vendredi 21 février 2025

Un texte de Gillian GENEVIEVE (île Maurice).

 




Que connais-tu du langage de la
lumière ? Pas grand chose en vérité. N’est-ce-pas ?
Crois-tu qu’elle pose sa première lettre sur l’ardoise du temps, à l’aube alors que le soleil s’extrait de la nuit ?
Crois-tu qu’elle annonce les clameurs du jour au fil des heures alors que nous avons déjà cessé de regarder le ciel ?
Crois-tu qu’elle nous dit la vérité quand à midi, à son apogée, elle nous inonde de sa chaleur et de sa bienveillance ?
Crois-tu qu’elle nous ramène alors sur le droit chemin des mystères quand elle triomphe, pour un instant, dans la torpeur qu’elle nous inflige, de nos risibles prétentions et de nos dérisoires velléités ?
Ou crois-tu que c’est quand, au crépuscule, elle s’apprête à nous laisser seuls face aux limbes et aux ténèbres, qu’elle nous révèle, dans son absence annoncée, la voie du silence, la voie de ce repos éternel qui nous effraie autant qu’il nous envoûte ?
Que crois-tu? Que sais-tu ? Qu’espères-tu ?
Moi, j’ai cessé de me poser la question et je ne cherche plus à valser avec elle.
Je sais pourtant que je ne sais pas grand-chose de ses secrets ; la lumière m’écrase, m’anesthésie, annihile chez moi la possibilité même de la douceur et de la lucidité. Puisqu’elle est tout et que je ne suis pratiquement rien.
Alors, j’ai cherché ailleurs des raisons de danser, des raisons de rire et de pleurer, de courir et de m’arrêter; j’ai cherché ailleurs la lueur qui m’éclairerait, le feu qui me consumerait, le brasier qui me ferait toucher à l’incandescent, cette étincelle qui m’incendierait l’âme.
Oui, j’ai cherché ailleurs ma lumière à moi.
Et je l’ai trouvée un mardi de février. Dans l’après-midi. Il pleuvait. Je n’attendais plus rien.
Puis, tu es arrivée. Tu as fait un pas. Et tu es entrée. Et, pour la première fois, j’ai croisé ton regard.
Tu te souviens ?
Ma lumière, je l’ai alors trouvée dans tes yeux.










Gillian GENEVIEVE.
(Illustration photo : Patricia Laranco).
























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