vendredi 17 mars 2017

Quelques considérations...

La Vérité, ça fâche. Ça pique.
C’est hérissé d’épines, comme l’oursin et le cactus. Il faut la contourner, la taire.
(Se) la dire (autant que faire se peut pour l’Homme), c’est prendre un risque conséquent, qui bien souvent, nous effarouche.
Si bien des choses sont (ou sont réputées être) « le propre de l’Homme », le goût foncier, sincère du vrai et de son étalage n’en fait guère, je crois, partie.
L’orgueil et le sens exacerbé du jeu social y font par trop obstacle.





Les gens qui s’imaginent que le « métissage universel » résoudra les problèmes de l’humanité et la « sauvera » se montrent, me semble-t-il, assez naïfs.
Moi aussi, longtemps, j’y ai cru. Puis je me suis penchée sur pas mal de sociétés à vocation multiraciale et multiculturelle, parmi lesquelles celle dont je suis, en grande partie, originaire. Cela m’a permis de comprendre qu’à problème complexe, aucune « solution » simple, simpliste ne s’applique.
Regardez les Etats-Unis, Haïti, et même le Brésil ou Madagascar…
Est-ce que le fait que, par exemple, l’ancienne Egypte était le produit d’un des plus vieux métissages de l’Histoire l’a empêchée d’une quelconque façon de se comporter en nation à l’identité forte, affirmée, voire agressive et conquérante, dotée d’un complexe de supériorité plus que certain ? Est-ce que les nombreux métissages qui ont irrigué le monde arabe empêchent qu’actuellement encore, le Noir y soit regardé, souvent, avec un indéniable mépris ? Est-ce que le métissage (lui aussi très ancien) qui a présidé à la formation de l’Inde (ou des Indes) a pu contrecarrer l’emprise herculéenne du système de castes (dans lequel la couleur de peau joue également, semble-t-il, un rôle assez marqué) ?
Le contact entre groupes ethniques, entre cultures humaines différentes (par l’aspect physique et/ou par le mode de vie) ne va jamais sans tensions, car l’Homme est un être tribal, conçu pour vivre en groupes restreints. Métissez le monde entier et, à mon sens, il y a gros à parier qu’il se formera de nouvelles « tribus », de nouveaux agrégats, cimentés en premier lieu par les liens intimes, les façons de communiquer et la vie commune (le « destin commun »). « Eux et nous », selon la formule consacrée (aussi haïssable soit-elle).
Regardez, maintenant, ne serait-ce que les cours de récréation et les bandes (ou gangs) spontanés de jeunes…
Et pourquoi la « fièvre du foot », lequel cristallise l’opposition (certes, sous une forme canalisée et atténuée) de deux équipes ?





Tout le monde a « droit au bonheur » (illimité de préférence), et, de surcroit, chacun  trimballe  son « bardât » de problèmes.
Du coup, l’on n’a jamais vu autant de gens privés de solidarité et de chaleur humaine, isolés et donc encore plus enferrés dans leur pelote de problèmes, et par conséquent…malheureux.





Nous nous battons tous (entre nous) pour une Vérité en confettis, en parcelles. Pour des confettis, des (micro)parcelles de la Vérité, qui ressemblent à du persil haché menu.





Quoiqu’on en pense (quoiqu’on VEUILLE en penser), c’est le passé (ou plutôt la « chaîne des passés ») qui fabrique le présent. C’est l’Histoire (connue ou non) qui a le pas sur toutes les volontés, sur tous les mythes.





« Se faire respecter »…voilà une expression qui en dit singulièrement long.
On ne devrait jamais avoir à l’employer, à ce qu’il me semble.
Si l’Homme était vraiment humain, vraiment réalisé pleinement, le respect n’irait-il pas de soi ?





L’écrivain (qu’il soit poète ou prosateur) a une double vie. Celle qu’il/elle vit de façon commune, semblable à celle de tout un chacun. Et celle qui se déroule dans sa tête et qui, si souvent, cherche à avoir le dessus sur la première.
On peut dire qu’il/elle est partagé(e), voire tiraillé(e) entre deux « dimensions » distinctes.
Et, forcément, son effort pour créer d’autres mondes lui « bouffe du temps », et empiète sur sa capacité à pleinement « vivre sa vie ». En un sens, tout écrivain (ou  « écrivant ») passe peu ou prou à côté de sa propre existence.






Un grand esprit et un esprit mesquin ne sont absolument pas incompatibles. Ils peuvent parfaitement cohabiter dans un seul  et même corps, dans une seule et même cervelle. L’Homme est compliqué de nature. C’est comme il le peut qu’il s’accommode de ses propres contradictions – y compris les plus improbables, les plus malaisément gérables. Je trouve passablement amusant le fait de savoir que la logique est, en fait, l’ « invention » d’un organe composite, bourré de « compartiments », d’ « étages » et de connexions neurales  aussi plastiques que capricieuses. Certaines parties du cerveau sont obsédées par la cohérence, submergées par leur volonté, par leur besoin de « trouver du sens », de la netteté. Ne seraient-elles pas mieux inspirées si elles mesuraient davantage  combien l’ensemble dont elles font partie est, par bien des côtés, un assemblage hétéroclite ?





La Vie. Résistante et fragile. Stimulée par sa propre mort.
Créative. Ingénieuse. Invasive. Dynamique. Tenace et acharnée.
Mortelle, oui, mais vouée, dans son entier, au contournement, à la mise en échec de l’entropie. Pourquoi la Vie se complexifie-t-elle sans cesse, s’adapte-t-elle sans cesse, si ce n’est pour cette raison ?
L’aspiration de la Vie pourrait bien être l’immortalité (relative).
La Vie a mis de son côté un maximum de solutions (qui n’étaient autres que des « réponses »), pour se donner la chance de survivre.
L’intelligence humaine et la robustesse des extrêmophiles (aussi remarquables l’une que l’autre) en sont de fameux exemples.
Peut-être la Vie mériterait-elle davantage qu’on l’appelle « Survie » plutôt que « Vie », en définitive.
Je pense qu’elle continuera à trouver des solutions et des parades. Quoiqu’il advienne. Car elle est, bien sûr, loin d’avoir épuisé tous ses potentiels.
C’est l’espèce humaine qui est incluse dans la Vie, et non le contraire. Evidemment, avec le côté lui aussi invasif de notre présence et de notre « intelligence » étonnante mais quelque peu mégalomaniaque, avec les dommages qu’il cause en ce moment même, nous l’oublions un peu.





L’illusion est toujours tentante.
Il faut savoir y résister (dans la mesure du possible, compte tenu de notre nature). Soit parce qu’elle est susceptible de vous exposer au franc ridicule, soit encore, entre autre, parce qu’elle vous laisse les mains nues une fois évanouie.
Plus elle a été tenace et conséquente, plus le deuil peut en être cuisant.





Quel est le rapport entre le Temps et la dégradation des choses ? Le Temps existe-t-il parce que les choses sont en état de changement perpétuel, parce que l’univers (au sens cosmologique du terme) est pris dans un vaste mouvement dynamique (EST un vaste mouvement dynamique) – ou bien est-ce plutôt le contraire ?






Pour nombre de gens, les territoires de l’amitié ou de l’amour s’arrêtent là où commence celui de leur egomanie.





En général, ce ne sont pas les femmes qui accrochent le regard  des hommes. Ce sont bien plutôt les poupées de chair, plus ou moins interchangeables.
En avez-vous déjà vus beaucoup qui se retournent dans la rue (à la vitesse de l’éclair) sur une obèse, une mal fagotée, une ridée à cheveux gris, une qui tire un peu trop la tronche ou une un peu trop « androgyne » ? Ou encore une qui porte le voile ?
Examinez la « panoplie » de la séduction féminine officielle, homologuée et vous n’aurez pas le moindre mal à constater combien elle est rigide, stéréotypée à l’extrême, et combien, partant, le désir masculin est prévisible, répétitif.





Je me méfie de l’attachement. Comme de toutes les choses qui accaparent.
Comme de toutes les choses qui vous exposent à la sensation de manque, de perte, de dépendance.







P. Laranco.





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