Un arbre est mort ce matin, abattu comme un vulgaire objet dont on n’a plus besoin.
Immobile, il semblait attendre l’heure fatidique où la tronçonneuse viendrait le découper en morceaux. Comme pour l’accompagner durant ces derniers moments, tous les oiseaux étaient alignés sur le câble téléphonique, regardant la scène. On parle, on crie comme pour dire à l’arbre de ne plus s’en faire. Ce n’est que la suite d’une vie, sa vie. Un rappel pour dire que nous ne sommes pas éternels.
Cher arbre, désormais je ne te verrai plus le matin à mon réveil. Toi qui me signale quand souffle un vent fort. Je ne verrai plus ces multitudes d’oiseaux qui viennent attendre qu’on leur donne à manger chaque matin. Je n’ose plus penser aux caméléons qui venaient se prélasser au soleil sur tes branches. Et ces mouches et ces moustiques qui utilisaient tes feuilles afin de donner la vie à leur progéniture… Je ne verrai plus tes belles feuilles mortes qui tombent une à une en hiver…
J’aurai tellement voulu que tu puisses me raconter ton histoire. Hélas, mortel que je suis, je ne puis comprendre ton langage. Je n’ai pas ce savoir.
Comme disait Blaise Pascal, « Le silence n’a jamais trahi personne » . Toi mon cher arbre, tu as toujours été silencieux sauf pour les feuilles de tes branches.
Ta vie s’achève ici cher arbre.
Adieu ...
Texte et photographies : Rachid KARROO.
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