Certains jours proches de
l’automne ont, le matin, une brillance et des lueurs mouillées dues, sans
doute, en partie, aux averses de la veille. Le soleil est encore ové, imparfait
dans son éveil. Il faut, sous de tels auspices, s’en remettre à une route qui
épouse les méandres d’un vallon assez étroit qu’on croirait par instants tenir
de quelque ouverture édénique. Les douces échines des hauteurs s’échelonnent
avec indolence, la terre prend haleine d’un souffle vaporeux, quelque chose comme une paix après tant de tensions où, sur
des draps nocturnes illuminés d’éclairs, s’entrelaçaient des cuisses moites
dans leur gloire charnue, faste et fougue. Nulle bâtisse en bord de route, mais
des noyers, des noisetiers, des talus pleins de folle avoine, des prés
doucement pentus. Dans le demi-jour, plus sombre à proximité des haies vives,
le vaste agencement des frondaisons et des herbages semble convier dans l’air
frais à jouir du pur sentiment d’exister. Un virage, et le paravent de coudriers,
d’églantiers, d’aubépines et d’arbres s’interrompt, comme pour mieux offrir la
vue d’un village ocre jaune toits rosés couronnant un mamelon aux pentes
d’herbe luisante et courte. Vient le désir d’aller s’asseoir à la terrasse
ombrée d’un bistrot sous les arcades, voyant sans voir passantes et passants
traverser la placette au pavage arrosé il y a peu.
François LAUR
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