Écriture, source inépuisable des secrets. Variations croisées
Allégorie de la simulation, masque éloquent de l’homme pernicieux
Et, tout à la fois, adresse précieuse de la séduction nue
Écrit celui qui affabule et ne se remet en cause que par convention
Réécrit celui qui feint, trahissant sa source. Mutilation
Abus qui engage le lecteur : qui décide ?
Écriture, ombre trompeuse d’une supercherie fantomatique
En amorce, cette frivolité vicieuse et toujours coupable
Tache violente aussitôt démentie au bout des lèvres
Écrit celui qui rougit, tremble et s’évanouit
Réécrit celui qui de sa mémoire invente ta peau neuve
Objet oublié ne laissant d’empreintes que la page
Non pas témoins embarrassants, mais ressource de nouveaux aveux
Écriture, amorce de vies innombrables, vérités vigoureusement cachées
Drame de la contrition, de la colère, de la déception. Si peu de révélations
Surenchère extravagante des défis à soi, concours improvisés
Écrit celui qui surprend, crédible, dans sa valeur accordée au courage
Réécrit dans la volonté de nuire l’imposteur qui souille tout honneur
Parole buissonnière, improvisation sans conscience
Et c’est le hasard qui rebondit, échappant à la sanction
Écriture, protection et dissimulation, instrument d’un destin qui doit bifurquer
Choix maîtrisé de la perturbation aveugle aux embûches du chemin
Soumis au désir de ta visite, lumière de délivrance artificielle
Écrit celui qui fonde sa crainte sur l’engagement
Réécrit celui qui ne tend qu’à l’aventure de son corps
Aux confins de l’ingratitude et du rêve
Et cependant magnifique inventivité qui t’embarque dans l’inoubliable
Edith BERTHUIT.
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