Ce septième recueil poétique de Marie-Lise Corneille, ainsi que le signale son préfacier Alain
TUGAYÉ, compte environ 130 pages. Divisé en cinq sections, il rassemble près de
100 poèmes, majoritairement courts, dont la lecture m'a été, je dois l'avouer,
fort plaisante.
La Nature,
l'élan vers le ciel, la présence de nombreuses descriptions de paysages
habilement transfigurés par le regard et par le verbe d'une authentique poète,
un certain sens de l'ironie, l'affleurement de discrètes touches de sensibilité
"philosophiques", lesquelles savent instiller juste ce qu'il faut
d'interrogation sur le sens de la vie, qualifiée par l'auteure de Jeune
Mystérieuse ( L'être humain ? // Un souffle // Dans une chair
/ Gavée d'étoiles; Toute joie vécue / Est peine // D'être passée; L'éphémère
est la racine de l'éternel ), un véritable "feu d'artifice"
de métaphores qui se détachent comme autant de pépites dotées du pouvoir de
nous ravir sans doute parce qu'elles semblent, littéralement, nous "sauter
au visage" ( Le vent solaire fouille les aspérités des /
montagnes; [...] le triangle tranchant / Des oiseaux migrateurs; [...]
la morve du jour; La mer, grande huître grasse; Noisettes
de pluie; Au couchant / Les arbres sirotent le vent d'ouest )
mais également la vigueur, la détermination concise, presque
"abrupte" qui caractérisent les vers contribuent ensemble à camper
une poésie non seulement sensuelle et contemplative
(contemplativement sensuelle ? ) mais encore non exempte de certains
"échos" acérés et/ou violents ( Violence dans la sève; Morsure
de l'espace; [...] le triangle tranchant / Des oiseaux migrateurs...).
L'auteure
possède, sans conteste, l'art de "croquer" des scènes furtives
auxquelles elle ajoute également le talent de conférer une profondeur
singulière. Ne sont-ce pas là quelques uns des buts, des traits essentiels de
toute réelle poésie ?
Ce que l'on
"sent", derrière ces textes, c'est, assurément, une nature passionnée
et sincèrement émerveillée par le fait même d'être vivant, foncièrement ouverte
au monde et attentive à ce qui EST.
L'allégresse,
mieux encore, l'invitation au bonheur en soi, jailli de la seule et toute
simple présence au monde ressemblent, dans ces mots, à une sorte de
"transpiration", décelable partout. Tous les objets méritent de
l'intérêt, par le seul et unique fait d'ÊTRE, et d'ÊTRE LA.
Ce regard-là
est un regard qui scrute les anfractuosités du monde avec délice. Du coup, il
acquiert quasiment le don de renouveler le regard que nous portons sur lui. Voilà qui
est, somme toute, assez rare.
[...] je
crois que le rien n'existe pas, affirme Marie-Lise CORNEILLE.
Et elle finit
- comme de bien entendu - par nous en persuader.
Une poésie qui
fait mouche. Agréable, légère et sûre d'elle. Un univers que, vous l'aurez
deviné, je vous conseille vivement de découvrir.
P. Laranco.
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