Si la
ligne droite est le plus court chemin d'un point à un autre, la ligne sinueuse,
ondulatoire en est le plus sûr.
Les Hommes se battent souvent fort inutilement autour
d’idées, de points de vue qui, en fait, ne font que dissimuler des affaires
d’ego. Cela les fait, souvent, passer à côté d’une des caractéristiques
fondamentales du monde : la nuance, l’ambiguïté.
Méfiez-vous
du bonheur…Il ne rend pas toujours heureux.
Dans l'idéal, l'être
humain devrait parvenir à réaliser l’équilibre entre l'humilité que lui impose
son statut cosmique (celui d'un à peine micron, noyé dans l'espace infini) et
le sentiment de "fierté" - somme toute légitime - qu'il est en droit
de tirer de sa faculté de comprendre ce qui l'entoure, grâce aux chiffres, aux
idées et aux prouesses techniques. Mais il semble que ça n'aille pas de soi...
Aucune culture humaine n'échappe à la violence, ni
à la sottise.
Quelquefois, rien
qu’en existant, qu’en étant simplement là, tel qu’on est, on a le sentiment de
gêner, de faire de l’ombre, du tort à certains autres. Ce n’est guère très
réjouissant. Dans certains cas, ça donne envie de courir se terrer le plus loin
possible. De se faire oublier. Pour être tranquille. Pour préserver à tout prix
ce bien au combien précieux qu’est la paix intérieure.
Alors, on laisse
tomber sa « petite place au soleil », on la cède, on l’abandonne à
leur gourmandise, à leur lancinant problème d’ego. On préfère l’ombre. Si
l’économie d’énergie et la sérénité sont à ce prix…
Ce qui nous constitue ? Le changement, dans
l'unité.
Qu’est-ce qui nous
fait le plus de mal ?
Le deuil des êtres
chers perdus ou bien le deuil de soi-même qui nous traverse par anticipation
lorsque nous les perdons ?...
L’origine de tout poème ?
Un état d’émerveillement, qui tient un peu du coup
de foudre ; de l’illumination soudaine ; de la transe, qui vous
soustrait au monde.
Nous passons notre vie
à perdre…perdre des lieux, des époques, des gens ; des relations, des
objets que le temps, d’un coup de patte, nous confisque. Rien ne peut combler
ce vide laissé, cette hémorragie permanente (qu’elle soit lente ou rapide, qu’importe !).
Elle se cristallise dans le passé…dans le souvenir qui console si mal.
Regarder dans le
passé, c’est contempler ce qu’on a perdu. C’est regarder tout ce qui s’en est
allé, sans qu’on soit à même de le retenir. C’est mesurer, aussi, les
amputations qui vont avec. Nous avons tous lâché des lambeaux, des quartiers de
notre vie, de notre chair dans ces pertes.
Le temps et le deuil
nous ont dévorés à petit feu, sans trêve. De concert avec les mues.
Coincés entre le temps jadis qui nous a été dérobé
figé dedans le souvenir, sans le moindre espoir de
retour
et l’à-venir dont nous attend
l’informe nébulosité
qui nous inquiète quelque peu,
nous existons
vaille que vaille.
Souvent, à y bien
regarder, on retirerait presque le sentiment que les Hommes se font du mal
entre eux, en quelque sorte, pour « passer le temps » - ou, tout simplement,
pour montrer, pour démontrer (au monde et à eux-mêmes) qu’ils existent, que
leur présence est incontournable, irremplaçable.
N’est-ce pas
terrifiant – et tragique ?
Lorsqu’il ne se passe rien, l’être humain s’ennuie ;
il est rare qu’il sache profiter de la plénitude lisse du vrai calme, qui, dans
bien des cas, l’emprisonne dans une anxiété nébuleuse.
Mais, à rebours, lorsqu’il se passe trop de choses
trop vite, trop brutalement, ses angoisses immédiates, et beaucoup plus
précises, renaissent. Il semble « ballotté » entre deux types d’inquiétude
de nature très différente, mais dotées néanmoins d’un incontestable point
commun : justement, l’inquiétude.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est un être
difficile à contenter.
Apparemment, d’après
ce que j’ai pu en juger, les « machines pensantes », représentantes
de l’intelligence artificielle, commettent des erreurs à cause de leur trop de
logique, de leurs automatismes trop rigides, de leur absence de sensibilité, d’ »intuition »,
cependant que l’Homme, pour sa part, s’embrouille très souvent pour des raisons
totalement inverses, à savoir sa sensibilité et sa sensualité trop développées,
trop à vif d’être vivant, de mammifère supérieur complexe.
Tout peuple s’imagine spécial, « à part ».
Les peuples sont à l’image des
individus.
La médecine a accompli
des choses immenses pour le genre humain, et elle continue de le faire. Mais,
pour autant, le médecin (ou le membre d’une profession auxiliaire de la
médecine) doit-il se transformer en homme (ou femme) de pouvoir, qui dicterait
tout ? Et la société se doit-elle d’être surmédicalisée ?
On tend, de plus en plus, dans le cadre de la « modernité »,
à confondre inadapté social avec malade mental.
C’est là, sans doute, un aboutissement du (long)
processus de « normalisation », de contrôle social et de nivellement
des comportements humains mis en place, en Europe de l’Ouest, depuis le XVe
siècle avec les débuts de la fameuse « Grande Chasse aux sorcières »
initiée, d’un commun accord, par les églises chrétiennes et la médecine
naissante (cf. l’ouvrage fort intéressant et instructif de Ludovic VIALLET :
« SORCIÈRE ! La Grande Chasse », éditions Armand Collin, 2013)
et relayé, continué ensuite par tous les processus que le philosophe français
Michel FOUCAULT a si bien décrits.
Quoi qu’en pensent et
quoi que soutiennent bon nombre de Français actuels, leur pays a été
profondément marqué, profondément modelé par un idéal RELIGIEUX, qui est l’idéal
catholique. De même que les USA l’ont été par un autre idéal religieux, l’idéal
protestant – à ceci près qu’au moins, ces derniers (pour le meilleur et pour le
pire) l’assument pleinement.
Sans le catholicisme
romain, le fameux « Français moyen » et son goût de la mesure
petite-bourgeoise doublé d’un conservatisme parfois affligeant (que certains
dénomment « frilosité »), la stigmatisation (larvée ou ouverte) de l’ambition
et de la « réussite », la non moins fameuse « passion de l’égalité »
issue tout droit de la devise nationale ( et comprise de manière assez
utopique) n’existeraient sans doute pas.
A rebours, sans l’idée
protestante « évangéliste » du culte de l’ambition et du « win »,
du dynamisme à tout crin qui se doit bien sûr de l’accompagner, nous n’aurions
pas de « mentalité américaine » devenue « mondiale », ou, à
tout le moins, fortement « mondialisante ».
Il n’y a donc
absolument rien de surprenant à ce que la « France profonde » se
méfie autant de ce qu’elle nomme l’ « influence américaine », ou
encore l’« influence anglo-saxonne ».
Quel écart profond
entre deux pays, entre deux cultures se réclamant pourtant du même point de
départ : le christianisme/humanisme !
Contrairement à ce que semblent croire couramment
les Occidentaux, le comportement d’un être humain n’a pas que des causes
individuelles.
Paradoxe : nous
vivons perpétuellement dans le présent mais le temps passe.
Le temps, l’évolution
des choses nous donnent, par l’entremise de la mémoire et de l’anticipation, la
sensation qu’il y a un passé et un avenir.
Les sociétés humaines sont tout de même de sacrés
paniers de crabes.
On y passe souvent sa vie à essayer d’éviter les « frottements ».
Et ce genre d’exercice, à la longue, on peut bien
dire que ça fatigue.
La paresse d’esprit et
le complexe de supériorité (dû à une position de dominance) comptent, à ce qu’il
me semble, parmi les principaux freins qui empêchent d’essayer de (ou d’arriver
à) comprendre la culture de l’Autre.
Pour aimer l’Homme, c’est sûr, il faut aimer la
complication. Il faut avoir énormément de patience, d’énergie, de force
nerveuse…ou, tout simplement, d’habitude (qui est une seconde nature) et de
terreur de se retrouver seul(e).
Ce n’est pas donné à tout le monde.
Comprendre le passé
est extrêmement important si l’on veut savoir pourquoi, et comment le présent,
le moment dans lequel nous sommes immergés, est tel qu’il est. En particulier,
reconstituer la nature et l’évolution des (longues) périodes qui ne connaissaient
pas l’écriture.
Les petits groupes humains sont (relativement)
faciles à gérer. Mais plus la population des communautés humaines augmente,
plus, forcément, elle nécessite une gestion sophistiquée et stricte, quand ce n’est
pas autoritaire, de même qu’elle donne lieu à une spécialisation de plus en
plus cloisonnée des tâches. C’est là l’origine de la chefferie, puis de la
royauté, de l’état, et du « système de castes » : des hommes et
des minorités finissent par s’imposer parce qu’ils possèdent plus d’utilité, et/ou
plus de savoir, plus de pouvoir, plus de prestige et plus de talents de « meneurs
d’Hommes » ; ça ne date pas d’hier. La menace de chaos, de naufrage
dans la violence (agressions externes ou guerres intestines) est en effet
beaucoup plus forte.
La « chefferie » et la stratification
sociale apparaissent donc comme des maux nécessaires, passé un certain seuil de
population et de sophistication socio-économique. Elles illustrent, en somme,
le fameux phénomène du « passage du simple au complexe ». L’ennui est
que les chefs et les minorités qui nous gouvernent, et sont censés nous
protéger tout en redistribuant notre richesse globale, collective, en
profitent, bien trop souvent, pour abuser de façon cynique et égotiste de leur
position de pouvoir. Ils s’attachent aux avantages matériels que celle-ci leur
confère. Et, au plan moral, ils se grisent, comme on se laisserait griser par
quelque alcool très fort. Mais cela n’est-il pas dans la nature humaine ?
Les timides, on a l’habitude
de leur marcher dessus ; c’est commode. Cela permet à tous les autres gens
de défouler leurs nerfs, ou de s’amuser en évitant au maximum la prise de
risques. Ils sont tellement gauches, malhabiles, dénués de « charisme »
et craintifs – du pain bénit ! C’est si facile de s’en moquer, de rire à
gorge déployée à leurs dépens.
Ils font des « têtes
de Turc » idéales ou alors, on ne voit pas qu’ils existent. Ils sont
transparents comme l’air, diaphanes comme des bulles de rosée.
Soit « tête de
Turc », soit fantôme.
Mais il advient,
quelquefois, qu’ils en aient assez de se faire marcher dessus ; qu’ils
aspirent à ce qu’enfin l’on s’aperçoive de leur existence. Certains, même,
finissent par avoir envie de crier, de « péter les plombs ». Ils
trouvent alors – on ne sait où – une singulière assurance. Ils puisent en eux
des ressources qu’on était fort loin de leur imaginer.
Comme le disait déjà
le fameux proverbe, « il faut se méfier de l’eau qui dort ».
J’ajouterai :
elle peut se muer en tsunami, en cataracte.
Les sociétés qui vivent dans une trop grande
passion de l’égalité n’aboutissent, en général, qu’à induire une atmosphère
assez malsaine d’envie généralisée et de suspicion systématique envers toute
personne qui se distingue tant soit peu de la médiocrité « moyenne ».
Elles ont un idéal trop mesuré, un idéal de « nivellement »,
trop peu propice au dynamisme, et l’ambition y est suspecte, de même que la
créativité.
Tout le monde doit être « pareil »…ce qui
est, en soi, une vue de l’esprit, voire une utopie aberrante. Le résultat en
est une forme d’hypocrisie assez particulière.
P. Laranco.
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