Dualité de l’être. Ancrage dans le corps, dans le
souffle des autres, de ceux qu’on aime. Besoin paradoxal de s’en libérer. Ce
même corps est une entrave. Désir de fuite. Le corps est alors un élan
perpétuel. Qui bute sur le mur de ses doutes. Corps qui parvient alors au seuil
d’un infini. Au-delà, là-bas, il n’est nul retour. Le corps affranchi de ses
amarres, de sa chair. Mais le corps retourne en son cocon. Encore une fois. Le
corps se love dans les labyrinthes de cet enfermement nécessaire. Il attend. Il
guette l’appel de l’aventure. Il est impatient. Mais heureux en même temps. Il
sait qu’en ce lieu, celui de sa subsistance et de son baptême, rien ne peut lui
arriver. Sinon l’étreinte de son deuil. Dualité de l’être. En lui deux cercles,
celui dont les couleurs sont apparemment ternes mais qui sont d’une extrême
luminosité, il suffit de désemparer son regard et ses habitudes, ensuite celui
qui est pure liberté mais qui n’est peut-être que l’absence parée des visages
d’un impossible dépassement. Spirale des cercles. Cercles parfois enchevêtrés,
cercles qui se déchirent, cercles qui inscrivent l’être dans des rythmes
contraires. Son corps est ainsi parfois lieu de folie. Tiraillement du corps,
presque écartelé, cercles qui crucifient son corps de toutes parts. Corps
bafoué par les rythmes incessants. Corps violenté par les connivences de
l’apaisement et de son contraire. Corps qui ne sait se vouer à quel destin, à
quelle appartenance. Dualité de l’être. Au creux du premier cercle, les
ensanglantements de la débauche, au creux du deuxième cercle les canevas de
quiétude en soi. Tant de rythmes, tant de mélanges, de forces, une dualité qui
jamais ne se résoudra mais l’être ainsi affirme sa spécificité, son empreinte.
Il est ce qu’il est par la force contraire des cercles qui ne cessent leur
œuvre. Leur dévastation est de sa genèse.
Umar TIMOL
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