Association des Amis d’Auguste Lacaussade
Lettre d’informations
N° 3 – voeux 2017
Aux peuples dans la douleur : Louisa Lafable
Aux peuples dans la douleur,
sous les maudits projecteurs,
toujours filmés dans la grande noirceur,
prenons exemple,
sinon grand temple,
dans ces générations de peuples au mille-et-une mémoire,
ayant vécu,
SURVÉCU,
sous le chabouk de la terreur,
le terrorisme d'antan,
ce terrifiant cycle de 500 ans d'esclavage,
alors que leurs vaillants ancêtres,
des rois,
reines madécasse,
princes lettrés,
sultan savant,
résistants au cœur vibrant,
ti-moun,
GRAMOUN,
mème ces grands sages,
ensevelis dans la cage de l'exploitation inhumaine.
Honte,
non mais quelle honte !
MALOYA
Ma-LOYA !
Aïna,
dans nos poumons non encore percés
par la rage d'aimer-plus-que-tout,
plus que les maux,
plus que les mots du pire,
Merci à tous nos Anciens,
grands doyens
de nous éveiller,
à l'hymne de la créativité sans frontière,
à toujours surmonter,
au delà de ses tsunamis de larmes intérieures.
Une galaxie de M-E-R-C-I
à nos grandes âmes abolitionnistes
passés et présents
Harriet Tubman,
Auguste Lacaussade,
Madiba, Nelson et Winnie Mandela
Lova,
notre Héritage immatériel dans la résilience,
mémoire de résistance de l'intime jusque dans
l'abîme,
toujours, tu germeras.
Aïna
Souffle,
c'est ce qu'il nous reste
en corps et en âme,
en morse,
véritable ancrage
de nos plumes assoiffées de drames,
d'histoires déchirants de viols dans les champs de
canne,
d'inceste dans la boucane.
au delà de nos hommes qui trépassent,
au delà de nos courageuses et vaillantes mères,
grandes mères,
Zarboutan, nous le sommes.
au delà des langues maudites,
Créoles nous sommes
au delà de bien des frontières visibles et invisibles.
Nous sommes
les rêves exaltés,
éveillés
de nos prodigieux Ancêtres
nés sur la pharaonne Terre tant convoitée.
Le Tam-Tam de cette pharaonne île
coule encore dans nos cœurs épris de lettres
musicales.
Lunaire solaire éclipse : Colette Dijoux
Le volcan a jailli plus majestueux que jamais.
Avec lui, faut toujours compter sur la nouveauté!
Quand à l'hiver, l'hiver a tapé dur, dru,
Jusque sous les herbes le froid a couru...
Pour monter en gel, juste un peu...
La neige? Si belle! Tellement!
Ah! Août deux mille trois nous a rendu bien heureux!
Que d'événements, mais que d'événements!
Le vent s'accompagne de musique
Pour féconder les fleurs des fruits.
Mangues, bananes, grenadines, litchis...
Hé oui! On a droit à tout ça sous les tropiques.
Deux mille seize aura marqué
Trois cent soixante six jours
De ses plus magnifiques nuances,
Aura rempli les cœurs d'amour.
Cette année, digne et humble, tirera sa révérence
Et, avec fierté, il nous restera qu'à la remercier.
Qu'elle ne soit que bons souvenirs
A conter comme histoire avenir.
Deux mille dix sept, dans peu de temps
Défiera toutes ces couleurs,
Nous annonçant beaucoup de bonheur
Ce, trois cent soixante six jours durant.
Va naître une nouvelle année!
Déjà l'accueillent nos voeux les meilleurs.
Elle arrive, en s'y préparant,
Avec ses mystères, un tant soient-ils troublants.
Que règnent santé, joies, prospérité...
Positivement... A tous, Bonne Année !!!
Bethleem - Huguette Marie Line Dijoux
Dann lonbraz Bethléem
Soley klér, pié-d-boi vér.
Karès inn ti brin la lïmiér
I fé shant dolo la riviér.
Bethléem in ot tan,
Bethléem in ot péi.
Zië fermé, kër ouver
Komans in voyaz-l'ame
Bingn dann mirak Lamour.
Armont shemin lo tan
Plïs dë mil an avan.
Tèl inn ti pointe lor, in zétoil
La pérs fénoirsité lo sièl.
Bann roi maz, bann berzé
La suiv dan la nuite
Inn ti fil lor lamour.
In Onm va déroz lo tan
Va brïl la vi an lansan.
Prézans Limansité
Parol Lïmanité
Dann son dë bra Lï bérs, Lï sér
Sat i souf, sat i kriy, i priy.
Azot bann frér ïmin
Suiv la trass, lo shomin,
Konpran lo sèl la tér,
Lo sièl, ek lïniver
Larmoni lespri, lo kër
E lo tan l'arivé.
Pou vanz malër moun la tér :
Mont Golgotha, santié Kalvér.
Fané van fou doulër la mor,
Souflé la briz bardzour
Dosi katr koin lorizon.
