Lundi 12 mai, le journaliste du journal de 19 heures d’Europe 1 a qualifié des militants écologistes radicaux opposés à la consommation de fromage comté de “Khmers verts” (Ecoutez l’emploi du terme dans le journal à 5mn39). Le journal Le Figaro a relayé le même terme dans un post publié sur le réseau social X, lundi. Cette expression, déjà entendue dans certains cercles médiatiques et politiques, est choquante, blessante et indigne. En 2017, l’ancien ministre Eric Woerth, avait même déclaré à propos d’Emmanuel Macron : « Je trouve qu’il a un comportement indigne, un comportement de Khmer.» (https://lepetitjournal.com/cambodge/actualites/actualite-la-bourde-deric-woerth-ne-passe-pas-inapercue-au-cambodge-72519). "Khmers rouges" n’est pas pas une métaphore. L’expression désigne un régime totalitaire criminel responsable de l’un des crimes les plus meurtriers du XXe siècle : entre 1975 et 1979, près de deux millions de personnes ont péri au Cambodge, victimes de purges visant intellectuels, minorités ethniques, religieux, opposants et, souvent, de simples civils – femmes, hommes, enfants. Ce traumatisme collectif hante encore la mémoire des survivants et de leurs descendants, dont un grand nombre vit aujourd’hui en France. Réduire le mot Khmer à un synonyme de radicalisme ou de fanatisme est inapproprié et inacceptable. Le mot "Khmer" désigne avant tout un peuple, une langue, une culture et une civilisation millénaire. C’est le peuple qui a bâti Angkor, joyau du patrimoine mondial, témoignage d’un raffinement artistique, spirituel et scientifique exceptionnel. Employer ce terme à des fins caricaturales ou péjoratives revient à piétiner cette richesse, à heurter une communauté entière, à dénigrer un peuple et à profaner la mémoire de celles et ceux qui ont souffert sous la dictature des Khmers rouges. Ce langage n’est pas anodin. Il banalise la haine. Sur les réseaux sociaux ou dans la rue, des personnes d’origine cambodgienne ou asiatique continuent d’être insultées par des amalgames racistes entre une identité culturelle et une idéologie criminelle. Ce phénomène s’inscrit dans un contexte plus large de résurgence de l’asiaphobie, que de nombreuses associations dénoncent depuis la crise sanitaire. Parce que les mots comptent, parce que la mémoire des victimes exige rigueur, respect et dignité, nous appelons solennellement : - les journalistes et médias à faire preuve de responsabilité et de prudence dans leur choix des mots ;
- les responsables politiques à s’abstenir de toute récupération blessante et confusion malheureuse avec les Khmers rouges ;
- l’ARCOM à rappeler les devoirs déontologiques aux acteurs de l’audiovisuel.
Associations signataires : - Fragmentis Vitae Asia (FVA)
- Jeunes Teochew de France (JTC)
- Banh Mi Média
- Conseil représentatif des associations asiatiques en France (CRAAF)
- BoromeyKhmer
- Asiattitudes Family
- Association bouddhique khmère du Kampuchéa-Krom (ABKKK)
- Association pour le Soutien au Bouddhisme Khmer du Kampuchea Krom (ASBKKK)
- Association des avocats d’origine chinoise
- Union des Asiatiques de France
- Association Ecole khmère de Paris
- Divé+
- Pouma Khmer
- Cinémasio
- Génération Panasiatique
- Association des Journalistes antiracistes et racisé.e.s (AJAR).
Premiers signataires (personnalités) : - Sun-Lay TAN, initiateur du projet Fragments KH50, président de FVA
- Sébastien KONG, réalisateur, porteur du projet Fragments KH50, président de Cinémasio
- Virak THUN, scénariste, porteur du projet Fragments KH50, co-fondateur de FVA
- Linda NGUON, fondatrice et productrice de Banh Mi Média
- Raphal YEM, animateur TV
- Linh Lan DAO, journaliste
- Jérôme COUMET, maire du 13e arrondissement de Paris
- Anthony CHEYLAN, journaliste
- Nicolas DELAUNAY, maire de Lognes
- Valéry VUONG, vice-président du CRAAF
- Daravie PON, vice-présidente de l’ABKKK
- Daniel TRAN, conseiller du 13e arrondissement de Paris
- Olivier CHHU, ingénieur, chef de projet Fragments KH50
- Tay NGUYEN, artiste peintre
- Christophe TEK, Artiste Acteur
- Matthieu MAJOLI, président du centre éducatif de Kep
- Pierre-Marie NAËL, enseignant
- Arnaud HUYNH, président des Jeunes Teochew de France
- Maurice CHAN, coordinateur de cascades, cascadeur
- Sonadie SAN, réalisatrice scénariste
- Veysna ZACARIAS–TITH, président de BoromeyKhmer
- Mélanie HONG, présidente de l’association Asiattitudes Family
- Pitou HOEUNG, présidente de l’association Selepak Khmer
- Mathieu PHENG, réalisateur
- Thérèse, artiste
- Hervé CADET LO, Galeriste
- Denis DO, réalisateur
- Lee DJANE, auteur-interprète
- Noemi DIDU, anthropologue, doctorante, membre du réseau MAF (Migrations asiatiques en France)
- Anne Yvonne, GUILLOU, anthropologue
- Elise ROY, Journaliste
- Catherine NGO, autrice
- Sylvie LI, autrice
- Naran DE LOPEZ, vice-présidente de l’ASBKKK
- Jean-Baptiste PHOU, auteur
- Diana CHAO, créatrice de contenu
- Kai Yan LY, membre du réseau de recherche Migrations asiatiques en France
- Soc LAM, président de l’association des Avocats d’origine chinoise et de l’Union des Asiatiques de France
- Alexia CHAING, directrice artistique du Mémorial KH50
- Judith KHEUM-KHAU, gemmologue
- Alain KHAU, gemmologue
- Emmanuel SANTARROMANA, Doctorant en Science politique
- Simeng WANG, sociologue, chargée de recherche au CNRS
- Visal MEAS, président de l’Ecole khmère de Paris
- Noy CHAN, présidente de l’agence N&A et co-présidente de N&A Cambodia by All Dreams Cambodia
- Leanna CHEA, comédienne
- Ines KHOUN
- Mike NGUYEN VAN LE, acteur
- Anne GBIORCZYK, vice-présidente du conseil départemental de Seine-et-Marne, maire de Bailly-Romainvilliers
- Vincent ÉBLÉ, Sénateur, président du groupe d’amitié France-Cambodge Laos au Sénat
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