jeudi 16 avril 2020

Philovrac.




Toutes les civilisations peuvent être ébranlées. Et marcher sur la lune ou comprendre les lois de l’Univers n’y changent rien.





Ce qui est, ce que l’on perçoit est sans doute une déformation d’autre chose.
Mais cela en a-t-il pour autant un besoin d’explication, une « cause première » ? Pas sûr.
N’oublions pas que l’explication est une exigence humaine.





Penser vite…ce n’est pas automatiquement penser bien. Tant s’en faut.
Toutefois, cela peut l’être. Quand le cerveau qu’on ne sent pas penser s’en mêle.





Tous ceux qui cherchent à nier la complexité de l’être humain (et de chaque individu appartenant à l’espèce humaine) ou à la réduire d’une façon ou d’une autre me semble, d’emblée, suspect. Suspect d’erreur. Et de paresse, mentale autant qu’intellectuelle.
Aucun être humain ne peut donner matière à réduction, à action réductrice.
Tout homme, femme, enfant, vieillard a, à mon humble avis, droit à ce qu’on le reconnaisse dûment dans sa totalité, même complexe, même contradictoire. C'est-à-dire qu’avant de le reconnaitre – et pour le reconnaitre, on ait fait, d’abord, l’effort de le connaître (autant que faire se peut, bien sûr).





Chez l’Homme, il semble que le développement du cerveau, du mental ait provoqué une sorte d’ « OPA » sur l’ensemble de l’entité biologique, ou physiologique.
On a l’impression que c’est cet organe – le plus complexe – qui a « pris le pouvoir », entrainant, de ce fait, en quelque sorte, une manière de « divorce », de perception d’un clivage entre la chair et l’esprit  qui se retrouve, à des degrés divers et sous différentes formes, au sein de toutes les cultures de l’Homo sapiens.





Être une femme créative, c’est, un peu, se trouver seule contre tous – et toutes.





Il est normal que les femmes finissent assez souvent par « s’aigrir » avec l’âge. Toute leur vie, on les surveille, les sous-estime, on leur fait la leçon.





On peut tout affirmer (et même son contraire) sans grand risque de faire erreur.





La peur de la mort résulte de la conscience de former une entité. En nous, ce qui refuse, ce qui s’angoisse jusqu’à la terreur profonde de l’anéantissement, du néant, c’est sans doute la conscience de soi.
Vous pouvez toujours dire à n’importe quel humain qu’il ne sera jamais complètement mort. Que les atomes, les molécules qui le constituent seront juste recyclés dans d’autres entités, dans d’autres ensembles et processus. Il n’en demeurera pas moins que, viscéralement, tripalement, sa terreur ne se dissipera point. Tout simplement parce que cette terreur est celle de ses sens, et de cette synthèse de ses perceptions (internes et externes) qu’est son sentiment d’identité, autrement dit la conscience de sa propre unicité qui l’habite.
Sa conscience lui dit qu’il a un corps unique et séparé du reste du monde.






Il est frappant de voir combien l’être humain s’accroche facilement à tout détail de sa propre identité, de sa propre vie susceptible de nourrir en lui quelque sentiment de supériorité.





Certains poètes et artistes sont d'un égocentrisme quasi "autistique". Est-ce de l'immaturité ?...Est-ce une forme (mineure) de divorce avec la réalité, de "schizophrénie" ?





Je n'ai qu'une certitude : le doute. Que j'entretiens comme un feu.
Et qu'une seule vraie religion : la contemplation du cosmos. De sa profondeur sans mesure. Dont j'apprécie tant qu'elle m'écrase.





Il y a au moins un avantage que les "pessimistes" possèdent sur les "optimistes" : en cas de déboire, ils n'ont pas d'étonnement, puisqu'ils s'y attendaient; en cas de bonne fortune, par contre, ils sont assaillis par la surprise, mais à niveau double, triple, centuple : c'est une explosion de bonheur.





Il faut être très (voire trop, voire même beaucoup trop) sérieux pour se laisser aller à l'humour.






La solitude, c'est, entre autres, tout ce qui souligne que vous êtes incomplet.





