AU REVEIL.
L'on se réveille toujours vierge et innocent
dans l'hésitant chuchotis du petit matin.
Une fois hors des nimbes humectés de mucus
et des flottaisons désordonnées du sommeil...
comme déposé sur la grève toute nue,
la page blanche
des premiers commencements
sur lesquels un long souffle d'étonnement
court
on est rené, ressuscité à chaque fois,
empoigné par une surprise spontanée
qui semble une décharge électrique, un éclair,
une étincèle prompte à parcourir les chairs.
L'espace d'un instant très bref, tout est nouveau.
L'on ne reconnait pas
la respiration
du jour aqueux qui chassa l'abyssale nuit.
Avant que les souvenirs fondent sur nos corps
pareils à des escadrilles d'oiseaux moqueurs
et ne nous replantent en un clin d'oeil
le décor
on ouvre d'immenses yeux, hausse le sourcil
telle une absolue proie de la sidération
en regardant passer juste au-dessus de nous
la lente et fluide progression d'une clarté
lisse et sourde sur laquelle
rien n'est écrit,
d'une pénombre sans images et sans mots
à mi chemin entre le vide inconsistant
et tous les possibles qui soudain
se rassemblent.
Patricia Laranco.
Juin 2025.
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