles ?

Tout inspire Jeanne GERVAL AROUFF et elle le prouve, une fois de plus, dans cet ouvrage qui compte 132 pages, préfacées par la poétesse franco-roumaine Dana SHISHMANIAN et où, loin de s’en tenir à la « magie du verbe » stricto sensu, elle tente de faire parler objets, formes, éclairages, couleurs, en extirpant leur âme, leur vibration, du moins ainsi qu’elle la reçoit.

Bien entendu, ses références spirituelles (notamment chrétiennes, hindoues et panthéistes, voire « animistes ») sont omniprésentes, de même que celles à l’île-point, […] terre la plus indienne d’Afrique pourtant marquée aussi par le poids du christianisme, l’Île Maurice dans laquelle elle baigne corps et âme, de toutes ses fibres et dont elle célèbre également les grandes gloires littéraires, telles Malcolm de CHAZAL et Edouard MAUNICK.

Nous nous « promenons » dans ce livre un peu comme dans une galerie d’art où tous les éléments de la trame terrestre se trouvent sollicités : pierre, bois, métaux, lumière, empreintes…Un véritable « déconfinement » intérieur, qui mène au plus loin de l’âme et de l’espace (de l’espace-âme ?), grâce à la contemplation et au signe.

Malgré la stupeur due à l’épidémie et à l’isolement, à l’atmosphère quelque peu « apocalyptique » qu’ils entretiennent, malgré la déploration écologique sincère, profonde, demeure l’espoir, exprimé par cette frénésie de création, d’expression, […] ce désir en moi d’apprivoiser la nuit, de creuser le temps, de décrypter ces glyphes qui, tels l’arbre, recèlent les arcanes secrètes de chaque atome.(p. 105).

Et à toute cette foison répond la limpidité nue de ses poèmes très proches du haïku, en un saisissant contraste qui ne peut que nous interpeller : suivre l’instant…/d’un atome à l’autre/plonger dans La Lumière/plante verte ensoleillée/compagne-espace-création (p. 82).

Dans ce livre, l’humilité qui fait la vraie grandeur.  Par l’attention aux choses, vécues toutes comme vivantes. Par l’intimité entretenue avec leur cœur, leur noyau brut. Par la présence au monde et à la racine du monde. Singulière.

 

 

 

 

 

P. Laranco.

 

 

 

 

 

 

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