Je
marche seul. Seul dans une grande vallée de larmes, sous un ciel assombri par
la mousse des nuages fébriles ; un ciel aux astres fendus, accouchant, par
césarienne, des scintillations fauves. Des ombres spectrales se dessinent autour de moi. Je m’en fous. Toutes les
rues braillent à pleine tête. Les asphaltes sont surpris de se voir gavés de
jambes hachées et de bras mutilés ; surpris de se voir mares de sang lancinant.
Mares où le désespoir s’épanouit, telle une fleur, couverte d’épines. Ô Sombre
atmosphère de pleurs ! Buveuse de sang. Atmosphère fétide, boudée de doutes,
ras la gueule. Redonnez-moi ma joie d’être, ou gardez-la. Advienne que pourra,
je serai éternellement un rêve avorté, un navire fracassé ; car la vie ne
m’aime pas. Je ne l’aime pas non plus. Mais il me plaît de lui emboîter le pas,
parce qu’elle va là où il est d’usage d’adorer le sourire des femmes comme on
adore le Bon-Dieu.
Peter
CÉNAS
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