Umar TIMOL.
samedi 5 septembre 2015
Un poète (Umar TIMOL) nous parle de L'IMAGE OBSCÈNE.
L’image est bien sûr obscène. Mais elle ne l’est pas plus que toutes les autres images. Celles invisibles, celles qu’on ne voit pas. Celles qu’aucun photographe n’immortalise. Celles qui ne suscitent la révolte d’aucun regard. L’obscénité est partout. A proximité de notre confort. Au sein même de notre société. Que sait-on de la souffrance des autres ? Que sait-on de la misère des autres ? L’obscénité est partout. A chaque instant. On parvient à être parce qu’on se cloître dans son corps. Viols, meurtres, violence, oppression, injustice, le monde est à feu et à sang. Mais cette obscénité est cachée. Il faut s’en éloigner. Il faut le taire en soi. On peut ainsi respirer. On peut se donner bonne conscience. Mais la révolte doit être de tous les instants. Car l’obscénité est omniprésente. Elle subsiste dans un temps parallèle au nôtre. Notre corps est du rituel de l’habitude, les corps des autres sont du rituel de l’obscène. Notre corps tend vers un bonheur tangible, les corps des autres ploient sous le poids du malheur. Notre corps joue à se dérober au temps, les corps des autres en sont les esclaves. L’image est bien sûr obscène. Mais l’obscénité est de tous les instants. Elle est dans l’air qu’on respire, dans l’eau qu’on boit, dans la lumière qui nous affranchit de l’obscurité, elle se mêle à nos moindres pas, à notre souffle. Elle est partout. Il n’est désormais qu’une permission. Que la brûlure en soi, celle qui ne parvient à se défaire de l’obscénité, jamais ne cesse.
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