La solitude n'est pas que l'absence du
lien à l'autre, elle est le rapport fondamental de l'être à l'infini et à sa
mort. Elle est la mise à nu de sa précarité, elle sert à lui révéler ce qu'il
est, sa nudité parfaite sans les masques qui ornent son corps. Les masques sont
nombreux et ils n'ont pas nécessairement un caractère illusoire, leur fragilité
tient au fait qu'ils sont de l'immédiateté, qu’ils sont éphémères, qu'ils
inscrivent l'être dans une euphorie qui ne peut durer. Ainsi le regard de
l'autre, le sentiment de posséder la matière ou encore les extases qui signalent
sa présence au monde. Ces masques ont un sens mais la méprise de l'être est de
croire qu'ils sont « le » sens dans son absoluité. Il renoue
toujours, à un moment ou à un autre, avec sa solitude et elle lui semble
d'autant plus exacerbée. La chute, quand elle arrive, inéluctablement, est
d'autant plus cruelle. L'être ainsi ne parviendra à se défaire de cette
solitude qu'en crevassant son corps pour qu’y puisse s'y déployer la volonté de
Celui qui l'a créé, pour qu'il fasse sienne Sa volonté, pour que Sa volonté
soit indissociable de la sienne. Et pour ce faire, il doit œuvrer à son
dénuement, son propre silence, par contemplation et prières, il doit parvenir
aux marges de soi-même et des autres, corps affamé, assoiffé par le jeûne,
corps devenu enfin cette terre où s'enracine la volonté du Créateur. Volonté
dont la substance est faite d'amour, du souffle de l'amour, amour inscrit
depuis toujours en l'être, amour qui s'éveille en présence de Son amour, corps
devenu amour, amour de soi, amour des autres, plénitude incommensurable, amour
qui l'emplit entièrement, amour qui est l'axiome de sa moindre trace. La
solitude ainsi n'est plus. Et l'être peut alors commencer son pèlerinage, qui
est de taire la solitude des êtres et du monde, par la force de Son amour.
Umar TIMOL
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