vendredi 11 juin 2021

Un texte de Patricia LARANCO (Moris/France), où il est aussi question de soleil.

 

 

 

TOWNSHIP.

 

 

 

 

 

Au soleil. On attend. Il élargit les pièces. Les étire, quelquefois jusqu’à l’infini.

Au soleil. On se plante également aux carrefours. On regarde monter la fumée des tacots. La fumée qui encombre, et ses tornades fauves !

Ses tourbillons de poudre épaisse, torsadée. Comme sculptés dans l’âpre, âcre pétillement de lueur.

Au soleil. On attend. Ce qui ne viendra pas. Ou bien ce qui viendra.

 

 *

 

Dans la hargne des rues.

Le soleil transforme votre peau en écaille. Il vous rend reptilien. Crocodilien, peut-être.

Il durcit votre cuir. Il vous caparaçonne. Carapace-soleil.

Les moteurs de la rue pètent à n’en plus finir et toussent, à cracher, à éructer leurs poumons. Les coups de feu retentissent. Mais vous, vous êtes sourd. Le soleil est le plus sûr des gilets pare-balles.

Car il fait de vous un monolithe. D’attente. Et sans ce monolithe, les murs s’écrouleraient.

La couleur des murs et du soleil se confondent. De même que celle de la poussière et du soleil.

La fournaise a un faible pour les carrefours. Pour les poitrines réduites à des boucliers. Tout peut survenir. Et rien n’arrive. Au soleil. En un sens, on est toujours au bord d’un grand vide. On se penche. Sur la rue. Sur l’épicentre de la lumière. Sur son acmé. Qui est devenu d’un blanc féroce. Qui est devenu un trou noir blanc et néantiseur. Un chaudron digne de la planète Vénus.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Patricia Laranco.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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