Un bon comédien, n’est-ce pas quelqu’un qui doit arriver à
entrer à fond dans son rôle, c'est-à-dire à se persuader qu’il pense, ressent
vraiment ce qu’il déclare, ou montre ?
Être un Homo sapiens accompli, n’est-ce pas, d’abord, posséder
ce type d’aptitude, de don à un niveau extrêmement élevé ?
Peut-on bien simuler, mentir si l’on ne sait pas se mentir à
soi-même et, mieux encore, croire en son propre mensonge intérieur ?
Les menteurs ne disent-ils pas souvent : « sur le
moment, j’étais sincère ! », et le pire n’est-il pas que, parfois, ils
le sont tout à fait lorsqu’ils le disent ?
C’est peut-être parce que je suis une indécrottable paresseuse
que le fait de vivre m’a toujours été si pesant, que j’ai si souvent dû m’y
forcer.
Rester inexistant, « non-né » nous épargne les
fatigues, les luttes, le côté « rocher de Sisyphe » qu’implique la
vie.
Eh oui, être, c’est un effort. Un effort constant de
persévérance. Comme Spinoza l’avait bien vu.
Sentir fait bien souvent très mal. Or, vivre, c’est, d’abord,
suivre les instructions de notre nature et sentir, ressentir (afin de les
suivre).
Être, c’est se cogner aux choses. Et tenter plus ou moins
adroitement de leur résister. On est dans le temps, dans l’usure. La preuve ?
Toute mort (naturelle) d’un être vivant résulte du fait que son organisme
atteint l’état de fatigue suprême, qu’il a épuisé la totalité de l’énergie
biologique dont il disposait. Toute mort (naturelle) n’est autre que la
conséquence d’une usure totale, causée par la vie.
Donc, à la limite, notre « problème » « life
versus death » n’a nullement lieu d’exister.
Manipuler les gens et/ou donner par trop ouvertement libre cours
à son fond d’ingratitude humaine congénitale n’est pas, ce me semble, un bon
calcul. En effet, tôt ou tard, les manipulés (à moins qu’ils ne soient débiles
ou « piégés » pour une raison ou pour une autre) s’apercevront qu’on
est en train de les utiliser, ou alors qu’on les a utilisés, puis « lâchés »
ensuite, et réagiront en conséquence. Le manipulateur et/ou l’ingrat acquerront
la réputation qu’ils méritent et les gens seront de plus en plus nombreux à « le
voir venir » (du moins s’ils ont deux doigts d’intelligence) et donc,
enclins à le tenir à distance, ce qui finira par l’isoler.
Le succès de toutes ses tentatives de manipulation se trouvera,
en conséquence, compromis.
Rien n’est plus fantasque, complexe, contradictoire et illogique
que la psychologie de l’Homme.
Et cependant, l’Homme a élaboré le raisonnement logique.
N’est-ce pas le comble du paradoxe ?
L’a-t-il fait par pure nécessité pratique (donc, par contrainte)
OU pour combattre sa propre nature ?...ET pour combattre sa propre nature ?
On dit souvent qu’il faut se méfier des personnes inconnues.
Je crois plutôt que c’est de soi-même qu’il faut se méfier le
plus lorsqu’on fait une rencontre.
Finalement, notre cerveau n’est pas si performant que ça :
il fabrique de faux souvenirs en mélangeant des bribes totalement distinctes de
mémoire stockée ; il « catalogue » les choses et les gens en n’allant
guère plus profond que les apparences les plus immédiates, les plus réductrices
(notamment, ce qu’on nomme « la première impression ») et a, ensuite,
un mal fou à renoncer à ses préjugés et à ses étiquettes, et il « arrange »
sans cesse les « blancs », les parts du monde qu’il ne comprend pas,
il comble les vides grâce à son imagination prompte, débordante autant que grâce
à ses idées préconçues ; il fabule et se ment à lui-même.
Comment pourrait-il saisir la réalité de façon satisfaisante ?
La conscience est un synthétiseur des informations sensorielles.
Un unificateur de nos diverses perceptions, que celles-ci viennent de l’odorat,
du toucher, de la vue, de l’ouïe et de la position du corps dans l’espace.
Apparemment, d’après ce qui ressort des travaux neurologiques les
plus en pointe à l’heure actuelle, c’est en unifiant nos perceptions qu’elle
nous confère le sens du soi.
« Je sens, je perçois, donc je suis ».
D’où provient cette tendance générale à la complexification qui
semble caractériser notre Univers ?
N’est-ce pas là un des plus grands mystères philosophiques qui
se posent ?
Est-ce pour ne pas disparaître que « le simple » a dû
se compliquer – dans une sorte de « contrainte » à s’étendre, à se
ramifier, à s’enrichir, à se métamorphoser, à tenter d’exploiter un maximum de
possibles ?
