Je
rentre dans le ciel bleu
D'où
chutent les circulations lentes
Du
soleil
Que
n'apprivoisent pas celles
Plombées
mais galopantes
Des
véhicules en proie
A
de vertigineuses
Courses
Vers
des horizons serrés
Par
des ailleurs
Improbables
Pour
un temps apparemment libéré
Du
travail – mais
Qui
convoie
A
l'oubli de l'hier
Mais
se retrouver hors des ombres
Conduit
combien d'hommes
A
ne rien voir
Des
variations de la lumière
Qui
pourraient rythmer
Pour
eux
Une
passe lente du temps
Serait-elle
vraiment ailleurs
Et
pour combien d'hommes fiers
De
leur autonomie ?
Lignes
de fuite pour échapper
Ne
serait-ce qu'un jour de plus -
A
la fixation par la vitesse aveugle
De
l'intime et secrète vie
De
leurs désirs
Non
! Prendre au calme soleil
Prendre
à ce jeu d'ombres et de lumière
Glaner
tranquillement sa durée
Ses
formes en douces stries
Variables
et musicales
Sur
les murs
Secrets
Sur
les fenêtres sorcières
Sur
le macadam
Fiévreux
Sur
les herses d'arbres dénudés
En
saisir ainsi de l'inamovible
Règne
courant immobile
Du
travail :
L'univers
des songes et laisser
Fluctuer
le sauvage
Cours
du monde
Ne
pas tomber dans ce semblant imperturbable
Et
obscur – d'une réalité dévolue
Au
trafic
Mais
l'oubli qui ne crie pas
Qui
ne chante pas ? :
L'oubli
de l'oubli
Fondu
Dans
un soleil comateux de l'être
Il
court vers les nids
Repus
Du
laisser paraître
Ô Temps des vitesses qui ne s'accordent
Qu'avec
la rotation à sens perdu
Fermé
à tout horizon
De
la ville !
Ô Temps de tous les paraîtres
Infirmes
de leurs pensées oubliées
Vite
– très vite !
Le
trafic est là
Mais
la totonomie se blesse
Dans
les fractures
Insondables
Des
cœurs
Ah
! Lancer son char comme en triomphe
Total
de l'autonomie
Chaque
course en vedette de soi-même
Chaque
voyage charriant les nerfs
A
bout de corps fendus
Dans
l'enfer
Du
mobile tendu
Par
la soif
De
la fuite
Sans
rémission autre
Que
l'infect paradis
Du
tout consommable
Et
cela consume - paralyse
Pensée-
Amour - Désir
Et
cela tue le possible
Partir
à jet continu
Éjaculer
l'instant
Comme
si c'était
A
chaque fois
Le
dernier soupir des dieux
Ne
jamais entrevoir
Un
ciel autre
Que
dans la tempête intériorisée
De
l'oubli de l'oubli
Pourtant
… Ah ! Couper court à tout ce fictif
Devenu
réalité et … :
Traverser
l'instant
Jusque
dans la fidélité
A
l'éveil
Où
demeure tout guetteur
De
tout hasard
Constructif
Chercher
cependant la chair des âmes
Comme
si jamais elle ne devait
Scissionner
Et
… Là – dans la présence au monde
Pourrait
alors souffler
Aux
lèvres
Le
doux bruit
Du
temps d'un baiser
Livré
aux passades concrètes
Du
désir demeuré
Désir
Mais
trop attendre et juste vouloir
Sauter
dans la jouissance
Dès
que l'on vous
L'ouvre
:
Cette
porte - c'est se livrer
Aux
promesses du trafic
Et
courir tout droit
Vers
la désespérance ! Ô Combien
Obsédante
avec sa nostalgie
Des
songes jamais
Réalisés
que
Dans
l'aboiement feutré
Du
plaisir arraché
Au
long désir
Pour
décharner ce qui pèse :
Cette
indépendance
Solaire
D'un
corps demeuré corps
Dans
la pensée
Alain MINOD.
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