En
vertu de quoi tenterai-je de convaincre, d’imposer mes idées ? Elles
changent tellement souvent ! J’écris parfois tout et son contraire, mais
cela ne me soucie nullement.
Il y a,
me semble-t-il, de la place pour tout et pour le reste partout. Rien n’est
vraiment, jamais, complet, définitif, figé une bonne fois pour toutes (pour la
bonne raison que nous évoluons dans un monde dynamique).
Les thèses
et antithèses ne sont que des renversements de perspective. Dire « non, ce
n’est pas ça » a autant de sens que de dire « c’est ça ». Même
si nous en avons (ainsi que disent les juristes) « l’intime conviction ».
Avons-nous
le droit d’essayer de persuader les autres que nos intuitions sont les « bonnes » ?
L’affirmation
devrait être maniée avec la plus grande prudence. Toute affirmation prête le
flanc à des affirmations opposées (tout aussi pertinentes), des controverses,
des débats, des ajouts de nuances, de bémols qui la tempèrent, ou la mènent
plus loin.
« Oui
et non » (ou alors « peut-être », « oui/non sous réserve
que… ») devrait être plus souvent prononcé qu’un « non » ou un « oui » solitaires et
monolithiques.
Une idée
me semble faite non pas pour être rigide, excluante, mais pour être souple,
ouverte. Poreuse.
La naïveté et l’idéalisme se paient toujours par la désillusion…laquelle
a, pourtant, l’avantage, lorsqu’on la surmonte, d’être un pas en avant
considérable vers la sagesse (pour autant que celle-ci soit possible).
L’importance
que tu t’attribues n’est jamais que… l’importance que tu t’attribues.
Par contre,
la où ça devient grave, c’est quand, à force d’être sûr(e) de toi (donc de l’importance
que tu t’attribues), tu parviens à convaincre d’autres personnes que cette
dernière est évidente.
« Savoir
se vendre », « séduire », ce n’est pas autre chose que
convaincre d’autres personnes que tu as raison de t’attribuer une telle
importance.
Inutile
d’ajouter que, dans un tel domaine, le charisme physique est un précieux atout.
On ne peut pas « interroger le réel » sans en passer
par une interrogation de notre propre perception du réel (perception
sensorielle et cérébrale commune –appréhension intellectuelle et abstraite
telles que la logique et les mathématiques – perception par le biais d’appareils
de mesure et autres technologies qui ont le pouvoir de suppléer nos limitations
perceptives naturelles – « filtres » de la perception humaine tels
que les schémas culturels, les idées préconçues, les états affectifs, les « premières
impressions », les besoins primordiaux, etc.).
Normalement,
on en veut à celles/ceux qui nous désillusionnent ; on a le sentiment qu’ils/elles
nous ont trompé, rabaissé, ôté quelque chose (c’est là toute l’amertume du « travail
de deuil »).
On ne
devrait pas car, au fond, ces personnes ont contribué à nous ouvrir davantage
les yeux.
Par
conséquent, remercier des gens pour le mal qu’ils nous ont fait s’avère tout à
fait concevable (si ce n’est, même, justifiable).
Les hommes âgés qui croient que l’âge n’a qu’un seul sexe, le
féminin, ne manquent pas.
Les hommes
sont certainement géniaux, cependant…sont-ils intelligents ?
Tout renoncement à une illusion, toute dissipation d’un mirage
doit être – du moins à mon sens – considérée comme un progrès de l’âme…mais un
progrès que seuls, peuvent affronter les esprits suffisamment forts et ouverts.
La lucidité
n’est certainement pas quelque chose de sans danger pour l’esprit humain.
Dans le
cas contraire, pourquoi autant de philosophes auraient-ils fini par se suicider
ou, tels Wittgenstein, été constamment tentés par l’idée de se suicider – ou encore,
dans le cas le moins grave, par
tomber dans le trou noir de la dépression plus ou moins sévère ?
Tout bien réfléchi, n’est-ce pas une sorte de perte de temps (et
d’énergie) que de s’échiner à convaincre de se respecter et de s’accepter
pleinement des êtres qui ont largement et profondément intériorisé le mépris et
l’aversion d’eux-mêmes ?
La colonisation a aussi été, on l’oublie trop souvent, un lavage
de cerveau radical – de même que son prolongement direct, la suprématie
planétaire qui est celle de l’Homme blanc de nos jours, continue de l’être.
Combien de vrais Noirs de peau croient vraiment, sincèrement,
que « Black » puisse être « beautiful », et se comportent
en conséquence ?
Combien d’Indiens basanés n’envient-ils pas la « chance »
d’être « fair » ("Fair and Lovely") ?
Combien d’êtres dits « de couleur » à être exempts du
quasi « réflexe » de quémander quelque chose dès qu’ils rencontrent
un habitant Blanc (ou même, relativement Blanc) de l’Europe ou de l’Amérique du
Nord, deux continent dont la prospérité (voire le luxe tapageur), la
surconsommation et l’état de progrès technologique les subjuguent ?
Combien de métis(se)s à la peau très claire ou bien relativement
claire et à la culture plus ou moins européanisée (là, je sais intimement de
quoi je parle) cherchent à tout prix à se fondre dans les populations blanches,
bien plutôt que dans les populations plus brunes, ceci afin de diluer, d’oublier
cette « part d’ombre » qui les gêne ?
Tout le monde singe le modèle de développement de l’Occident,
convoite sa prospérité.
Cela « justifie » tous les délires mimétiques (qui,
bien souvent, frisent le grotesque). Comme on le constate.
Alors, à quoi bon aller à l’encontre de cette tendance ?
Faut-il jeter l’éponge ?
Faut-il continuer à se battre pour une « cause perdue » ?
Où est Fanon ?
Les Français
(quelque soit leur « bord » politique) ne comprennent pas ce que leur
haine de tout particularisme peut avoir d’horripilant.
L’un des grands charmes de l’avenir est dans sa dimension de
suspense.
Le sexisme
professionnel est maintenant devenu, dans bien des cas, pour les hommes, un trivial
moyen d’écarter la concurrence.
Pourquoi s’étonner que l’être humain soit si perméable à la
folie et aux autres formes de dérèglement mental et/ou social ? Avant tout
autre facteur, il se trouve que son cerveau est une « machine » de
chair à la structure et aux « réglages » si incroyablement compliqués
et, pour cette raison même, tellement fragiles qu'ils ont de quoi donner le vertige.
La conscience
humaine, l’« âme » s’illusionne d’elle-même. La preuve ? Dès l’époque
préhistorique, chamanique, elle a créé la sensation, et ensuite l’idée de la
dualité chair/esprit (ou encore corps/âme). Un esprit « divorcé » du
corps, ça n’a pas réellement de sens ; toutes les données scientifiques et
(neuro)biologiques actuelles tendent à le démontrer.
Mais on
dirait que l’esprit se cherche tenacement une sorte d’ « indépendance ».
Notre Conscience est parvenue à un tel degré de conscience d’elle-même qu’elle
en est venue à se regarder comme une entité non seulement distante, mais
distincte ; un phénomène propre. Elle a même eu le fantasme de créer des
cerveaux artificiels.
N’y
a-t-il pas lieu, à ce propos, de se poser certaines questions ?
P. Laranco.
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