Source : allevents.in
Après un « Mot de l’éditeur » (Gérald COMPÈRE), une
présentation de W. VIXIMAR, A.K FECZIL et W. MOÏSE et un prologue de R. NDEBI,
nous entrons dans le vif du sujet.
Pierre Richard LAVILETTE, de son nom de plume Peter CENAS est,
on le repère d’emblée et tout au long de son recueil élégiaque qui verse
volontiers dans la veine surréaliste ou, à tout le moins, « surréalisante »
au plan de l’expression verbale, est un poète jeune, plein de fougue. Il exhale
son amour incandescent, plus que passionné pour une femme (ou pour LA FEMME en
général – parfois, l’on ne sait pas trop bien) dans une sorte de grand souffle
qui ne recule pas devant la démesure, une démesure presque « cyclonique ».
Dans ses poèmes en vers libres ou dans ses textes de prose
poétique échevelés, il idéalise la jeune femme aimée – que dis-je ? adorée
(Ô
elle n’est pas humaine), magnifie les fièvres et douceurs sensuelles qu’elle
lui fait (ou lui a fait) vivre et, dans des termes baroques et riches qui ont
quelque chose de fascinant, exprime ce qui ronge son esprit par ailleurs
manifestement tourmenté, poussé à la quête : une aspiration à la fusion,
tant érotique que « spirituelle ».
On peut sans peine voir en cette œuvre un « cri de manque »,
une manifestation de souffrance liée à l’incomplétude (ontologique ?) :
Ô
ces nuits de vide ; […] des
tonnerres de vide ; Tous les
trottoirs somnolents / Murmurent ton départ / Les grands carrefours / N’offrent plus ton souffle […].
Malheureux un peu à la manière des poètes français de l’âge du
Romantisme ou même des « poètes maudits » ( […] je serai éternellement un
rêve avorté, un navire fracassé ; car la vie ne m’aime pas. Je ne l’aime
pas non plus.), exalté, possédé, il voit en la personne de l’aimée un
facteur de consolation, de réparation quasi vital, mais aussi une créature
obsédante, dont il ne peut pas se déprendre ; en cela, on peut penser qu’il
exprime la dualité propre à tous les amours-passions.
C’est tout à fait volontairement qu’il se laisse emporter par
ses mots, qu’il s’accroche, en quelque sorte, à la magie du verbe ; il a,
on le sent là encore, avec les mots, un rapport extrêmement sensuel, qui
implique la délectation : par-delà sa fonction strictement expressive, il
aime le mot pour lui-même.
Habité par une espèce d’errance d’âme en peine un peu labyrinthique
qui, dit-il, chemine A l’ envers de toutes les ruelles /
endormies de son île où il
cherche, en vain, la délivrance, il fait énormément référence aux éléments
naturels (mer, nuages, vent, arbres, nuit, astres) dans ses métaphores – à l’instar,
du reste, de beaucoup d’autres poètes de chez lui.
Malgré, ici et là, quelques menues maladresses sans doute
imputables au trop-plein de fougue, Peter Cénas m’apparait, au travers de ce
livre, comme un jeune poète vigoureux, spontané, tout à fait capable de rendre
les déchirures qui le hantent ; par conséquent, plein d’avenir. Il faudra
le « tenir à l’œil »…
Pour s’en convaincre, ne suffit-il pas de découvrir des pépites
telles que A l’heure où la lune / Allumera
sa lampe / Sur le dos des chauve-souris ? Ou encore :
[…] étoiles / En vêtement de nuages,
[…] la frimousse d’ange hurluberlu d’une
nébulosité,
[…] l’écorce bleutée du ciel,
Je trépasserai en galopant contre l’existence,
[…] un zéphir noctambule,
[…] le sauve-qui-peut / Des étoiles,
Quand le vent / déhanche les forêts,
[…] la mousse des nuages fébriles,
[…] ton odeur / Un nuage de toi / Jeté sur
mes paupières ?
P. Laranco.
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