Qu’elle bondisse sur la plage ou des rocs, en lisière de nuit (la nuit
fût-elle ravagée) jamais nulle vague n'assèche. Lointain, limites à
outrepasser, tous vocables liés à la vue, le garrot en est desserré, déferlante
après déferlante, au ressac comme à l’afflux, par crédit d’oreille précise. La
fièvre, le serein, le flot inséparable : le perpétuel n’est que par la rumeur
saline. Ce sera parfait nocturne, fourré dense où
battent les grands poulpes et grande nappe éblouissante si, avec le halètement
des vagues dans la tête, on en sent la résonance et la dévastation parmi le
souffle issant de nos poitrines : sans cesse en eux s’abreuvent nos paroles,
les inventrices du désir, des huées, des silences d’angoisse, des vastes éclats
de larmes jubilants, sans cesse d’eux nous recueillons ces inflexions
aventureuses du gouffre et de la cime par grain violent, sous la mitraille du
poudrin, jeunesse musicale des eaux ivres, dansantes et nues d’où naît l’aurore
fluctueuse et véhémente assoiffée d’opulents ruisseaux. Peut-être ainsi
pourrons-nous affronter le calme plat préludant à une croisière heureuse.
François LAUR
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