Fé mont la sèv la vi.
Léspri Léternité
Sé arienk la Fraternité.
Un espoir pour demain - Huguette Payet
Dans la liste des crimes contre l’humanité,
Depuis très peu de temps, tu figures, esclavage.
Tu as pourtant duré plus qu’il n’en faut d’années
Et dans l’histoire du monde, tu as de lourdes pages.
Dans mon propre pays, île indianocéane,
On t’a longtemps caché, comme on cache un bâtard,
Accordant préférence à nos lignées diaphanes,
Plutôt qu’à celles venant tout droit des pays noirs.
Mettre au grand jour le pan de notre histoire passée
Nous a fait retrouver peu à peu nos racines,
Nous sommes des sangs-mêlés, ce n’est plus à prouver
Avec les documents narrant nos origines.
Après les négriers aux cales pleines d’esclaves
Accostèrent chez nous Indiens et Asiatiques
Engagés au travail, jusqu’à ce qu’ils en bavent,
De la canne, du café, de manière héroïque.
Nous avons presque tous un esclave et un maître
Dans les branches feuillues de notre histoire îlienne.
Les traits et les couleurs de nos enfants à naître
Libèrent de nos jours les secrets de nos gènes.
En fait, les blancs venus en colonisateurs
Ne pouvaient pas savoir en toute vraisemblance
Que sur la terre souillée de crimes esclavagistes
Pousserait un beau jour une fleur d’espérance.
C’est une fleur fragile au nom de résilience,
Qui ne s’observe que rarement dans la vie.
Que tous en prennent soin est la première urgence,
Les leçons du passé tombant, las, dans l’oubli.
Les tambours du temps - Rose-Andrée de Laburthe.
Tout instant est une aube. Lève les yeux et vois : le ciel s’ouvre pour toi, et se déploient les ailes qui d’heure en heure pour ta joie accordent les djembés de l’année nouvelle. Confie tes plaintes améthystes au flot de larmes des jacarandas. Ouvre tes bras et danse, et le ciel inondera ta vie d’une pluie d’or de grâces tropicales.
En tes allées créoles nos rosiers d’antan de mille fleurs nouvelles
embaument ton présent. Aux palmes de tes mains les oiseaux de nos îles tout en jasant se posent et composent mille ségas et maloyas, mille airs de jazz à mille et une voix. Entends les filaos vers l’avenir lever les voiles tout là-haut et leur brise abreuver tes sens aux sources abyssales et vives du silence.
Que le ciel à tes diagonales donne l’envol de l’hibiscus, et la candeur de l’arum à tes pauses aux ravines blanches des Plaines. Qu’il te fasse acrobate en nos cirques aux ailes des salanganes, t’offre un survol de l’île à bord d’un rêve de paille-en-queue et d’emprunter la voie lactée à flanc de pétrel géant.
Qu’il t’accorde de faire corps avec le roulër de ton cœur et d’entendre à ses battements battre le cœur du monde. Qu’il t’accorde l’audacieuse ascension aux Neiges de ton âme et d’accorder ton cœur aux rythmes de ton île, à ses musiques, à ses couleurs, à ses visages-fleurs et à ses paysages. Qu’il t’accorde un cœur de chair, un cœur de braise, un cœur volcan, un cœur Fournaise, un cœur couleur flamboyant.
Qu’il t’accorde d’échapper aux dents de la mer lorsque tu surfes avec passion aux vagues folles de ta vie, et quand la vie te plonge en l’océan de ses douleurs, qu’il t’accorde à la fin d’émerger et de voguer au large en hâte vers tes frères pour signer avec eux sur des portées nouvelles les accords inédits, les accords éternels de la tendresse, du vivre ensemble et de la Paix.
Nouvelles de Catherine Panot à propos du printemps des poètes
Du 4 au 19 mars 2017, le 19ème Printemps des poètes invite à explorer le continent largement et injustement méconnu de la poésie africaine francophone. Si les voix majeures de Senghor, U Tam'si ou Kateb Yacine par exemple, ont trouvé ici l'écho qu'elles méritent, tout ou presque reste à découvrir de l'intense production poétique africaine, notamment celle, subsaharienne, qui caractérisée par une oralité native, tributaire de la tradition des griots et nourrie par ailleurs des poésies d'Europe, offre des chemins neufs sur les terres du poème. Parole libérée, rythmes imprévus, puissance des symboles et persistance du mythe: écoutons le chant multiple des Afriques, du Nord et du Sud. Il va de soi que cette exploration ne peut ignorer les voix au-delà du continent africain, des Antilles à la Guyane, de Madagascar à Mayotte ...
© Association des amis d'Auguste Lacaussade
Publication : Décembre 2016
Rédacteur en chef : Prosper Eve
Conception graphique, réalisation : Patrick Nurbel
Edition et production :
Association des amis d'Auguste Lacaussade
E-mail : marie-prosper.eve@wanadoo.fr
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