vendredi 14 février 2025

Un texte de Richard TAILLEFER (France), LA CHAISE.

 




LA CHAISE.






La pauline bloc 13 entrée G, à deux pas du stade vélodrome, là où déborde parfois l'Huveaune les jours d'orage, emportant jusqu'à la mer nos regrets et nos remords d'enfant.
J'ai lâché les bancs de l'école pour une chaise, toujours la même en bas des escaliers de mon quartier.
C'est deat.
La nuit s'étire puis se prolonge, les rêves se perdent face à la rue qui peu à peu me dévore.
Aux aguets sur cette chaise, le regard fixé sur le bitume, je guette l'arrivée des keufs, le cœur en marmelade. Fini les grands frères, on est seul dans la street, solitaire dans cette jungle.
Un frisson dans l'échine, la rafale se rapproche.
Dans les quartiers Nord de Marseille, la vie est un film en noir et blanc, c'est du show-biz. La beuh circule, tourne en rond, silencieuse comme une horloge désarticulée.
Cinquante balles glissées dans la poche, pour ma Madre, mes sœurettes, mon cadet de frère.
Mon daron, sur la Corniche, lui se pavane plein d'oseille. La belle vie. On ne compte pas les morts à la petite cuillère.
Mais ici, ce n'est pas "Dubail". C'est la vraie vie qui cogne, qui fait mal à coups de boule, à coups de kalash.
Demain, c'est mon anniv, treize piges sans éclat. T'inquiète ! Vieillir est un horizon inaccessible. Dans ce monde de brutes où il ne fait pas bon rêver.
Pourtant, j'aime quand ta main dans la mienne
efface le froid des pavés.






Richard TAILLEFER.

























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