Il y a peut-être un continent supplémentaire : celui des mots.





Apprendre à s’accepter tel qu’on est, avec ce qu’on a, et ce qu’on n’a pas. Cesser de chercher à imiter l’autre. C’est peut-être une mission impossible pour l’espèce humaine. Car c’est la mimésis qui construit le membre de l’espèce Homo sapiens. Et la mimésis ne va jamais sans l’identification à l’autre.
Tout ceci est, on le soupçonne, une affaire de neurones-miroirs.
Le nourrisson normal répond toujours au sourire en souriant à son tour, et se met à hurler lorsqu’il perçoit le chagrin ou tension, la colère chez ses proches et chez ceux qui l’environnent. Ensuite, le jeune enfant cherche, comme par réflexe, à s’emparer du jouet que tient le petit camarade qu’il côtoie. Nous sommes d’ailleurs, sans doute, là aux racines de la vie sociale.
C’est également par imitation que le jeune enfant acquiert le langage.
Même quand il se « pose en s’opposant », l’humain reste tributaire d’un modèle, qui est sa référence. L’Homme ressent toujours, à un degré quelconque (qu’il se l’avoue ou non) une pointe de dépit lorsqu’il constate qu’un ou plusieurs de ses semblables possèdent des biens, des aptitudes ou jouissent de situations dont eux-mêmes se trouvent dépourvus.
La « différence » réveille toujours en lui, d’une façon ou d’une autre, son réflexe mimétique.
Le fameux « Pourquoi lui/elle, et pas moi ? » n’a pas d’autre origine.





Le fonctionnement tout entier du monde actuel repose sur une DOMINANCE, elle-même issue d’une prédation sans précédent dans l’Histoire de l’humanité. Pour le reste, j’oserai presque ajouter « Point barre. ».





« Partout où il y a de l’homme, il y a de l’hommerie » (proverbe québécois).
Partout, le même ego, la même malhonnêteté intellectuelle, morale qui consiste à esquiver toute responsabilité (même réelle) en clamant « c’est de la faute de l’autre/des autres » tout en se répétant, plus ou moins bas, obstinément, comme un axiome de méthode Coué, une sorte de principe cardinal « Je suis quelqu’un de bien, d’innocent, d’irréprochable » et, accessoirement,  en récoltant les non négligeables bénéfices que vous fait obtenir la position (la pose ?) de victime. Blancs, Noirs, Asiatiques, métis de toutes les combinaisons d’ethnies…hommes, femmes, gens âgés, adultes, jeunes, « ados » des deux sexes…riches, pauvres ou encore membres de la « middle class », individus instruits ou non, personnes « douées », dans la moyenne intellectuelle ou en-deçà d’elle…Toute différence, sur ce plan-là, est dérisoire ou inexistante.
Nous sommes tous bel et bien « parents » dans l’estime de soi et dans le manque de lucidité, qu’elle soit consciente ou inconsciente.





Tout comme le féminisme (à tout le moins sous une certaine forme, celle que la sociologue Françoise VERGES nomme le féminisme civilisationnel), le pacifisme est désormais habilement instrumentalisé par la bourgeoisie euro-étasunienne à la tête du capitalisme mondial.
Il est vrai que le vingtième siècle a été un siècle d’atrocités sans nom durant lequel la violence a atteint des paroxysmes difficilement dépassables (quoique, avec l’être humain, en matière de « dépassement », l’on ne puisse jamais jurer de rien) : deux guerres mondiales apocalyptiques, une guerre froide sous menace nucléaire permanente de 44 ans, une pléthore de régimes sanguinaires (hitlérisme, stalinisme, maoïsme, polpotisme, dictatures africaines et latino-américaines, khomeynisme).
Héritière du mouvement hippie des années 1970, l’horreur de la violence (inspirée par Gandhi, Martin Luther King et, surtout, le Dalaï-lama) irrigue à présent la pensée mainstream des prospères habitants bien en sécurité de l’Occident démocratique de tradition humaniste judéo-chrétienne.
Mais, derrière ce mot d’ordre plus ou moins explicite du « pas de violence » et l’impératif consensuel qui en découle, que peut-on lire aussi, sinon « pas de bouleversement ! », « on ne touche à rien ! » ?
Sous prétexte d’éviter tout risque d’instabilité et/ou de violence, on condamne ou l’on se méfie de tout ce qui en vient à dénoncer le statuquo. C’est là, bien sûr, une attitude de population vieillissante, gavée, hyper-individualiste, qui cherche à se faire passer pour sage.
Mais, tout en même temps, cela fait bien l’affaire du capitalisme et de la ploutocratie.
Pacifisme et « promotion » de la femme font d’ailleurs assez bon ménage. On ne peut nier que les femmes sont nettement plus réticentes aux bouleversements trop brusques et à la menace de chaos létal qu’ils représentent.
On sait que les soulèvements entraînent volontiers les guerres civiles, que les révolutions issues de la colère lâchent volontiers la bride aux terribles molosses de la violence aveugle. Ils sont aussi destructeurs que peuvent l’être des ouragans ou de forts séismes. Et, bien sûr, plus le changement qu’ils recherchent est radical, plus ils seront déchaînés et porteurs de graves risques au plan humanitaire.





