Les âmes sont d'une même chair,
d'un même esprit, soudées, mêlées, il n'est rien entre elles, pas même
la lumière, la lumière pure des aubes, pas même le temps, le temps et
ses ornements, rien qui puisse s'immiscer entre elles, absolument rien
et pourtant, par la force d'une volonté, elles se séparent, désormais
âmes distinctes, âmes qui ne connaissent de l'autre que la nostalgie de
l'union primordiale, âmes qui ne savent pas, qui ne peuvent savoir, ce
qu'elles sont et ainsi commencent leurs errances, des errances sans fin,
d'un lieu à l'autre, d'un corps à l'autre, d'un désir à l'autre, ces
âmes sont assoiffées et s'abreuvent à ces sources qui leur procurent
tout sauf l'apaisement mais cela ne les empêchera pas de toujours chercher,
cela ne les empêchera pas de s'affranchir de toutes les limites, de
toutes les frontières pour se retrouver même si elles ne savent le sens
de leur quête, il n'est de plus grande blessure que celle des âmes qui
errent en quête de ce qui est sans être et quand un jour, par la force
d'une volonté, elles se reconnaissent, elles se mettent à souffrir car
si l'exil n'est enfin plus, commence un autre exil parce que cette union
ne peut être de ce monde, l'un se contemple dans le miroir de l'autre,
miroir qui ne cesse de se briser en des milliers de fragments, il n'est
d'union possible alors qu'elles sont au plus proche, l'un de l'autre, et
il n'est que la mort qui puisse les réunir mais la mort ne leur appartient
pas et en attendant elles sont condamnées à la souffrance, condamnées à
s'aimer sans pouvoir s'aimer, condamnées à se désirer sans pouvoir
achever ce désir et quand un jour survient la mort ce n'est alors plus
la mort mais une extase, ce n'est plus la mort mais un festin, celui des
âmes errantes qui se retrouvent, qui se mêlent, qui deviennent un, à
jamais inséparables, qui se connaissent en connaissant l'autre, qui
s'aiment en aimant l'autre, l'un le miroir de l'autre, une union
parfaite, par la force de la volonté, volonté créatrice, volonté
destructrice, volonté de l'amour, l'amour qui unit les âmes, les âmes
errantes, l'amour qui est le sens de cette volonté.
Umar TIMOL.
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