LIEU DU SILENCE.
A J. TAURAND.
Un arbre s'est enraciné
Au bord d'un fleuve
Le bruissement de ses feuilles
se reflète dans l'eau
S'enivre d'illusion
Et tombe
S'accroche aux murmures des vagues
Qui s'en vont à la dérive
L'arbre est oublié
Enivrée d'océan
Mon âme s'en est allée
Perdue aux lèvres du vent
Cri perdu en quête du Lieu-dit du silence
Pour y enfermer ce Verbe vain du poème
d'un esprit gouailleur
Qui tambourine dès l'aurore à la porte
Close de l'exil.
Le bruissement des feuilles
d'un arbre oublié
narrait aux vents les aventures
d'un chemin sans retour
Mais le lieu du silence
Est toujours plus loin
Est toujours plus loin
D'errance en errance
Le bruissement devient rumeurs
S'accrochant à la nuit
Aux rêves
S'imbibe un parfum de vanilles
D'ylang-ylang
Et de ces plantes étranges qui poussent
Cachées au coeur de la sylve bleue
des hautes terres là-bas
Dans l'exil ne s'entend que
le bruissement d'un arbre oublié
de cet arbre qui n'est maison
que pour l'oiseau de passage
Je me souviens de cet arbre
Lieu d'escalade de l'enfance
De la première chute,
de la première blessure
Mais le fleuve s'est tari
Et l'arbre est devenu
Flamme rougeoyante
Dans l'âtre pour nul repas
La flamme danse
La flamme chante
Et son chant est bruissement
De feuilles mortes
L'arbre déraciné au bord du fleuve
Est le seul repère de l'exil
F-X. MAHAH.
In Sang d'ombre, Le Vert-Galant, 2004.
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