Je me suis éloigné du jardin et
du soleil pour te dire adieu à l'ombre de l'hiver et du désarroi. Mes mots
auront la couleur de la brume et j'aurais le visage défait de la tristesse et
des regrets.
Aux passants qui verront mes
larmes, je leur dirai que le jour n'est pas toujours propice à l'amour, que la
lumière érode les certitudes et que le silence, toujours, reprend le guet pour
parachever le récit.
Te souviens-tu?
Je t'ai reçue au milieu de
l'automne alors que je veillais seul en marge du pays des songes et de la
solitude. Tes yeux m'ont ouvert les veines du cœur et j'ai retrouvé la foi pour
traverser l'étang des feuilles mortes.
On a cédé à la tentation des
corps et la pesanteur de l'hiver fut ainsi plus légère. Vêtus du manteau de
l'évidence et du désir, nous nous sommes aimés dans l'innocence et l'interdit.
Sous mes doigts, ton sexe humide me murmurait les conditions de l'éternité. Et
l'aube ne revenait plus jamais; nous nous aimions et la nuit suffit au rêve et
à l'absolu.
Mais le temps a le vertige du
renouveau et nous sommes déjà au printemps et, dans la lumière qui ruisselle,
tu vois des ombres qui chevauchent d'autres ombres, tu vois, là-bas, d'autres
corps et, portés par le vent, d'autres rêves, d'autres désirs.
J'ai saisi, un instant, dans ton
regard, l'écho froissé du regret. Puis, tu as souri. Et j'ai compris que
c'était fini.
Et maintenant, loin du jardin et
du soleil, dans la pénombre retrouvée du chagrin et de la solitude, le temps
est venu de se dire adieu. Tu es là où se défait le cœur, sillonné par la mort
et les désirs à venir; j'appartiens désormais à l'horizon des souvenirs.
Nous nous sommes aimés le temps
de la brume et du silence de la nuit mais le destin ne sait pas toujours se
faire brasier et le feu inouï s'est éteint un matin, en absence de l'hiver.
Gillian GENEVIÈVE.
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