Qui perd de vue le passé perd de vue le
présent.
D'où l'importance que revêt l'étude de
l'Histoire.
La nuance énerve beaucoup de gens.
C'est vrai qu'elle "complique la vie". Savoir nuancer les avis, les
analyses, les réactions est pourtant, me semble-t-il, indispensable à une
approche plus efficace, plus plausible, moins simpliste et caricaturale de ce
qui est, ou de ce qui fut.
La « supériorité » des démunis
sur les nantis est qu'ils ont l'habitude de manquer, de lutter, d’essuyer le risque.
Cela leur endurcit le cuir et leur confère une endurance, un sens de la
"débrouillardise" et une adaptabilité qui, dans certaines
circonstances, peuvent constituer un avantage tout, sauf négligeable.
L’Homme est un animal très composite, doté de plusieurs cerveaux.
Rien d’étonnant, donc, à ce que son esprit soit en butte à des « conflits
intérieurs », des contradictions, des ambivalences et des illogismes qui
lui-même le désarçonnent.
On ne fait jamais du neuf qu’à partir de
l’ancien, de ce qui existe déjà, par recombinaisons d’éléments de « déjà-vu ».
Jusqu’à quel point la volonté, la clarté de l’esprit peuvent-ils agir sur
le fonctionnement biologique, « basique » du cerveau humain ?
Toute théorie, toute école de pensée
humaine ne sont-elles pas le résultat d’une forme de focalisation et donc, à ce
titre, ne sont-elles pas dotées d’ « œillères » ?
Notre « destin », n’est-ce pas, quelque part, notre émanation ?
Ne le « sécrétons »-nous pas comme certains animaux sécrètent une
bave, certaines plantes un suc ?
L’égalitarisme est sagesse dans la
mesure où, quelques soient les différences innées ou acquises et de tous ordres
qui existent entre les êtres humains, nous sommes tous voués au même destin, au
même schéma organique : nous naissons, vivons en société (avec tout ce que
cela implique), mangeons, buvons, déféquons, dormons, respirons, marchons,
copulons, souffrons, pensons, calculons, tombons malades, mourons – etc., et
nous sommes tous placés au même degré de petitesse, d’insignifiance
incommensurable en regard de ce qui nous entoure, à savoir le multivers, notre
propre cosmos et certaines
manifestations de notre nature terrestre (géologiques, climatologiques…).
Mais il est également « folie »,
utopie complète, à l’opposé, dans la mesure où, au plan strictement individuel,
chaque Homo sapiens est une montagne, un Himalaya de complexité, de
combinaisons variées, de variations sur le même thème qui portent sur l’ensemble
de son être, biologique ou psychologique (fonctionnement des gènes, cerveau,
interactions sociales entre autres), lesquelles lui confèrent des caractéristiques
qui lui sont strictement propres et en font donc un être unique, totalement « inégalable ».
Nous vivons tous dans la singerie. Dans la tentation de singer. Dans le
réflexe de singer, même.
Insatisfaits d’être nous-même.
Il nous faut toujours ci, ou ça.
Nous souffrons tous d’incomplétude, ou, pour dire plus exactement, d’une
SENSATION d’incomplétude.
Et si nous apprenions plutôt à assumer, à être ce que nous sommes, à « faire
avec » ce que nous avons (ou n’avons pas) ? Si nous renoncions à
cette impasse, à cette parfaite absurderie qu’est le désir ?
Si nous cessions de nous focaliser sur ce qui n’est qu’un leurre ?
Si nous nous libérions de l’inauthenticité que représente, qu’implique la
singerie ?
L’effet pervers (car il y en a toujours…)
des sociétés qui condamnent (du moins façon officielle) tout fonctionnement de
nature hiérarchique est qu’elles exacerbent, portent à incandescence la mimésis
humaine et, donc, la convoitise envieuse (ce que, dans certains cas, elles
tentent de masquer par l’exaltation forcenée de l’individualisme).
Apprendre à se faire des opinions nuancées demande à l’Homme un certain
effort.
Pourtant, les êtres, les phénomènes, les situations son très rarement
monolithiques, très rarement tranchées. Seules le sont les réactions et les
passions (volontiers excessives) qui nous aveuglent. Notre manie du « tout
ou rien ». Nos tendances manichéennes. Notre sempiternel besoin de réduire
le complexe à du simple, à du net, à une vision du monde qui puisse mieux s’accorder
à nos modes de pensée.
Nous privilégions facilement le « ça ou ça », alors que la
nature, pour sa part, rend le « ça ET ça » parfaitement possible.
La sérénité aide à mieux percevoir l’aspect
nuancé du monde.
P. Laranco.
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