samedi 11 mai 2024

La condition de L' AFRO-DESCENDANT à MAURICE; un ARTICLE (EDITORIAL) de Sedley ASSONNE.

 



Afro-descendant.




L’Inde se soucie des descendants d’immigrants qui avaient quitté la Grande Péninsule. Et tient chaque année une conférence globale pour ses People of Indian Origin. Et l’Etat mauricien est partie prenante de cette initiative. Mais le même pas n’a pas été fait vers l’Afrique. Et plus particulièrement vers les pays d’où sont venus les esclaves qui ont été emmenés sur notre île. D’ailleurs, nos relations avec l’Afrique se bornent à n’être qu’économiques. Tout l’aspect culturel est négligé. Ce qui est dommage. Mais à la lumière de ce que vient de faire le Bénin, il importe que le gouvernement Mauricien, celui-ci, ou celui à venir, accorde de l’importance à ce qui se passe sur le continent Noir. De même, les centres culturels Nelson Mandela, Le Morne Heritage Trust Fund et le Musée Intercontinental doivent jouer le rôle attendu d’eux sur le plan de la mémoire des Afro-descendants.
Le gouvernement Béninois vient en effet de présenter un projet de loi pour accorder la nationalité aux Afro-descendants du monde entier. Ces personnes, s’ils acquéraient la nationalité Béninoise, "ne pourraient ni voter, ni travailler dans la fonction publique de ce pays. Il s’agit plutôt d’une reconnaissance à d’éventuels descendants de Béninois victimes de la traite négrière jusqu’au XIXè siècle. Car le Bénin a été l'un des pays qui ont le plus souffert de la traite négrière, surtout la ville côtière d'Ouidah. ".
Validé mercredi 8 mai en Conseil des ministres, le projet sera transmis à l’Assemblée nationale. Dans sa justification, le gouvernement affirme qu’elle a « laissé des blessures profondes sur l’Afrique et les descendants des personnes déportées ». Le Bénin est cité comme un pays qui a subi pendant des siècles la traite négrière. La ville de Ouidah, sur la côte, était un port d'embarquement des esclaves. Le président béninois Patrice Talon développe un tourisme mémoriel sur ce passé, et ce depuis son arrivée au pouvoir. C’est pour aider les « déportés » à retrouver un lien avec leurs origines que la loi a été initiée, explique le gouvernement. Peut en bénéficier « toute personne dans le monde qui, d’après sa généalogie, a un ascendant africain subsaharien déporté hors du continent dans le cadre de l’esclavage ». Ces personnes pourraient se trouver, entre autres, en Haïti, au Brésil, dans les Caraïbes ou encore aux États-Unis. Dans le processus stipulé, le candidat doit faire une demande en apportant la preuve de l’Afro-descendance par documents officiels d’état civil, des témoignages authentifiés ou tests ADN. En cas d’éligibilité, on délivre un passeport béninois valable trois ans, une acquisition par reconnaissance. Mais l’obtention du certificat de nationalité définitif est subordonnée à l’obligation de séjourner dans le pays quelques jours avant l’expiration du passeport. Derrière ce projet, il y a un intérêt touristique et une démarche de valorisation et de reconnaissance. Patrice Talon s’est rendu récemment en Martinique et a décidé d’envoyer des troupes en Haïti. Le 10 janvier 2024, il a lancé les « Vodun Days », un évènement qui a drainé plusieurs milliers d'Afro-descendants. »
Y-a-t-il eu des esclaves venus du Bénin pendant les périodes Hollandaise et Française sur notre île ? Comme pour l’immigration indienne, qui partait du port de Calcutta, ces travailleurs Indiens venaient du Bihar, et ensuite embarquaient de Calcutta vers Maurice et d’autres parties du monde. Le même scénario s’est produit bien avant, sur le continent noir. Des rafles d’esclaves avaient lieu dans plusieurs pays d’Afrique, et ils étaient ensuite embarqués à partir d’Ouidah, au Bénin, et de Gorée, au Sénégal. Il n’est donc pas interdit qu’il puisse y avoir des descendants d’esclaves Béninois à Maurice. Mais sachant que les recherches pour retrouver ses racines Africaines restent difficiles pour les descendants d’esclaves ici, même si le Centre Nelson Mandela avait enclenché un projet en ce sens, il convient donc que l’Etat se mette de la partie. Via les trois instances citées, mais aussi directement d’Etat à Etat. Comme cela se fait pour le GOPIO.
Il convient aussi de rappeler que l’Ethiopie accorde la nationalité, et un lopin de terre, aux rastas du monde entier. Et José Rose, le président des Rastas de Maurice, est bénéficiaire d’un terrain en Ethiopie. Nous rendons d’ailleurs hommage à Ras Tempest, grand rasta, qui vient de décéder. Il était connu, tant pour sa musique que pour avoir joué dans des pièces de théâtre. Nous avions toujours conseillé aux rastas, souvent persécutés ici, de se tourner vers l’Ethiopie. Et pourquoi pas vers le Bénin aussi ? D’ailleurs, que prévoient les partis politiques pour les Afro-Descendants, connus comme les Créoles ? Outre qu’ils n’ont pas d’accès au patrimoine foncier d’une île que leurs ancêtres ont contribué à défricher, il est inconcevable que leurs descendants vivent encore dans des conditions précaires, tant à Maurice qu'à Rodrigues et Agaléga. Et, comme souligné plus haut, il est dommage que les accords culturels entre notre pays et le Mozambique soient au point mort. Comme tout ce qui se rapporte au continent noir, d’ailleurs.
Ce n’est définitivement pas normal que cette partie de notre histoire soit autant escamotée. Car, l'Île Maurice étant un pays de peuplement, l’Etat aurait dû y accorder une attention plus équitable aux pays d’origine de notre population. Nos ancêtres sont tous venus d’ailleurs, et ont ensuite pris racine ici. Nous sommes les fruits de leur choix, et tout gouvernement se devait - et se doit ! - de veiller à ce que ces histoires croisées, et mélangées, soient non seulement enseignées à l’école, mais aussi traitées avec respect. On ne peut dire que ce soit le cas quand il s’agit de l’Afrique. En prenant la langue créole, héritage de l’esclavage, qui reste piétinée, et toujours pas considérée comme langue d’expression au Parlement, alors qu’elle est la langue nationale !
En espérant que les responsables des Centres Nelson Mandela pour la culture Africaine et Créole, Le Morne Heritage Trust Fund et le Musée intercontinentale de l’esclavage prennent connaissance de cet éditorial et agissent en conséquence, nous ne pouvons que souhaiter que l’Etat mauricien aussi, en particulier le Ministère de la Culture et du Patrimoine, fassent le pas nécessaire, tant vers l’Afrique que vers les pays d’où sont venus les esclaves. L’histoire est passerelle. Toute l’humanité est connectée. Même si les racistes prônent le contraire. De ce fait, l’Etat se doit de combattre tout rempart, d’abattre tout mur qui se dresserait contre l’oubli des racines. Les Afro-descendants méritent que leur histoire soit racontée. Et mieux traitée !










Sedley ASSONNE.

































Source : Sedley ASSONNE.
























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