On a maintenant une ébauche
d’explication de l’imprévisibilité du comportement humain : la nature
quantique de la pensée (je vous renvoie, pour plus de détails, au numéro
d’octobre 2015 du magazine SCIENCE &
VIE).
La pensée, qu’est-ce ? Une expression du comportement
des neurones humains ? Une émanation des cellules (non-quantiques)
regroupées en un réseau ultra-complexe que l’on désigne par le nom de cerveau ?...Quelque
chose qui traduit leurs activités, leur interaction ?
Des objets quantiques (les électrons et autres particules
ultra-élémentaires) peuvent donc émaner une nature non-quantique (la matière,
les divers objets qui constituent le macrocosme, à notre échelle familière et à
celle de l’infiniment grand) ; et, inversement, des objets non-quantiques
tels que nos cellules cérébrales seraient en mesure d’émaner une réalité de
nature quantique : la pensée ?
Tout cela ne peut que nous donner fortement à réfléchir…
Question : partant du
postulat (récemment avancé par certains psychologues expérimentaux) que la
pensée humaine est un phénomène quantique, et du postulat (celui-là connu
depuis le début du XXe siècle) que les comportements des composants les plus
essentiels de la matière, à savoir les particules élémentaires, sont des
manifestations de même nature, serait-on fondé à affirmer que la pensée humaine
pourrait être « matérielle » ?
La perception est, par essence, une forme de tromperie qui
tronque, tranche.
Ce ne sont pas seulement les Hindous et les Bouddhistes
qui l’affirment.
Les implications de la physique quantique l’induisent
également.
Notre perception est double :
elle nous guide, mais nous revêt aussi d’œillères.
Nous avons une « conscience de soi » mais,
quelque soit l’étendue, la prégnance de cette conscience prépondérante, elle ne
nous dit pas grand-chose de tous nos « Moi » cachés, latents,
potentiels. Nous sommes une addition de « Moi » multiples qui
s’entre-ignorent et/ou s’entre-chevauchent.
On associe la pulsion sexuelle à
l’amour, comme en témoignent d’assez nombreuses langues.
Mais ne serait-ce pas, en un
certain sens, une grossière erreur ?
La libido est, en fait, on le sait
maintenant, gouvernée par la testostérone, qui est l’hormone masculine (quoique
présente aussi, mais en quantité moindre, chez la femme) du désir sexuel…mais
tout aussi bien de la violence et surtout de l’instinct de domination. Voilà
qui pourrait donner (du moins en partie) l’explication de bien des phénomènes,
tels « l’amour vache », le harcèlement sexuel et la mentalité
sexuelle « prédatrice », la possessivité morbide, la violence
domestique, les agressions sexuelles, les actes sexuels à tendance plus ou
moins « bestiale » auxquels beaucoup de couples s’adonnent dans un
plein consentement mutuel lié à une commune recherche de l’ « intensité »,
le viol, et j’en passe sans doute.
Le mot et la notion
d’ « amour », trop souvent, sont une sorte de
« fourre-tout » regroupant et rapprochant des types de ressentis et
de rapports qui n’ont qu’une parenté lointaine. L’amour d’une mère pour son
enfant ou l’amour dit « universel » (l’agapè des Grecs) sont gouverné
par des hormones tout à fait distinctes de la testostérone (l’ocytocine
notamment). De sorte que « les gens », les individus lambda, sont
dans une totale confusion
(même si, malgré tout, nul, depuis la nuit des temps, n’ignore le pouvoir
souvent mortifères des relations dites « passionnelles »). C’est le
langage qui forge les concepts. Dire « je t’aime » à une personne
pour laquelle on n’éprouve rien d’autre qu’une pure attirance sexuelle est
totalement impropre. Cependant, cela a une grande utilité dans le domaine de la
manipulation, où l’être humain excelle.
Et que dire de ces « amours
dévorants » qui finissent par prendre, à terme, la figure de la franche
haine ; de ce que les psychanalystes appelaient « l’ambivalence des
sentiments » ?...
Si l’on s’attache souvent au passé, c’est qu’au moins, il
nous est connu.
Il nous apparaît donc plus sûr et, du coup, quand il n’a
pas été trop moche ou excessivement traumatique, nous sommes assez portés, dans
l’ensemble, à déplorer sa « perte ».
L’avenir est gros de trop de surprises, voilé de trop de
brouillards denses. Les nostalgiques, les conservateurs et autres passéistes
ont, je pense, encore devant eux un nombre certain de beaux jours, même en
tenant compte de nos fameuses « aptitudes adaptatives » et des
exhortations à vénérer le « progrès » et le changement qui
caractérisent de façon si frappante le « bain » de modernité qui nous
imprègne.
A force de chercher le mieux, on
peut parfois tomber sur le pire.
Et si la misogynie était, avant tout patriarcat, en premier lieu, une affaire de
femmes ?
Si son principal socle était, en fait, l’inimitié
(patente) qui oppose la femelle à la femelle ; le bon vieux
« syndrome de la Grande Mère Inégalable » ?
Le relatif échec du féminisme s’expliquerait alors d’une
manière relativement aisée. Méfiance, voire antipathie entre les femmes
empêcheraient tout sentiment de solidarité, d’intérêt commun, donc toute
possibilité durable de regroupement, d’action commune vraiment efficace (de
type lobby, ou syndicat, par exemple), et ce même en dépit des
souffrances, frustrations et injustices que leur impose la société.
Contrairement à ce qui se passe dans les autres groupes
opprimés de la sphère humaine, les femmes ne comptent pas les unes sur les
autres. Est-ce par peur des hommes et/ou par attachement chevillé au corps à
eux…ou par défiance haineuse, envieuse et méprisante envers leurs consœurs, par
impossibilité d’assumer, de « métaboliser » sainement la rivalité
inter-féminine ? Les deux, sans doute.
Jalouser ? Une sérieuse perte
de temps (et d’énergie mentale) que celui/celle qui cherche, réfléchit et crée
vraiment ne peut se permettre. Un truc pour les mesquins, les étriqués qui
n’ont rien d’autre à quoi s’accrocher en dehors de leur sentiment, chevillé au
corps, d’être « MOÂ – le centre de l’univers »…mais qui, en fait, et
simultanément, sont et demeurent taraudés, de manière plus ou moins
perceptible, par leur doute (essentiel à leurs yeux) quant à leur propre
« valeur » et donc, par un sentiment (dissimulé mais non moins
chronique pour autant) de dévalorisation.
Il est, apparemment, plus difficile de se méfier, de
détester, que d’aimer, d’accorder confiance (surtout dans notre monde
nombriliste).
C’est ce qui explique que l’amour soit rare.
Le temps, c’est de l’oubli.
Dans les groupes humains, le dernier arrivé a toujours
tort.
Les calculs et estimations de la
science tendent, ces temps-ci, de plus
en plus fortement à rejoindre certaines vues de la spiritualité orientale ou de la philosophie platonicienne : le
réel nous est voilé dans sa quintessence, sa vérité suprême. Non seulement ses
dimensions et son dynamisme nous font barrage, mais il est peut-être, même, le
résultat d’une « simulation » informatique hors de notre portée. Et
puis aussi…nous sommes dedans. Nous faisons partie de son ensemble. Alors que,
pour le comprendre vraiment, il faudrait le voir de l’extérieur.
Le langage des mots est une sorte de Janus de
l’information : il a tout aussi bien le pouvoir et la fonction de désigner
et de décrire que ceux de masquer, ou de déguiser.
Mais l’ambigüité n’est pas non plus absente de cet autre
langage que nous est celui des chiffres.
P. Laranco.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire