mercredi 9 décembre 2020

Hicham OUADGHIRI (Maroc).

 

 

 

Chronique d'une beuverie ordinaire :

C'était gris (vin et ambiance). Des morts attablés ou accoudés au comptoir papotaient à propos de leur vie passée ou négociaient leur ticket d'au-delà. Ma face livide transparaissait derrière la rangée de bouteilles, sur la glace fanée. Un type myope pleurait face à une pute à moitié louche. Elle avait un visage de fer rouillé et des chiffres lui coulaient de la gueule. Le type reniflait dans ce silence sordide. Il priait, elle comptait. J'ai commandé ma seconde bouteille en l'honneur des mort-nés. A ma droite, un type affalé ne levait la tête que pour l'enfouir dans son verre à moitié vide. A ma gauche, une tête chauve dévorait ses sardines pourries avec des pois chiches. A 23 heures, je mis fin à ce massacre audio-visuel. Dehors, le froid vivant, vivifiant, le taxi, le chemin, et enfin la chambre. Une journée venait de mourir.

 

 

 

 

 

Hicham OUADGHIRI.


























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