mercredi 15 décembre 2021

Une réflexion de Patricia LARANCO, "LES MOTS, RIMBAUD, ETC..."

 

 

Les mots peinent à pénétrer la chair du monde; à entrer dans la présence des choses, dans leur épaisseur, dans leur puissance toujours têtue, rétive à se donner, à s'ouvrir, à renoncer -ne serait-ce que partiellement- à son opacité qu'on nomme d'un autre nom, "mystère" (et quoique ledit "mystère" vous appelle tel le chant des sirènes).

Je n'ai jamais cru que le verbe pouvait se faire chair, couleur, volume, distance (...). 

Simplement... que certains verbes s'arrangent pour acquérir plus de présence que d'autres. 

Ce sont sans doute ces seules formes de "verbe" qui méritent le nom de "poésie". Des verbes qui cherchent des épousailles avec la sensation drue, brute, pure. Avec la perception, qui relie. Mais également, qui recombine.

Peut-être est-ce ce que cherchait Rimbaud. Le  verbe, dans toute sa plénitude. Faisant corps avec la matière, ou plutôt, avec notre façon de sentir son poids comme son côté insaisissable , aussi  insaisissable que le sable. Cependant, même le fulgurant, l'absolu jeune Arthur, un beau jour, se tut.

Allez savoir s'il ne s'était pas trop approché de l'impossible.  Trop approché, comme Icare, de l'infranchissable "Mur de Planck" pour ne pas être déçu. Brisé. Pour ne pas se bruler les ailes. Et, amputé d'ailes (avant de l'être d'une de ses "semelles de vent") ne pas fuir dans le désert (comme on retombe dans la poussière vide).

Il a vu ce que l'homme a cru voir; mais cela lui suffisait-il ? 

 

 

 

 

 Patricia Laranco.






 

 

 

 

 

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