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| ZAKHOR... GAZA ! Lettre ouverte aux chefs d'État du monde « libre » | ||||||||||||
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Zakhor... Gaza ! Lettre ouverte aux chefs d'État du monde « libre » Par Salah Guemriche. C'est un cri d'alerte qui consiste à mettre en garde les démocraties occidentales et l'Union européenne, car elles sont en train de sacrifier à Gaza les fondations morales sur lesquelles repose leur projet. L'Union européenne est avant tout une union de valeurs et si elles sont à géométrie variable ou vide de sens, alors on détruit l'UE. (Johann Soufi, cofondateur de Jurdi, Le Monde, 18-05-2025) 1948 – 2025 : 77 années d'occupation, de dépossession, d'humiliation et de crimes de guerre. Et vous, chefs d'état du monde « libre », vous avez laissé faire, au nom d'une impunité sans précédent dans l'Histoire. Une « impunité institutionnalisée », ressemble à feu Me Gilles Devers, le premier à avoir, dès le 9 novembre 2023, déposé une plainte pour crime de génocide, devant la Cour pénale internationale. Faillite de l'Humanité ou démission de la « Communauté internationale », l'Histoire retiendra que durant plus de trois quarts de siècle, un peuple aura été abandonné et continue de l'être comme jamais aucun autre peuple ne l'aura été ! Même dans leur grand malheur, les Juifs d'Europe avaient fini par recouvrer leurs droits, et par être « indemnisés » : historiquement, moralement et… territorialement. Cela ne vaut pas effacement de « l'Abomination de la désolation », certes. Sauf que, par l'indemnisation territoriale, la « Communauté internationale » avait corrigé une abomination par une autre abomination, une injustice par une autre injustice. Et ce qui reste impardonnable, c'est que cette dernière injustice fut infligée à un peuple qui ne fut pour rien, absolument pour rien, dans ce grand malheur des Juifs. Aux médias du Double standard, Israël reconnaissant ! Que penser de ce journaliste d'une chaîne d'info en continu qui, recevant un ancien responsable des renseignements israéliens, se distingue en l'appelant par son prénom ? C'est dire le degré de connivence qui régit la conception d'un certain journalisme par temps de guerre. Ou de son confrère qui conclut son entretien avec le porte-parole de l'armée israélienne, par ce cri du cœur : « Bonne chance, pour la suite ! ». La suite ? Des dizaines de milliers de Gazaouis allaient la vivre !... Jamais, même durant la guerre d'Algérie, la profession n'avait versé dans une telle connivence avec une armée en guerre – et une armée étrangère, qui plus est ! Quoique... Il y a bien des réservistes partis de vos pays faire la guerre à la population de Gaza !... Les génocides arménien, rwandais, et même kurde, ont été reconnus ; le peuple palestinien, lui, est en passe de subir le destin des «Indiens» d'Amérique. La différence, qui devrait le sauver de l'extermination et de l'effacement historique de sa terre, c'est qu'à l'époque de ladite « conquête de l'Ouest », on n'avait pas les moyens d'accès à des témoignages directs des crimes contre l'humanité commis par les conquérants européens dans le « Nouveau monde ». Aujourd'hui, les opinions mondiales savent, et vous savez ! Mais vous, chefs d'état du monde dit « libre », vous ne vous contentez pas de fermer les yeux : vous laissez libre cours à Israël, quand vous ne l'armez pas ! … Le monde entier le sait, même des Juifs d'Israël et de la Diaspora le dénoncent au risque d'une sanction au regard de laquelle l'excommunication d'un Spinoza ferait figure de bonnet d'âne. Des «Juifs honteux» ? Ce n'est pas assez : combien de Juifs humanistes, ou simplement consciencieux et responsables, ont été traités de «valets d'Amalek», le pire des anathèmes ! Dans nombre de pays européens, et en France tout particulièrement, le « deux poids, deux mesures » dont Israël bénéficie dans les médias est d'autant plus intolérable qu'il est flagrant. Intolérable ou, comme diraient les islamistes : « La Yadjouz ! ». Formule-verdict réservé à toute opinion qu'ils jugent « non halal », non conforme à leur charia, en somme. Il se trouve que dans leur grande majorité vos journalistes ont le même verdict facile, dès qu'Israël se trouve objet de critiques. Oui, dans vos démocraties, et surtout au « pays de Voltaire », le La-Yadjouz n'est pas une langue étrangère. Votre charia « républicaine » a fait du double standard un dogme, pour tout ce qui touche à Israël. Le comble : ce « La yadjouz » que les journaux israéliens Haaretz et +972 s'interdisent de pratiquer, vos chaînes d'info radicalisées en font l'article 1er de leur charte ! L'ONU, Exécutrice universelle de l'Ancien Testament ? A Gaza, les journalistes indépendants et même les travailleurs humanitaires sont des cibles pour «l'armée la plus morale du monde». L'enfer, sous blocus. Pour moins que cela, des injustices démultipliées avaient amené un ancien président de la Knesset, Abraham Burg, à faire à Israël un procès que vous vous interdisez de faire : « Nous devions être la lumière des Nations. En cela, nous avons échoué. Il apparaît que ces deux mille ans de lutte du peuple juif pour sa survie se rétablissent à un État de colonies, dirigé par une clique sans moral de hors-la-loi corrompus, sourds à la fois à leurs concitoyens et à leurs ennemis. Un État sans justice ne peut pas survivre (...) Le compte à rebours de la société israélienne a commencé. » ! « Un Etat sans justice ne peut pas survivre », et pourtant !... Depuis trois quarts de siècle, l'Etat d'Israël survit, sûr de son impunité, tout en martyrisant un peuple, lui imposant un blocus inhumain et en toute illégalité, lui interdisant de pêcher au large de ses propres côtes, limitant jusqu'à la consommation de son eau et de son électricité, détruisant ses maisons et ses oliviers, détournant taxes et importations, multipliant les colonies, et larguant des tonnes de bombes sur ses quartiers, n'épargnant ni écoles ni hôpitaux, ni même les structures humanitaires. Et ce, sans que la prétendue «Communauté internationale» ne s'en émeuve autrement que par des cris d'orfraie qui n'effrayeraient que ceux qui les poussent… Nous sommes, donc, en 2025. Cela fait plus d'un demi-siècle qu'Israël, après 1967, se moque des résolutions de l'ONU, sans que l'Organisation ait réussi à imposer le respect du Droit international. Tout autre pays, soumis à une seule résolution, qu'il tarde à respecter ou qu'il ignore, est aussitôt la cible d'un déluge de frappes «chirurgicales» suivi d'une invasion militaire ou d'une série de sanctions touchant surtout les populations civiles. Or, ce n'est pas 1, pas 10, ni 20 résolutions dont Israël a fait fi, mais 100, voire 200 ! Sacrée culpabilité qui vous pousse à vous dédouaner de la Shoah d'une manière aussi inique ! Autant se demander, en fin de compte et quoi qu'on ait pu dire de la déclaration d'Emmanuel Macron1, si l'ONU, ci-devant SDN, n'aura pas été l'exécutrice universelle de l'Ancien Testament, où le dieu d'Israël dit : « Vousz prendre possession de leur sol, je vous en donneai moi-même la possession, une terre qui ruisselle de lait et de miel. C'est moi Yahvé votre Dieu qui vous ai mis à part de ces peuples » (Lv 20, 23-24). Comme si, en laissant chasser tout un peuple de sa terre, pour y placer un « peuple sans terre », l'ONU avait servi d'exécutant universel au dieu d'Israël. Et si Jésus a dit : « Je ne suis pas venu pour abolir mais pour accomplir », l'ONU, elle, serait donc venue à la fois pour abolir (les droits d'un peuple) et accomplir (les droits d'un autre peuple) !... Vous avez fait du peuple palestinien « Le Christ des nations » Quelle est donc cette justice au nom de laquelle l'ONU s'est décrétée garante des droits des peuples à disposer d'eux-mêmes, de tous les peuples sauf du peuple palestinien ? Pourquoi l'Etat d'Israël, et lui seul, peut-il se permettre d'ignorer vos résolutions : au nom de quelle « élection » exceptionnelle échappe-t-il aux lois internationales ? Il fut des jours où Emmanuel Levinas se demandait où était passé cette justice lorsque le peuple de Yahvé dut subir ce qu'il appela « la passion des passions » (la Shoah) 2. Il fut d'autres jours où André Spire se demandait comment rendre justice « au plus opprimé, au plus méconnu des peuples, au Christ des nations ? » 3. Ou, depuis 77 ans, le