samedi 12 mars 2022

Quelques tentatives de réflexion...

 

 

 

L'Homme n'a finalement que peu de choses en propre. Son cerveau reptilien et son cerveau limbique (qui gèrent qui les instincts primaires, qui les affects) lui dictent des besoins et le plombent d'émotions en tout point semblables à ceux qui taraudent les autres espèces vivantes.

 

 

 

 

 

Pourquoi la Vie ? Personne ne sait encore répondre à cette question. Le seul embryon de « réponse » un tant soit peu logico-compatible, admissible par la science est sans doute « La Vie est apparue parce qu’elle était de l’ordre du possible ».

 

 

 

 

 

Nous appelons notre planète « Terre ». Mais cette dénomination me semble, à examiner mieux les choses, plutôt incomplète, réductrice.

Ne devrait-on pas, à la lumière de ce que la science nous a aidés à mettre en évidence, la rebaptiser « Terrevie » ?

Car, si elle a permis cette mystérieuse émergence, cette incursion hors de l’univers inanimé qu’est la Vie, ce passage de ce que nous appelons « chimie » à ce que nous appelons « biologie », l’inverse n’est-il pas tout aussi frappant : la Vie n’a-t-elle pas façonné, en profondeur, le fonctionnement de la planète bleue ?

 

 

 

 

 

Celui/celle qui aurait tout compris, tout intégré dans son savoir.

Comme il/elle devrait s’ennuyer !

Mais, par bonheur, la chose est inenvisageable.

 

 

 

 

 

Quand on y réfléchit, cette tendance que nous avons, à des degrés divers, à idéaliser le passé en claironnant C’était mieux avant ! est tout de même étrange.

Les qualités que beaucoup attribuent à leur propre passé n’auraient-elles pas, en fait, étroitement à voir avec le fait que, contrairement à l’avenir, nous le connaissons, il est déjà écrit une bonne fois pour toutes et, de ce fait, il nous épargne ce que nous détestons peut-être le plus au monde : les sables mouvants, les voiles de l’incertitude ? De même qu’avec le fait que, sur l’échelle du temps, il soit bien plus proche de notre début que de notre fin (d’où le sempiternel conservatisme des gens âgés) ?

 

 

 

 

 

Tous ces poètes. Un peu pleurards. Très faux-humbles. Qui s’imaginent que le Poème s’arrête avec leurs propres textes. D’anciens enfants que le Mère, la femme aurait par trop inondés d’extase.

 

 

 

 

 

Comme les gens ne savent plus écouter correctement (par hâte et en raison du pilonnage informationnel qu’ils subissent sans cesse – modernité oblige – mais aussi par repli narcissique, par hyper focalisation sur eux-mêmes et ce qui les concerne de près), il est normal qu’ils aient tendance à déformer tout ce qu’ils entendent.

 

 

 

 

 

En Europe comme ailleurs, ma liberté s'arrête là où s'arrête le contenu de mon portefeuille.

Quant à mon droit à l'expression sur l'"Agora", il est conditionné par mon appartenance (ou non) à certains cercles qui, en Occident comme ailleurs, sont élitaires, donc "légitimes".

 

 

 

 

 

 

Pour se sentir pleinement « Nous », les Hommes ont besoin, en regard, d’ « Eux ». C’est ce que le sociologue et philosophe français René GIRARD explique fort bien dans ses théories sur le bouc-émissaire et la vertu religieuse (dans le sens de « religare », qui, en latin, veut dire « relier », cimenter une communauté) du sacrifice.

Il faut bien (si j’ose dire) que la frustration inhérente à toute vie sociale humaine (laquelle comporte obligatoirement des contraintes, parfois très fortes, de même que des formatages eux aussi souvent très puissants) et l’agressivité induite par la rivalité mimétique se trouvent « évacuées » quelque part du fait de la menace qu’elles représentent pour la cohésion et le fonctionnement de tout groupe. Elles sont canalisées vers des cibles extérieures, étrangères et/ou intérieures, mais atypiques, visées en un tel cas par des agressions nommées « guerres » ou des « épurations » et autres « nettoyages » censés débarrasser le groupe social, la structure mainstream en crise de tous ses indésirables, trop « autres », ainsi qu’on l’a constaté, par exemple, avec l’Inquisition, la Chasse aux sorcières (laquelle visait principalement les femmes jugées trop indépendantes), les épurations ethniques internes (tels, encore à titre d’exemple, la Shoah, le génocide rwandais ou la paranoïa du maccarthysme aux Etats-Unis).

Est-ce à dire que, pour que les différents – et nombreux- groupes que compte l’espèce humaine cessent enfin de s’opposer en « Eux » et « Nous », de s’entredéchirer, l’irruption d’éventuels extra-terrestres nous serait bien utile ? Et (question subsidiaire) l’obsession de la recherche de présences extra-terrestres (pour laquelle certains sont prêts à sacrifier des sommes…astronomiques) que manifestent tout à fois les scientifiques et une importante fraction du « grand public » ne résulterait-elle pas, pour une bonne part, de cette triste impasse ?

 

 

 

 

 

Depuis qu’elle a pris son essor vers la fin du XVIIIe siècle (Révolution industrielle), la dynamique marchande et « pionnière » outrancièrement expansionniste, lancée d’abord par l’éthique protestante et par ses tenants, les bourgeoisies « progressistes » du Nord-ouest de l’Europe, puis, ensuite, relayée par l’American Dream si épris d’abondance matérielle et d’expansion technicienne dénuées de toute limite,  a, de par son avidité sans fin, sans fond de matières premières, non seulement très gravement porté atteinte au fragile équilibre écosystémique de notre planète, mais, de plus, semé le ressentiment et l’esprit de revanche chez à peu près toutes les autres cultures humaines, plus ou moins écrasées, que portait (porte) celle-ci (islam, monde slave de l’est et centre-asiatique, Chine et Asie confucéenne, Inde, Afrique noire…).

Malgré ses brillants et impressionnants succès en matière de « vie meilleure » (découvertes scientifiques et médicales sans précédents, promotion philosophique et morale de l’humanisme italien de la « Renaissance »), il faut tout de même bien admettre que le capitalisme marchand a conduit le monde au bord du gouffre : deux guerres mondiales apocalyptiques (peut-être même une troisième en vue), de vertigineuses et injustifiables inégalités en termes de niveaux de vie, qui ne font encore que s’amplifier (ce qu’on appelle « fossé Nord/Sud »), une nature saturée de pollutions et d’artefacts humains devenus montagnes toxiques de déchets accumulés (le plastique « continental », ou encore les déchets radioactifs).

« Toujours mieux, Toujours plus », jamais de renoncement à rien. Sous le prétexte idéologique de « droit » à la liberté et au bien-être sans mesure. Dans, comme le dirait SPINOZA, une « persévérance dans son être » dont la folie fébrile s’emballe sans qu’on ne soit plus en mesure de la contrôler et qui, de plus en plus, prend l’allure d’une sinistre fuite en avant.

L’EXCÈS, toujours l’EXCÈS. L’enivrement par la victoire, le succès qui, eux aussi, enferment.

 (11 mars 2022).

 

 

 

 

 

 

Dans ce que l’Occident nomme « l’immobilisme » de nombre de civilisations ou de cultures, il y a peut-être une certaine sagesse.

 

 

 

 

 

 

 

 

P. Laranco.
















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