Les déveines aident à ne pas trop attendre de la vie.





La « vérité » (si tant est que ce concept recouvre quelque existence réelle) n’est pas faite pour plaire. Ce n’est pas son rôle.





Si je suis relativiste, c’est sans doute, entre autres parce que, quand on se hausse à une certaine échelle, on s’aperçoit qu’il y a mille et une façons de regarder et d’INTERPRETER le même objet ou le même phénomène.
Parce que le monde me fait l’effet d’un gigantesque œil multifacettes de mouche.





L’une des caractéristiques les plus notables du privilégié est qu’il est exigeant. Avec cela, il a tellement l’habitude de sa bonne et confortable petite vie sécurisée au maximum qu’il ne sait plus faire face au risque et que tout imprévu le désarme.
Au fond, il rêve d’un monde entièrement sous contrôle humain et entièrement soumis à ses espérances, à ses  caprices de personne, à son niveau le plus élémentaire, ce qui est irréalisable (ex : la nature, loin de « plier », de céder, d’obéir aux efforts de sa technologie envahissante, y réagit en se déréglant).





Le privilégié s’imagine toujours MERITER ses privilèges.
Là, il les tient de l’ordre cosmique, de la volonté divine (sexisme, système de castes).
Ici encore, ils lui sont dus en vertu de réalisations (supposées) dont la  société lui est redevable, notamment du fait de son « travail » (comme dans nos démocraties-méritocraties aux dés pipés).
Quoi qu’il en soit, il faut, dans tous les cas, qu’il trouve les moyens de les justifier, de s’auto-persuader que tout, en ce domaine, est dans l’ordre des choses. Ainsi, dans le cas de la colonisation désormais transmutée en mondialisation libérale, la prédation et son effet, la mainmise généralisée de la culture occidentale sur tout le reste de la planète se vit-elle et se voit-elle encore justifiée par un prétendu « devoir civilisateur » chargé de répandre le « progrès » technique (« développement ») et le progrès humaniste , incarné, comme il se doit, par la démocratie dans sa version marchande. Quand la justification et la diabolisation des éventuels opposants/adversaires ne marchent plus, elles auront alors recours à l’usage de la force la plus brutale et, bien sûr, la plus techniquement avancée.





Qui nous dit que la Vie terrestre n’est pas, dans son entier, « intelligente » ?





Le documentaire projeté le 21 mars 2020 sur la chaîne TV ARTE concernant le BLOB, cet étrange unicellulaire ni plante, ni végétal, ni animal très glouton qui, forcément dénué de cerveau, présente cependant  de nombreux signes d’ « intelligence » (au point que le titre du film le surnomme « génie sans cerveau ») m’a laissée tout à fait songeuse.
Et si l’intelligence commune à toutes les formes de Vie ?
Et si elle avait précédé, en fait, d’un sacré bout de temps le réseau de neurones qui fait notre fierté ?
Si les blobs sont « intelligents », que dire des bactéries et des virus, autres unicellulaires ?








P. Laranco.
















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