Je n’ai d’autre remède que de vivre. Je n’ai pas d’autre
alibi. J’écoute le tic-tac crépitant de l’horloge avant que l’oiseau ne sorte
de sa boîte à musique. Je rallume pour la énième fois ma pipe qui jamais ne me
quitte. Gestes mécaniques d’une vie qui se consume peu à peu à chaque bouffée
d’air et de nicotine. Esclave cardiaque des voluptés malignes qui me rongent le
corps. Pourtant que la nature est ardente. Soleil et pluie, ce vent dans les
cheveux qui me frôle et me donne une allure
d’épouvantail ravis de son sort. J’attends que l’on m’ouvre une porte à travers
ce mur qui me fait face et me nargue sans vergogne. J’aspire à une chose ou
l’autre. Me rendre utile en pleine lumière, simple petit sujet anonyme de cette
immense fourmilière qui m’engloutie. Je ne me soumets pas à la fatalité des
insuffisances divines. Je voudrais tout voir, tout connaître.
Lire dans tes yeux le
fait que j’existe.
Richard TAILLEFER.
In PoéVie Blues, Editions Prem'édit,
2015.
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