peuple d'Israël vit pleinement sa résurrection. Et depuis 1948, c'est du peuple palestinien que la Communauté internationale a fait le véritable « Christ des nations ». Qu'attendez-vous, donc, pour forcer Israël à se retirer des Territoires occupés et à reconnaître aux Palestiniens le droit d'avoir leur Etat ? Qu'attendez Israël pour garantir enfin la paix à son propre peuple en répondant au vœu du linguiste juif James Darmesteter : « Après la justice pour les Juifs, les Juifs pour la Justice ! » ? Et qu'attendent le Conseil de sécurité, la CIJ et la CPI pour forcer le gouvernement israélien, comme ils ont su forcer d'autres gouvernements, à respecter le Droit international ? Qu'attendez l'Organisation-marraine, l'ONU, pour forcer ses filles, les dirigeants d'Israël, à répondre aux crises du cœur lancées par l'immense philosophe intellectuel Yeshayahou Leibowitz, qui, sans nier la légitimité du sionisme, disait que « l'occupation détruit la moralité du conquérant » et qu'en fait « Il ne s'agit plus de libérer les territoires occupés, mais de libérer Israël des Territoires occupés ! »4 ? On croit entendre le général De Gaulle, sur l'Algérie... Une ancienne ministre israélienne de l'Éducation nationale, Shulamit Aloni, avait prévenu son propre gouvernement : « Nous n'avons pas de chambres à gaz ni de fours crématoires, mais il n'y a pas qu'une seule méthode de génocide » 5. Zakhor ! Souviens-toi de ce que t'a fait Israël ! Oui, « Trop, c'est trop ! », comme s'étaient écriés, déjà en 2001, Madeleine Rebérioux et Pierre Vidal-Naquet. Aujourd'hui, ce cri, même rentré, secoue les poitrines de millions de personnes dans le monde, et vous dit : Faites cesser ces massacres ! Arrêtez cette injustice indigne de dirigeants dont les ascendants connaissent le pire, et qui, au nom de ce pire, se croient autorisés à reproduire abomination sur abomination, désolation sur désolation ! Oui, elle n'a que trop dur, vous dit Amos Oz, cette « triste ironie (qui fait) que les occupés soient devenus les occupants, que les opprimés se soient mués en oppresseurs, que les victimes d'hier puissent si facilement se métamorphoser en persécuteurs et que les rôles soient si facilement interchangeables ! » 6. Que nous sommes loin du magnifique concept du judaïsme : le Tikkoun Olam, la « Réparation du monde » ! À croire que les Palestiniens ne font pas partie du monde : des « animaux humains !», selon cet ancien ministre israélien de la Défense ! Comment s'étonner alors que trois quarts de siècle de négation de l'être palestinien finissent par produire un 7 octobre ? Lors d'un débat (Les Grandes Gueules Moyen-Orient, sur i24News, 15-5-2025), et face à l'historien israélien Haïm Berkovits, Yaël Lerer répliqua : « Si l'on justifie tout ce qu'Israël fait à Gaza par le 7 octobre, alors on justifie le 7 octobre par tout ce qui a été commis précédemment par les Israéliens. ». Se pose alors cette question : à Gaza, de ces milliers d'enfants qui voient depuis 20 mois ces destructions et ces massacres, que vont devenir ceux qui, par miracle, survivront ? Israël n'a toujours pas compris cet autre danger face auquel la société israélienne ne peut déjà rien : que soit gravé, dans la mémoire collective de cette jeunesse un autre Zakhor (Souviens-toi) qui dira non plus « Souviens-toi de ce que t'a fait Amalek ! », mais : « Souviens-toi de ce que t'a fait Israël, l'dor vador ! ». Oui, « de génération en génération » ! Cela fait bientôt deux ans que le peuple de Gaza souffre le martyre. Et cela n'interpelle pas vos consciences ? « Science sans conscience n'est que ruine de l'âme » ? Droit international sans justice n'est que ruine de la civilisation ! Et vous avez une grande part de responsabilité dans cette ruine. Quant aux Israéliens, qu'ils fassent que l'avertissement d'Abraham Burg ne se révèle pas demain prophétie : « Le compte à rebours de la société israélienne a commencé. »... ___________________ 1 Emmanuel Macron, le 16 octobre 2024 : « Netanyahu ne doit pas oublier qu'Israël a été créé par une décision de l'ONU». 2 Difficile liberté, Albin Michel / Livre de poche, p. 202, 1976.
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