Ce qui me plait en saison de froidure, quand "le cri du pinson a des
notes de gel", c’est la saillie sombre et nette des branchages sur fond de
nuages pour ainsi dire opaques (ou faiblement diaphanes) alors que la lumière
atténue ses tons, leur amalgamant des bistres mats, comme fumés, qui créent
avec ce presque noir un jeu marqué de différences. On songe à un ancien
grimoire dont les inaltérables pigments dessineraient sur l’étendue les strophes
hermétiques de quelque bois sacré. Il n’y a là, cependant, que métaphore
désuète, tout comme celle qui discourrait de pattes d’araignée géante ou
d’étiques membres clamant, tors, leur navrure. Nul rêve dans sa fleur ne meurt
dans nulle branche ; vraiment, la moindre ramille, pour nue qu’elle soit, n’est
juste que ramille : ange de rien, ni auspice. Certes partie prenante de la
respiration cosmique, roide dans l’air désert, vierge de tout espoir, elle est.
Mais quel feu dans l’âtre ne fait-il pas peu ou prou bruit de voilure ?
François LAUR.
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