Il pleut. Le
peuple n’en peut plus.
Les peupliers
ploient et se plient.
Les oiseaux
protègent leurs plumes, bien à l’écart du ciel de plomb. Qui, pluvieux, semble plus vieux.
Tout tombe à
plat et tout se plisse.
Les gens se
hâtent, il faut faire place, et la Place, lasse, se désemplit. N’y passent plus
pléthores de monde, hors d’ombres pleutres qui s’emploient pour ainsi dire à s’aplatir.
C’est triste :
qui applaudirait ?
Plus volontiers,
on pleurerait, las de ce bruit de plomberie avec lequel les gouttières s’appliquent à
plomber l’ambiance avec aplomb.
Vous croyez
que la pluie, ça plait ?
Non, ça se contente de pleuvoir. Au point que l'on ne peut plus voir. Et qu'il y a plein d'eau, partout.
Non, cela fait
péter les plombs, le caractère se flétrit et, certes, ne s’assouplit point; il s'aigrirait, bien plutôt, et virerait très vite au gris.
Son rideau
diluvien qui vient nous emplit l'âme et se plait à pulvériser notre soif de vie, de bonheur et de plaisir,
notre goût des plaisanteries - ce qui n'est vraiment pas très fair-play. De sorte que tout un chacun, planté sur place, se plaint dur, comme s'il bouffait du pain dur ou planchait sur une équation.
Comment déloger
le déluge ?
Nous déplorons,
nous implorons, éplorés, mais rien ne se peut. Même un peu. Pluie emplâtre tout. Nous savons ce que ça implique. Et puis, voilà, nous implosons.
Nous humons
son humidité, et l’humilité nous saisit.
Nous lui
préférerions la neige, qu’elle soit blanche ou un peu beige, avec ses doux
flocons plumeux et son silence d’enfance lent, étincelant qui se déploie; avec,
aussi, ses mille plis : ça, c’est une magie qui agit – et non ce flot
tombé des cieux qui nous agite le mental !
Texte et photo : Patricia Laranco.
All rights reserved.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire