La vie en société est constamment, de part en part, traversée
(et assombrie) par l'envie, ou la "jalousie", si vous préférez. Cette
"jalousie" se situe au croisement de la mimesis et des revendications
de l'ego.
"Si lui l'a (l'est), pourquoi pas moi ?"; voilà son
questionnement central.
Très tôt (dès l'aube de leur existence, sans doute), les
sociétés humaines ont pris conscience de ce problème central. Elles en ont
rapidement perçu le caractère potentiellement menaçant pour leur stabilité,
leur existence, leur devenir. La "sorcellerie", par exemple, tourne -
tout le monde le sait maintenant - autour du dépit, de la rancœur envieuse, de
la concurrence plus ou moins larvée, de la vendetta secrète. Or, elle est
présente dans toutes les sociétés au mode de vie "élémentaire", dans
tous les groupes humains régis peu ou prou par la "pensée magique".
Vivre en société humaine, c'est, souvent, vivre dans la peur du
réveil de l'hostilité envieuse (ou "jalouse") des autres.
Chaque poème me fait l'effet d'une aventure. Et je crois que
c’en est une, effectivement.
Tous, nous, humains, avons sans doute en nous
une certaine tendance à la mégalomanie.
La solitude, c’est, d’abord, une question de peau.
On est seul dans sa peau. Et prisonnier dedans.
Un être, c’est d’abord quelque chose de séparé. Même si, en
un certain sens aussi, il est uni à tout.
Il m’est fréquemment arrivé de remarquer que le
narcissisme avait une certaine vertu d’entretenir le charisme, la faculté
d’ « aimanter » les autres. Le narcissique s’adore, se tient
pour le centre du monde,, croit en lui plus dur que le fer et possède ce type
d’assurance à toute épreuve qui permet de convaincre ceux et celles qu’il
croise que sa personne, tant physique que mentale est singulièrement attirante.
Sa conviction à ce propos est si
« irrésistible », si puissante, si fortement ancrée qu’elle en
devient « contagieuse ».
D’une certaine façon, la poésie est une recherche de ce qui
jouxte l’invisible. De ce qui frôle l’impalpable.
Ne devrait-on pas employer le verbe
« survivre » plutôt que le verbe « vivre » ? Ne
serait-ce pas plus adéquat ?
Bizarrement, le Temps n’est pas sans, quelquefois, me faire
penser à un artiste qui ne serait jamais en mesure de terminer une bonne fois
pour toutes la toile qu’il est occupé à peindre, sans répit.
Être trop proche d’une autre personne (par
extension, des autres) n’est pas sans risques. S’en trouver trop éloigné en
comporte également beaucoup.
Tout est, à cet égard, je crois, dans l’art de
maintenir la bonne distance.
N’en déplaise aux exigences de la mentalité jeuniste qui
caractérise notre époque, il ne faut pas mépriser le passé, encore moins lui
tourner le dos. Pour la bonne et simple raison qu’il s’agit là d’une démarche impossible.
Le « présent », que nous vénérons tant, lui est
profondément relié. Il lui doit, pour une part considérable, sa construction.
Il est sa conséquence directe.
Ce sont les « vieilles histoires » (parfois
couvertes de toiles d’araignées) qui, pas à pas, plus ou moins lentement,
construisent les nouvelles. Le nouveau, au fond, n’est jamais qu’une
recombinaison d’éléments « anciens » souvent rendus, par ce fait
même, méconnaissables et/ou cachés, à la manière d’un palimpseste. C’est aussi ce
que l’on pourrait appeler un « phénomène émergent ».
Les « tables rases », cela n’existe pas, cela ne
peut exister. Sauf, bien entendu, par le biais du déni, de l’oubli et du
non-dit (qu’ils soient volontaires ou involontaires).
Le passé continue toujours, à sa manière souvent détournée,
voire tortueuse, de « travailler » ses héritiers, le présent,
l’avenir.
Être submergé d’informations nous soûle, nous
brouille l’esprit. Celui-ci, en réaction, peut se « fermer », et
plonger dans l’indifférence. A moins qu’une info particulièrement
« forte » ne le réveille, un peu comme le ferait une décharge
électrique.
P.
Laranco
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