Bonjour,
Nous plongeons aujourd’hui dans les spécificités des violences faites aux femmes en milieu rural. Car si les violences au sein du couple touchent tous les milieux sociaux et toutes les zones du territoire, 50% des féminicides ont lieu en milieu rural alors même qu’un tiers seulement de la population y vit.*
La détection des violences, la prise en charge et l’accompagnement des femmes victimes ainsi que leur parcours de sortie des violences sont rendus plus complexes de par le contexte territorial, économique et social.
Plusieurs facteurs expliquent cet écart entre ville et campagne :
La proximité sociale : dans un village, les liens de proximité et de sociabilité sont particulièrement forts, ce qui peut constituer un frein majeur à la dénonciation des violences. Le fait que l’agresseur soit intégré et parfois reconnu localement renforce la difficulté à demander de l’aide et vient s’ajouter à l’emprise déjà exercée dans la sphère privée.
L’isolement géographique : les habitations souvent éloignées les unes des autres, l’absence ou la rareté des transports en commun, ainsi que l’éloignement des proches, limitent considérablement les possibilités de chercher du soutien. Cet isolement favorise le huis clos, accentue l’emprise de l’agresseur et rend plus difficile la détection des violences par l’entourage ou les institutions.
La précarité économique : les inégalités économiques sont plus marquées en milieu rural, où les femmes occupent deux fois plus souvent des emplois précaires que dans les zones urbaines (21% contre 13%**). Cette fragilité économique entretient une dépendance financière vis-à-vis du conjoint violent, réduisant les marges de manœuvre pour quitter le domicile ou engager des démarches de sortie des violences.
L’accès limité aux dispositifs d’aide : dans les territoires ruraux, les dispositifs d’aide sont souvent moins visibles. Dans certaines zones, il existe moins, voire peu d’associations spécialisées à proximité, ce qui limite les possibilités d’accompagnement. Cet éloignement des ressources rend l’accès à l’information plus difficile et contribue à l’isolement des femmes victimes. Seul un quart des appels au 3919 proviennent ainsi des territoires ruraux*.
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