Regarder,
c’est, d’une certaine façon, prendre possession de ce qu’on regarde. Car, en
regardant l’autre, on a toujours l’impression de s’identifier à lui, de
l’incorporer à soi-même.
Cette
tendance qu’a l’Homme à l’identification avec les autres Hommes, les autres
êtres ainsi que tout ce qui entre dans son champs de vision (ou, plus
exactement, de son champ d’attention perceptuelle) a bien des conséquences.
Le « génie » pourrait n’être (ou même n’est sans
doute) qu’une exagération, une hypertrophie des compétences normales que
possède tout être humain « moyen ».
Un mal
peut enfanter un bien.
Un bien
peut enfanter un mal (comme, par exemple, dans le cas de « l’enfer pavé de
bonnes intentions »). A un certain niveau de recul, il est finalement difficile
de se prononcer sur ce qui est « maléfique », ou bien
« bénéfique ».
En fait,
le « Bien » et le « Mal » reposent sur d’étranges nappes de
sables mouvants. Il semble que leurs liens, leurs interconnexions les rendent
aussi malaisément séparables que s’ils étaient des sortes de siamois, ou de
jumeaux parasites. De plus, ,e sont-ils pas interchangeables selon les cultures
et les mœurs et lois qui s’y rattachent (« Vérité en-deçà des
Pyrénées… ») ?
Donc, nous
les définissons, les départageons en fonction de conditionnements sociaux et
des réactions émotionnelles.
La morale
est le produit des habitudes et de l’égotisme. Emanation d’une société, elle
marque forcément et profondément tous les éléments, c'est-à-dire tous les égos
qui la composent.
Pour vivre
dans une société humaine, il faut vivre selon ses règles et ses valeurs. Et,
pour vivre ainsi, il faut être rigidement persuadé(e) que celles-ci sont
« les bonnes », les seules valables.
Mais, dans
l’absolu, c’est autrement moins évident, plus problématique. Ce que, la plupart
du temps, l’on évite soigneusement de mettre en avant.
Le bien
commun à toutes les sociétés humaines est probablement l’EMPATHIE, qui a ses
racines biologiques profondes dans les neurones-miroirs.
C’est sans
doute elle qui a incité tant d’êtres humains à croire que Dieu était
« Amour ». L’Homme ne peut pas vivre sans liens ; les sociétés
ont besoin de ciments, lesquels sont, au surplus, des justifications de leur
existence. Sans groupe, l’Homme est un Homme mort. Par conséquent la seule
éthique non sociale, non relative, est celle de la solidarité.
Tout le
reste est, sans doute, du ressort des va-et-vient de la plasticité cérébrale.
A chaque nouvelle naissance d’humain, l’humanité doit se
réapprendre.
Ce qui n’est pas un mince travail.
Les gens
n’écoutent pas les conseils ; ils n’écoutent que les leçons de leur PROPRE
expérience – et encore.
La vie en société humaine stimule les neurones. Mais fatigue.
Rien de surprenant à ce que les gens y bouffent, à tire-larigot,
du sucre.
Ami(e) et
concurrent(e).
Voilà
combinaison fragile.
Cela ne me
parait guère très compatible, sinon sur un plan uniquement superficiel et
temporaire.
C’est la
raison pour laquelle je pense qu’un(e) ambitieux(se) démesuré(e) ne possède pas
d’ ami(e) durable (du moins dans la sphère d’activité qui mobilise ses
ambitions). Il/elle ne peut, en effet, s’attacher qu’à lui/elle-même…et à son
ambition obsessionnelle.
En un
sens, on peut se risquer à dire qu’il/elle serait assez proche du psychopathe
et de la personne paranoïaque. A moins que ce ne soit de l’immature.
Je crois
que le vieux mythe biblique de Caïn et d’Abel le touche de près.
La France est amnésique : elle ne retient de son Histoire
que ce qui l’arrange.
C’est là, par ailleurs, un travers propre à l’Homme et à bien
des groupes : sacrifier la lucidité à la fierté, à l’estime de soi un peu
puérile.
Mais un grand pays n’est-il pas en mesure de dépasser ce
stade ?
Imaginer
et se souvenir, c’est pratiquement la même chose.
On n’est jamais d’une seule pièce ; bien des contrastes, en
nous, se côtoient.
