La splendide couverture sombre de ce recueil de près de 100
pages reflète bien sa nature. Avec cette nouvelle œuvre, où chaque texte reste
fidèle au style « tailleferrien » fait d’une combinaison de prose et
de vers libres, le poète-philosophe nous offre un livre grave, aux allures de
bilan.
Empathique et toujours en retrait, désabusé et cependant
toujours porteur de tant d’espérance,
résigné et cependant immensément interrogatif (Devant toutes ces choses faut-il se contenter d’exister ? ; Peut-être vaut-il mieux / Vivre sans rien
savoir / Mourir sans comprendre), inquiet qui pourtant sait s’abandonner
aux menus mais denses bien-êtres du « carpe diem », Richard se décrit
comme un homme qui, à présent, chemine vers le soleil couchant.
Voilà qui, sans doute, exacerbe encore son énorme attention aux
choses qui l’environnent, de même que sa conscience aiguë de ambiguïté de l’univers,
cette forêt de paradoxes.
Quelle est la nature de la réalité ? Dire simplement ces choses si complexes est-il seulement
envisageable ?
Quid de cette Tranquille
turbulence que cette sensation d’être ou pas. ?
Malgré sa lassitude, sa solitude,
Richard continue de chercher. Il peut tout aussi bien vous parler du péril que
représentent les soubresauts xénophobes qui agitent le monde occidental ou de
la tragédie des réfugiés en provenance du Tiers-Monde que des charmes de son village, de sa Provence qu’il aime avec
enracinement, avec chaleur. Bien que contemplatif, distancié, il ne cède pas à
l’indifférence. Tout l’interpelle et néanmoins il ne se laisse submerger par
rien. Même pas par le sentiment de manque, de perte, de fragilité qui demeure
très présent dans son écriture.
Que savez-vous […] ?, s’interpelle-t-il
lui-même. Nous interpelle-t-il.
Lui, au moins, sait que Le
réel / Est plus invraisemblable / Qu’une métaphore hasardeuse.
L’humble Richard, l’homme (le sage, devrait-on dire) qui n’attend plus rien et qui […] apprend à passer (quelle expression
magnifique !) apprivoise son propre mal-être : Ce que je crois savoir est toujours si différent de ce qui est. Lourd de pensées muettes, il connait l’opacité
de l’inexprimable, de l’incommunicable, de l’inaccessible, et « fait avec ».
Il fait défiler les souvenirs, les évocations relatives à sa vie
et à sa routine (et c’est en cela que ce recueil constitue, aussi, un livre
très personnel) d’oiseau solitaire qui
aime les autres, mais avec une pudeur touchante. Il célèbre Ce bref petit instant d’immortalité fugitive
qui, au fond, peut-être, résume tout le reste.
Un livre souvent poignant qui a de quoi nous laisser pensifs,
nous faire réfléchir.
P. Laranco.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire