Il faut
parfois aller en ces lieux de vulnérabilité pour parvenir à ces intuitions qui
nous révèlent le sens au-delà des apparences, il nous faut nous dénuder
entièrement, de toutes les habitudes de notre être, de nos rythmes, de nos
certitudes, de la matière épaisse et figée qui nous enserre, du terroir de
notre passé, des séductions et des déboires des lendemains, des usages de notre
cœur, de nos passions, de nos indifférences, il nous faut être un enfant, ramené à l’innocence première, ne plus penser, ne plus
désirer, ne plus avoir envie de quoi que ce soit, se libérer de sa conscience
ou en faire autre chose, qu’elle ne soit plus pesanteur, qu’elle ne soit plus
une déchirure mais quelque chose de léger, de fluide, qui ne cesse de fuguer,
il nous faut ainsi être, communiant avec l’agonie à venir, dépouillé de tout,
de soi-même, être vide, être ouvert, être crevassé et alors le sens nous
parviendra, et alors résonnera en nous cette intuition, que tout ce qui est
n’est pas, que tout ce qui semble être est autrement, que le monde est un et
qu’il est du souffle de l’amour, que l’amour est inscrit dans le moindre de ses
fragments, que l’amour régit nos pas, nos gestes, que l’amour est en tout, que
l’amour est l’unique élan de l’univers, que l’amour le régénère à chaque
instant, que l’amour est à l’origine de tout et même de ses laideurs, que
l’amour est et que nous sommes amour et qu’il ne faut ainsi pas avoir peur de
la mort, parce que la mort est l’achèvement de l’amour mais un amour plein,
vaste, où ce qu’on incarne, sans le savoir souvent, se réalise, où nous
devenons ce que nous sommes dans la plénitude d’un temps infini, il ne faut
donc pas avoir peur de la mort puisque cette peur est paradoxalement la peur de
la vie, tous nos emprisonnements, toutes nos soifs, toutes nos débauches sont
d’une emprise, celle de notre anéantissement à venir et il ne faut pas avoir
peur de la mort puisque la mort est l’amour qui se révèle, la mort est l’amour,
il nous faut donc être entièrement vulnérable, enfant ou ange, qu’importe, être
de cette renaissance pour qu’on sache enfin ce qu’on est, ce que le monde est,
amour, amour et rien d’autre que l’amour.
Umar
TIMOL.
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