Vouloir « décrire » un être humain peut donc s’avérer
une véritable gageure. Toutes les personnalités humaines sont d’une complexité
inouïe et complètement irréductible à toute schématisation.
En un sens, nous trainons tous en nous des morceaux, des
éclatements de personnalités multiples qui cohabitent, ce qui déroute tant
celles et ceux qui tentent désespérément de nous « cerner » que
nous-mêmes (n’est-ce pas un comble ?). Et nous devons « faire
avec » ça.
S’il y a des faits que l’on sera toujours tenté de reprocher à
quelqu’un dont on s’est mis à observer les dires, le caractère, les réactions
et les comportements, c’est, certes, bien son incohérence, ses innombrables
ambigüités qui, parfois, le font apparaitre comme une sorte de
« girouette ».
Mais pourquoi le lui reprocher ?
Et, par-dessus tout, au nom de quoi ? De la magnifique
homogénéité que notre propre esprit (tellement prompt à juger et si effrayé par
le flou, par l’incertitude) renferme ?
Le cerveau humain contient l’aspiration à la cohérence logique
(laquelle, ainsi que nous le savons, a l’incohérence en horreur). Cependant,
les neurosciences comme notre introspection nous le confirment, il est aussi le
siège de tant d’autres phénomènes mentaux – de nature consciente ou
inconsciente – qui sont (et restent) ce qu’ils sont et qu’apparemment, cette
aspiration à la cohérence logique n’atteint que de manière imparfaite !
Le cerveau
humain est un drôle de bricolage ! (*)
(*) Je vous
renvoie, à ce propos, à la lecture, fort édifiante, de l’ouvrage du Pr Vilayanur RAMACHANDRAN, une sommité de
la neurologie internationale, publié en 2011 aux éditions DUNOD, Le cerveau fait de l’esprit).
Toi, toi, toi… tiens, tu me fais rire avec ton
« toi »…Tu ne saurais même pas que tu es toi sans les autres !
Le doute
est un vacillement.
Mais il
est parfois (si ce n’est toujours) nécessaire de vaciller pour repartir ensuite
d’un bon pied sur de nouvelles bases.
Je suis de ceux/celles qui pensent que, si la philosophie a un
but, c’est celui de faire vaciller, de bousculer les certitudes, les
« réponses » encodées dans notre boite crânienne, et non de proposer
de quelconques théories.
la philosophie que j’ai faite mienne tourne juste autour de deux
mots-clés : « doute » et « nuance ».
Revenir au bon vieux Socrate : « tout ce que je sais,
c’est que je ne sais rien » (maxime à laquelle je me permettrai
d’adjoindre, en guise de complément, « ce que je sais, je le sais d’une
certaine façon ») ; et y ajouter la prudence si chère aux
scientifiques.
La « vraie » philosophie commence (et finit ?)
avec l’art d’interroger.
A la
limite, il n’y a pas, jamais, de savoir ; il y a de la recherche.
Aucun sujet n’est voué à être totalement épuisé.
A quoi bon
voyager ?
Les gens
ne sont-ils pas, dans les grandes lignes, bâtis sur un même schéma de base,
tissés à partir du même patron, constitués de variations tournant autour d’un thème
unique, d’une toile de fond qui ne se modifie jamais sinon sur un certain
nombre de détails qui, vus sous un certain angle, peuvent apparaitre comme
dérisoires ?
Quelques
soient les mœurs et autres particularismes (culturels ou bien personnels), c’est
toujours au même animal qu’on a affaire : l’Homme, avec tout ce qui le
caractérise ; pour le « meilleur » comme pour le « pire ».
Tous
parents. Si peu différents.
Est-ce beaucoup exagérer que de dire que, quand tu es une femme,
le monde entier est contre toi (et ce, fréquemment, du berceau jusqu’à la
tombe) ? Comment, dans de pareilles conditions, s’étonner que tellement de
femelles humaines deviennent plus ou moins hystériques, paranoïaques ou aigries ?
Dans le
domaine de la recherche, il faut toujours s’attendre à ce qu’une découverte en
chasse une autre, à ce qu’elle se trouve brusquement remise en question par le
surgissement de nouveaux éléments, de données inédites, voire de nouveaux
paradigmes. Il ne faut jamais s’attendre à ce que quoi que ce soit soit
définitivement acquis. La recherche se nourrit d’incertitudes et de doute, au
moyen desquels elle « avance »,
elle se dépasse constamment elle-même. Le chercheur doit être prêt à tout et prêt
à tout questionner – jusques et y
compris les fondements de son approche, de sa méthode.
