UN JOUR À CONSTRUIRE
Tes seins dans mes mains en elles est un matin, bon comme chaque
heure à vivre, tandis que sur ta peau s'esquisse un ramage de feuilles. Des
pépiements, des sifflements, des trilles, sporadiques puis drus de plus en plus
affirmés, accordés, éperdus, véhéments, nous ont débûchés du sommeil. Sentir un
don, gratitude. Si chaque heure, aujourd'hui, était moment d'une aube ! Non pas
vierge, mais réveil, vigueur, fraîcheur, une
primeur continûment nouvelle : ainsi lorsque nous nous serrons dans l'étau de
nos quatre bras pour mieux nous façonner, nous traverser ; que je m'abreuve aux
seules lèvres qui savent me redonner souffle, assouvir ma soif : les tiennes.
L'heure nous ouvrirait, malgré horreurs ploutocratie le
désastre, à la beauté d'une fleur d'églantier, rose à peine ou blanche comme
l'aube ; à la morsure d'un prosème irradiant le corps obscur, braise de langue
comme un baiser.
François
LAUR
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