On se méfie de ceux qui ne sourient pas.
Ne devrait-on pas faire le contraire ?
Sous-estimer les femmes fait partie du schéma mental masculin.
L’essence du « mal français » ? Ne serait-ce pas
le paternalisme ?
Les religions décrivent « Dieu ». Mais « Dieu »,
ça ne se décrit pas. Sa subtilité est sans bornes. Et bien plus que cela encore…
« Il » ne peut apparaître aux Hommes que de façon
(immensément) incomplète, partielle.
Mais, en même temps, chaque spiritualité « rapproche »
l’Homme de « Dieu ». C’est en ce sens que chaque perception,
chaque vision religieuse (y compris le chamanisme, l’animisme) a, au plan
strictement humain, un droit absolu au respect. Toutes nos tentatives d’approche
de « Dieu » (y compris, d’ailleurs, la science) ne sont et ne seront
jamais davantage que des angles d’approche (maladroits). Entre autre parce que « Dieu » (oserai-je dire par
essence, par nature ?) est d’ « humeur » fuyante.
S’il y a une chose en laquelle je crois, c’est bien…le doute.
C’est par les doutes – dans LE doute – que nous savons le mieux
que « Dieu » nous expédie un signe, qu’ « il » nous
donne des indications sur sa véritable nature.
Sans le doute, aucune avancée de notre (rudimentaire) connaissance
n’eut été possible.
Avoir des idées, ce n’est rien. Les exprimer, voilà le hic.
L’art de se faire (correctement, vraiment) comprendre dépasse
largement, en matière de complexité et d’écueils, celui de penser, de
concevoir.
Le communautarisme ? Est-ce un mal ou un bien ?
Quel mal y-a-t-il à rechercher préférentiellement la compagnie
de ceux qui vous ressemblent, de ceux dont la présence-miroir vous met le plus
à l’aise ? Ceci implique-t-il pour autant le « choc », l’opposition
belliqueuse des communautés, des cultures ?
Même en France – pays qui repousse, nie (officiellement) toute
forme de communautarisme – ne constate-t-on pas le développement d’une nette
tendance à l’ « entre-soi » (social, ethnique ou même religieux) ?
Le « miracle mauricien », pour sa part, repose sur le communautarisme
(encore nommé, localement, « communalisme »). Se côtoyer, fonctionner
ensemble n’y implique pas automatiquement, loin de là, de se mélanger de façon massive, de se fondre
les uns dans les autres jusqu’à ce que toute catégorie de particularisme se
dissolve.
Quoi qu’il en soit, l’ « obligation » de
métissage est un non-sens, une forme de violence au même titre que l’apartheid
raciste, sur l’autre versant extrême. L’Homme pêche toujours par excès. Des « communautés »
qui s’entre-reconnaissent pour ce qu’elles sont sont tout à fait, ainsi que l’exemple
mauricien en fait la démonstration, susceptibles de cohabiter, et de dialoguer. Le fait qu’elles
assument correctement, sans problème, leur spécificité peut fort bien déboucher
sur un respect mutuel au caractère incontestable. Tout est une question d’équilibre
bien compris entre proximité et distance.
Que penser de l’ « assimilation » dont les
cultures méditerranéennes se sont faites les soi-disant chantres ?
Chacun sait, maintenant, que le racisme existe et perdure tant
dans le monde musulman qu’en Amérique dite « latine » (ou encore en France).
L’indépendance d’Haïti n’a guère mis fin au « clivage »
Noirs/Mulâtres.
Aux Etats-Unis, la lutte pour les droits civiques dans un cadre
communautaire n’est aucunement problématique.
Il ne faut pas confondre communautarisme et racisme, sous peine
de verser dans l’hypocrisie. Plus que l’« assimilation », le communautarisme
peut (sous certaines conditions) inciter au respect de l’autre. La
reconnaissance et la prise en compte des différences (assumées) en constituent
les fondements sains. Pris en ce sens, il est tout le contraire du « rouleau
compresseur » que les Jacobins ou néo- Jacobins français vantent tant (et
qui, de nos jours, se trouve dans l’impasse).
Toutefois, le communautarisme doit, cela va de soi, se garder de
devenir trop rigide, s’il ne veut pas devenir une source de fractures.
Le problème réel ne se situe pas dans le communautarisme en soi,
mais dans le sectarisme crispé, dans la phobie (forcément pathologique) de l’altérité
(particulièrement bien « illustrée » par les lamentables et
monstrueux cas d’Adolf HITLER – ou encore de l’apartheid à l’initiative des
Blancs tel qu’il fut pratiqué en Afrique du Sud, ou encore de la ségrégation
raciale qui régna longtemps dans le Sud des Etats-Unis, ou encore, sous
certains aspects, par le système des castes en Inde).
P. Laranco.
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