La science
est une discipline merveilleuse en cela qu’elle ouvre l’esprit, en le préparant
à une foule d’éventualités, à un écheveau de « possibles ». Elle
apprend à l’esprit humain l’art de marcher sur des a sables mouvants. Elle
entretient sa souplesse.
Vois-tu ce que tu regardes ?
Nous sommes
tous des hypnotisés : Pour voir
quelque chose, pour en prendre conscience, il ne suffit pas que des images
entrent dans nos yeux. Il faut aussi que notre cerveau soit disponible pour les
recevoir. […] Mais nous ne pouvons
faire attention qu’à une chose à la fois, prendre conscience que d’une chose à
la fois (Laurent COHEN, in Pourquoi les chimpanzés ne
parlent pas, Odile-Jacob,
2009). Notre attention est
terriblement sélective. Quant à notre perception, elle est beaucoup plus
subjective qu’on se le figure : Il
est vrai que ce que nous percevons ne dépend pas seulement de ce que nos yeux,
nos oreilles et notre peau [notre
odorat et notre goût] nous apprennent du monde extérieur. Cela
dépend aussi beaucoup de ce que notre cerveau croit, attend et cherche (Ibid). Ainsi,
notre tendance marquée à « prendre nos désirs pour des réalités » s’avère-t-elle
patente, de manière confirmée par les neurologues.
Dans l’inconscient collectif européen, la femme aux cheveux d’un
noir franc et à la peau plus ou moins mate a été associée à la Sarrazine, à la
Gitane et à la sorcière.
Encore aujourd’hui, on lui associe un « archétype »
(pour employer le vocabulaire junguien) de femme active, autoritaire,
ultra-passionnée (voire volcanique), à caractère fort, voire revêche. Tout ce
qu’il faut pour effrayer ces « pauvres petites choses » que sont les
hommes.
Les généticiens des populations ont émis l’hypothèse (ma foi,
fort plausible) que la prolifération des personnes châtains, blondes ou rousses
dans l’aire géographique du continent européen (les péninsules ibérique,
italique, et balkanique et la région circum-caucasienne exceptées) serait la
résultante d’une intense sélection sexuelle extrêmement ancienne, unique dans l’histoire
de l’humanité, et que la couleur claire de la chevelure correspondrait, chez ces
populations, à la persistance d’un caractère infantile qui s’est trouvé, donc,
à ce titre, associé à la douceur, à la pureté et qui aurait, par voie de
conséquence, « rassuré » les mâles. Les anges – et même Jésus – n’ont-ils
pas été, très longtemps après, représentés en Occident comme diaphanes de peau,
dotés d’yeux bleus et de cheveux aussi blonds que la lumière (alors que le vrai
Jésus-Christ devait être, en réalité, très brun) ?
Il existe un fétichisme de la blondeur, couplé à une certaine tendance
à la « diabolisation » de la femme qui vit en Europe et qui n’a pas
les cheveux clairs. Pourquoi tant de brunes et de brunettes méditerranéennes se
feraient-elles décolorer la chevelure, sinon ? Pourquoi aurait-on lancé le
fameux axiome Les hommes préfèrent les
Blondes ? Pourquoi, prenant la lointaine suite des héroïnes médiévales
occidentales et autres Desdémones, Marylin MONROE serait-elle devenue, par le
seul fait de sa blondeur mythique (associée, précisément, à son pathétique
comportement de fragilissime ingénue toujours en demande frénétique de
protection et d’amour) le plus grand des sex-symbols féminins universels (grâce
à la planétarisation de l’industrie cinématographique anglo-saxonne, ce n’est
un secret pour personne) ?
Blonde infantile. Brune « sérieuse ». Tel est le
schéma de l’Occident. Tenacement ancré dans les têtes (blondes ?).
Ailleurs (c'est-à-dire là où réside la majeure partie de l’humanité
qui, hélas, n’a que peu « voix au chapitre »), la Blonde est plutôt
appréhendée comme une « rareté » qui « change de l’ordinaire »
et, de ce fait, attire. Et rien de plus.
P. Laranco.
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