Le
vent, certes, n’est pas seul à demander, lorsqu’il se lève, que nous tentions
de vivre (n’y a-t-il point l’insistante existence, et toi ?) ; pas seul non
plus à soulever la vague du naufrage qui de toute façon viendra nous chercher.
Mais sans doute invite-t-il à le considérer, tourner la page, explorer le champ
du possible sans trop nous soumettre à la marche de la prétendue machinerie du
monde. Qu’il saute à son gré du sud au nord, et voilà que le
ciel se débouche, bosquets et feuillées se repeignent ; les orgues qui vibrent
dans l’air raniment et laissent découvrir le continuo qui, d’étrange façon,
colore notre vie entière. Il arrive que la brusque variation estampille
l’aujourd’hui de quelque heur original, tel un coup double, une donne
singulièrement bien venus : le passant allégé de son feutre blêmit, le pitbull
s’arrête pantois face au sac plastique qui lui fonce dessus, ta robe-tunique
qui se colle à toi me fait souhaiter que, vite, nous rentrions.
François LAUR
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